La Catalogne vote sur son indépendance, face à une Espagne qui veut rester unie

Les électeurs de Catalogne vont se prononcer dimanche pour la première fois sur l'indépendance de leur région, malgré l'opposition de Madrid, après l'une des campagnes électorales les plus intenses qu'ait connue l'Espagne post-franquiste.

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Formellement, ce ne sont que des élections régionales destinées à renouveler le parlement de cette industrieuse région de 7,5 millions d'habitants, entre Pyrénées et Méditerranée dans le nord-est de l'Espagne.
Mais les indépendantistes les présentent comme un plébiscite sur l'indépendance et, reconnaissant implicitement l'enjeu, ce sont les leaders nationaux qui ont mené la campagne en Catalogne, à commencer par le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy.

Analyse S. Ratinaud

La figure de proue des séparatistes, le président régional sortant Artur Mas, promet, s'ils l'emportent, de défaire la Catalogne du joug
de la monarchie espagnole en un an et demi à deux ans.

Après un siècle de fâcheries et de tensions plus ou moins vives avec Madrid autour de la langue -- interdite sous la dictature de Francisco Franco (1939-1975)-- et la fiscalité, l'écart s'est brutalement creusé, sur fond de crise.

Un référendum attendu

Furieux de l'invalidation par le Tribunal constitutionnel en 2010 d'une partie du statut d'autonomie de la région, les nationalistes ont réclamé en vain depuis 2012 un référendum d'autodétermination.
Face au refus obstiné du gouvernement de Mariano Rajoy, ils l'organisent indirectement à travers ces élections: s'ils obtiennent une majorité absolue de sièges au parlement régional (68 sur 135), comme le prévoient les sondages, ils promettent de lancer
le processus de sécession, même sans avoir la majorité des voix.

Inquiétude des marchés 

Les banques, grands groupes et marchés s'en inquiètent alors que l'Espagne commence à sortir de la crise, avec 3,3% de croissance prévus en 2015. Sans la Catalogne, le pays serait amputé de 25% de ses exportations, 19% de son PIB, 16% de sa population, d'une culture, d'un morceau d'Espagne depuis sa formation il y a cinq siècles.
"Il faut un vote massif en faveur du bon sens, de la responsabilité", a imploré Mariano Rajoy, dont le parti est largement devancé dans les sondages.
Ses ministres ont joué les Cassandre, annonçant qu'une séparation en ferait un Etat paria et ruiné exclu de l'Union européenne, où le chômage monterait à 37% et les retraites plongeraient de 44%.
Mariano Rajoy a obtenu le soutien d'alliés conservateurs en Europe, dont Angela Merkel et David Cameron, et au-delà, de Barack Obama aux Etats-Unis, qui s'est prononcé pour une Espagne "unie". Vendredi, l'ex-président français Nicolas Sarkozy clôture la campagne avec lui à Barcelone.
En face, les indépendantistes de la coalition "Junts pel Si", alliant des associations, des conservateurs et la gauche républicaine indépendantiste (ERC), opposent du rêve.

20 % d'indépendantistes catalans d'après un sondage

Pour Jose Pablo Ferrandiz, de l'institut de sondages Metroscopia, seuls 20 à 25% des Catalans sont vraiment indépendantistes. Mais un certain nombre souhaite ainsi lancer un "tir de sommation", qui "permettra d'avoir une meilleure position pour négocier" une autonomie renforcée, dit-il.

Beaucoup dépendra de l'après 27 septembre. Artur Mas, dans un entretien avec l'AFP a estimé ainsi qu'une négociation avec Madrid en vue d'un vrai référendum était encore possible s'il n'obtenait pas une majorité des voix.

Beaucoup dépendra aussi du gouvernement issu des prochaines législatives de décembre, où le PP de Mariano Rajoy semble devoir perdre sa majorité absolue.
En attendant, pour le reste des Espagnols, la Catalogne reste une vague préoccupation, très loin derrière le chômage ou l'économie.


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