"Adolescents sans portable" : le mouvement né en Catalogne prend de l'ampleur en Espagne

Chez nos voisins catalans, des parents se mobilisent en faveur d'une "adolescence sans téléphone portable". Le mouvement né à Barcelone dénonce les dangers des smartphones chez les plus jeunes. Le débat est lancé et force est de constater qu'il prend de l'ampleur maintenant dans toute l'Espagne.

C'est devenu la norme en Espagne : dès leur entrée au collège, les enfants reçoivent leur premier smartphone vers l'âge de 12 ans. Une habitude qui devient coutume et que dénonce Elisabeth Garcia, maman de trois enfants. Elle est à l'origine du mouvement "Adolescència lliure de mòbil" qui vise à promouvoir une adolescence sans portable. 

C'est dramatique : quand ils terminent l'école et qu'ils rentrent au collège, à 11 ou 12 ans, le portable devient une évidence pour eux. Mais c'est une blague !? Certains reçoivent des vidéos pornos où des femmes sont victimes de violence!

Elisabet Garcia, ondatrice de "Poblenou Adolescència lliure de mòbil"

Pour Elisabet, mettre un portable dans les mains d'un enfant de 12 ans est aussi dangereux que de lui confier le volant d'une voiture. 

C'est de la folie, ce sont des enfants qui ne sont pas encore prêts, qui n'ont pas eu d'éducation sexuelle. Et nous les parents on n'a pas eu le temps de leur apprendre à utiliser ces appareils.

Elisabet Garcia, fondatrice de "Poblenou Adolescència lliure de mòbils"

Dépendance, harcèlement, baisse d'attention, les spécialistes alertent depuis longtemps sur les risques du portable chez les jeunes.

Je suis thérapeute et je vois beaucoup de familles dont le portable est devenu le principal sujet de conflit. C'est triste de voir un ado enfermé dans sa chambre avec son téléphone. Normalement, c'est l'étape de la vie où on a le plus de relations sociales, où on a envie de sortir, de partager, de découvrir.

Tamara Fernandez, psychologue à Barcelone

Le sujet est devenu un débat national. En peu de temps, le mouvement initié par le petit groupe de parents d'élèves barcelonais s'est répandu comme une trainée de poudre dans toute la péninsule ibérique. De Barcelone à Madrid, du Pays Basque à l'Andalousie en passant par les Îles Baléares.

Soutenus par l'Agence espagnole de protection des données, c'est au tour de l'Ordre des médecins madrilènes de saluer l'engagement de ces parents tout en rappelant les dangers et dommages neurologiques liés aux écrans pour les plus jeunes : "pertes de mémoire, difficulté de compréhension, diminution de la capacité d’attention". Une étude de l'ISERM publiée en août vise à relativiser lesdits dangers en mettant en avant l'importance du contenu et du contexte d'exposition.

Mais plus qu'une interdiction, les parents misent sur un engagement des familles à ne pas offrir de téléphones à leurs enfants avant 16 ans. Olivia, elle, n'en a pas encore. Mais à 12 ans, c'est une exception dans sa classe. 

Je ne veux pas de portable parce que quand je l'aurai, je deviendrai dépendante. Et puis je n'en ai pas encore besoin. Mais parfois, j'aimerais quand même l'avoir parce que les enfants de mon âge l'utilisent et donc je voudrais aussi pouvoir communiquer avec eux.

Olivia Castan Palleres

Les parents veulent donc s'attaquer à cette pression sociale. Mais parfois, ils se sentent démunis.

Pour notre génération de parents, le principal problème c'est qu'on ne maîtrise pas cet outil. On n'a pas vécu ça quand on était jeune. C'est très compliqué de savoir comment le contrôler et comment le gérer. Ce n'est pas tant leur problème que notre problème

Virginia Palleres, mère d'Olivia 12 ans

En parallèle, des manifestations s'organisent pour que les politiques s'emparent du sujet. Un sujet qui forcément, interpelle aussi les adultes, tant le portable est devenu omniprésent dans notre société. 

Écrit en collaboration avec Henry Villetard de Laguérie.

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