Vétérinaire, kiné, dentiste... La ruée vers l'Espagne des étudiants français

Les jeunes bacheliers français sont nombreux à se tourner vers l'Espagne pour suivre leurs études, en particulier ceux qui se préparent à une carrière dans le secteur de la santé. Exemple à l'Université de Vic en Catalogne.

Ils aspirent à devenir dentiste, kinésithérapeute, podologue, vétérinaire, mais aussi architecte ou ingénieur. Ils seraient actuellement près de 106 000 étudiants français en mobilité à l'étranger selon l'Institut statistique de l'Unesco. Un chiffre en constante augmentation, même pendant la période Covid.

À Vic, 70% des étudiants kinés sont français

Classée 7e meilleure université d'Espagne, l'Université de Vic en Catalogne est très prisée des étudiants français. Ils représentent 70% des étudiants en kinésithérapie. Étudiante de première année, Inés, 18 ans, vient de Montpellier dans l'Hérault.

En médecine, il y a des concours à passer et des quotas. A Montpellier comme partout en France, les quotas sont super bas. Je n'ai pas réussi à entrer en section kiné alors je me suis présentée à l'Université de Vic.

Inès Rambaud, étudiante originaire de Montpellier

Même constat pour Adrien 19 ans, originaire de Carcassonne dans l'Aude. Après une année de médecine à Montpellier, il s'est vu refuser l'accès à la formation kiné.

En France, c'est devenu trop compliqué. Par exemple, dans ma promo on était 2 000. À la fin de la première année de médecine, il n'y a que 400 places. Sachant qu'il n'y a qu'une quarantaine de places pour kiné, une centaine pour médecine et dentaire et quelques-unes pour sage-femme et pharmacie.

Adrien Barrod, étudiant originaire de Carcassonne

Pas de quotas en Espagne mais une sélection sans concession 

Sur 600 étudiants en kiné à Vic, 420 Français. Un intérêt grandissant qui s'explique donc par l'absence de quota en Espagne et un cursus proposé en quatre ans au lieu de cinq, pour un enseignement tout aussi complet. Plus focus sur les matières spécifiques, l'État espagnol "saute" la case généraliste dite du Paces en France, la Première année commune aux études de santé.

À Vic, en tout cas, pas de cadeau. Les étudiants sont sélectionnés en fonction de leurs résultats au bac. L'université catalane fête cette année ses 25 ans d'existence. Responsable du département kinésithérapie, Carles Parès se rappelle encore son étonnement il y a dix ans, lorsqu'il a accueilli ses premiers étudiants français. 

Je me souviens que pour la promotion 2009-2010, nous avons eu la surprise de voir se présenter une dizaine d'étudiants français. Ils ont dû être satisfaits de la formation qu'ils ont reçue puisque depuis le nombre d'étudiants français n'a cessé d'augmenter. Sur les 150/160 nouveaux étudiants qui intègrent chaque année le cursus, 70% sont français.

Carles Parés, responsable du département kinésithérapie à UVic

Alors forcément dans la cafétéria, les couloirs et avant le cours, on entend beaucoup parler français mais dès que le cours commence, la langue de Cervantes devient l'unique mode d'échange entre étudiants et professeurs. Plus qu'une contrainte, les étudiants questionnés à ce sujet le voient comme un plus dans leur cursus d'apprentissage.   

Les universités s'adaptent

À chaque début d'année, l'université de Vic propose aux nouveaux étudiants fraîchement débarqués de l'hexagone de bénéficier de plusieurs semaines de soutien linguistique. Accompagnement linguistique donc mais aussi administratif pour faciliter les démarches courantes du quotidien. Face à ce boum tricolore, l'Université a su s'adapter.

Du moment où les étudiants français demandent à venir chez nous, nous les accompagnons sur toutes leurs démarches. C'est très rare qu'il y ait des problèmes d'adaptation. D'autant que depuis quelques années, dans chacun de nos services, il y a une ou deux personnes qui parlent français.

Gemma Delgar, Responsable des Relations Francophones Université de Vic

Aujourd'hui, certaines universités en Catalogne ou en Espagne poussent même la facilité à dispenser les cours dans la langue de Molière. Ce n'est pas la voie qu'a choisie l'université de Vic qui s'inscrit dans un territoire très attaché à ses racines. Très dynamique, l'UVic, université semi-publique est présente chaque année dans les différents salons de l'enseignement supérieur, à Montpellier mais aussi des visites d'information directement dans les lycées de Perpignan très demandeurs de par la proximité géographique à moins de 2H de route.

L'auberge espagnole

Agate et ses amis entament leur 4ème et ils espèrent dernière année de kiné. Une fois dépassée la barrière de la langue, chacun d'entre eux évoluent ici presque comme les autochtones. Séduits à la base par le dépaysement, le soleil, le coût de la vie, un peu la fête aussi pour être honnête, ce qui leur a surtout plu à Vic c'est aussi le rapport à taille humaine dans une ville de 45 000 habitants.

On a tout à taille humaine à Vic. Pour faire les courses, pas besoin d'aller au supermarché, il y a toujours une supérette à proximité. Même quand on habite de l'autre côté de la ville, on n'est jamais loin les uns des autres. Ça nous permet de nous retrouver régulièrement entre étudiants. On s'entraide beaucoup. Et puis, la vie est quand même moins chère ici quand France. On peut sortir plus souvent, aller boire un verre ou manger au restaurant. C'est plus sympa.

Agate Grégorius, étudiante originaire de Perpignan

Quid du logement, une des préoccupations majeure pour les étudiants français et leur famille ? "Pas de quoi stresser" affirme Lisa, élève kiné de 4e année, à Vic, beaucoup de cohabitations façon auberge espagnole.

Il n'y a que des colocs à Vic. On a une application dédiée aux étudiants français, "français de Vic". Quand il y a un appart ou une place qui se libère, une annonce est postée. Il y a beaucoup de solidarité. Et les loyers sont moins chers qu'en France. Pour notre appart de 85m² avec trois chambres, deux salles de bain, une grande cuisine, une terrasse, le tout meublé et en centre-ville, ça nous coûte à trois colocataires 900€, plus les charges, soit environ 350€/mois chacun.

Lisa Alcalde--Guichard - Béziers - étudiante kiné de 4ème année à l'UVic

Avec un coût de la vie de 20 à 30% inférieur à la France, l'Etat espagnol offre une solution non négligeable pour nombre d'étudiants étrangers. Un écart qui se retrouve également dans les frais de scolarité, de 200 à 10.000€ par an selon les régions en France, aux alentours de 6 000€ pour l'Université de Vic. Un coût qui peut toutefois vite grimper lorsqu'on ne valide pas tous les modules de l'année, puisqu'il faut les repayer. Et la facture peut vite s'envoler. De quoi motiver les troupes. Une particularité que Léo, originaire des Pyrénées-Orientales et étudiant de troisième année ressent comme une sorte d'épée de Damoclès au-dessus de sa tête.

On peut le voir comme un avantage ou un inconvénient mais en Espagne, quand on rate une ou deux matières, on peut accéder à l'année suivante en repassant les modules non validés. Mais ils sont payants. Par exemple, des matières importantes comme anatomie ou physiologie, c'est 900€, une petite matière 300€, plus avec une majoration de 10%.

Léo Martinez, étudiant originaire de Villeneuve-de-la-Rivière

Plus de six millions d'étudiants mobiles à travers le monde

Le monde compte près de 6,4 millions d’étudiants mobiles, un niveau jamais atteint auparavant (+32% en cinq ans). Ils font de l’Union européenne leur première destination. La France en attire également un nombre record, plus de 400 000, soit 8% de plus que l’année précédente. Selon les statistiques fournies par Campus France, elle est le sixième pays d'accueil des étudiants internationaux. Pour sa part, la Région Occitanie accueille près de 36.000 étudiants étrangers. Une troisième place sur le podium, derrière les régions Ille-de-France et Auvergne-Rhône Alpes.

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