Le mercredi 18 décembre 2024, le conseil d'administration de l'IEP de Strasbourg a rétabli le partenariat avec l'université Reichman, en Israël. Ce partenariat avait été suspendu fin octobre en raison du positionnement de l'établissement de Tel-Aviv dans le conflit avec le Hamas.
Les liens n'auront été coupés que pendant quelques mois. Le 18 décembre 2024, le conseil d'administration de l'Institut d'études politiques (IEP) de Strasbourg a rétabli son partenariat avec l'université israélienne Reichamn, située au nord de Tel-Aviv.
En juin, ce même conseil d'administration avait voté une motion qui demandait de suspendre les liens de Sciences Po avec l'université israélienne. Ses défenseurs mettaient en avant la position "pro-guerre" de l'établissement et ses liens avec l'armée et les services secrets israéliens, le tout pendant le conflit avec le Hamas.
Depuis, le directeur de l'IEP avait déposé une contre-motion pour permettre le rétablissement de ce partenariat. Un vote devait se tenir le 3 décembre, mais n'a finalement pas eu lieu après que des étudiants sont venus perturber sa tenue.
Ce vote réaffirme la confiance que Sciences Po porte sur l'université Reichman quant à son respect des libertés académiques
Jean-Philippe HeurtinDirecteur de Sciences Po Strasbourg
Le 18 décembre au soir, la contre-motion a finalement été votée. "De facto, le partenariat n'existait plus depuis le 7 octobre. Et la motion proposée en juin n'a eu aucun effet, ni pratique ni juridique, mais seulement un effet symbolique dévastateur pour notre établissement", tient à rappeler le directeur de Sciences Po Jean-Philippe Heurtin.
Et ce dernier de continuer : "Là encore, ce vote est symbolique. Mais il réaffirme la confiance que Sciences Po porte sur l'université Reichman quant à son respect des libertés académiques. Nous avons démontré son indépendance vis-à-vis du gouvernement israélien en convainquant le conseil d'administration."
Cinq enseignants quittent le CA
Cette annonce a par ailleurs déjà provoqué plusieurs réactions dans le corps enseignant de l'établissement strasbourgeois. Opposés au rétablissement du partenariat, cinq des douze enseignants-chercheurs membres du conseil d'administration en ont démissionné. C'est le cas de Vincent Dubois, professeur de sociologie et de science politique.
"Il nous semblait probable que cette contre-motion allait être votée. Mais de mon point de vue, les arguments promus et poussés par la direction sont d'une extrême faiblesse. On ne parle pas de n'importe quelle université israélienne", lance l'enseignant qui dénonce "l'absence de toute argumentation rationnelle" du côté de la direction.
après deux mois d'invectives et de pressions, le conseil d'administration de Sciences Po Strasbourg a rétabli le partenariat avec Reichman. Nous en tirons les conséquences et démissionnons. pic.twitter.com/pUXEpa63Wn
— Vincent Dubois (@VDuboisLuv) December 19, 2024
"On a pris des accusations d'antisémitisme et autres de toute part. Ce sont des polémiques dans lesquelles il n'y a que des coups à prendre", regrette Vincent Dubois. De son côté, Jean-Philppe Heurtin se dit "ni étonné, ni ému" par les démissions des cinq enseignants-chercheurs.
Surtout, le directeur espère que l'épisode du partenariat avec Reichman sera pour de bon évoqué au passé. "Cette affaire nous a fait prendre beaucoup de retard et elle a eu un écho médiatique et politique dont je me serais bien passé ! Je souhaite qu'on passe à autre chose et qu'on s'intéresse aux dossiers plus importants dans l'établissement." De nouvelles élections devraient être prochainement organisées pour remplacer les cinq postes vacants au conseil d'administration.