Des élus de la ville de Strasbourg au ministre des Affaires étrangères, la décision de Sciences Po Strasbourg fait vivement réagir la classe politique. L'IEP a décidé de suspendre son partenariat avec l'université Reichmann en Israël : la motion votée en juin dernier dénonce notamment les prises de position de cette université sur le conflit avec le Hamas.
L'affaire est remontée jusqu'aux oreilles du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. Interrogé ce jeudi 31 octobre par nos confrères de BFM TV/RMC sur la rupture d'un partenariat académique avec l'Université Reichmann à Herzliya en Israël, ce dernier regrette "une décision affligeante", soulignant que l'université se doit d'être "le temple de l'esprit critique".
Ce n'est pas cette université qui bombarde au Liban ou à Gaza. (...) C'est dans les université israéliennes que l'on trouve les plus fervents partisans de la paix et de la solution à deux États
Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères
Soutenue en majorité par des étudiants élus au conseil d'administration de l'Institut d'Études Politiques, la motion, votée en juin dernier, dénonce le "soutien inconditionnel" de l'université israélienne à la guerre en cours entre Israël et le Hamas, et ce "malgré les dizaines de milliers de civils palestiniens tués, les condamnations de la communauté internationale ainsi que les suspicions de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dont font l’objet les dirigeants israéliens qui mènent aujourd’hui cette guerre".
De son côté, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Patrick Hetzel a annoncé sur X (ex-Twitter) qu'il "déplore cette décision adoptée à des fins de prise de position politique par le conseil d’administration d’un établissement public et en désaccord avec la direction de l’établissement".
Levée de boucliers des élus du Grand Est
Franck Leroy, président de la région Grand Est, a dénoncé de son côté une décision "inadmissible", pointant du doigt les représentants étudiants de Sciences Po.
La décision de boycott prise par Sciences Po Strasbourg en juin dernier est inadmissible !
— Franck LEROY (@Franck_LEROY_) October 30, 2024
Les conditions dans lequel cette motion non inscrite à l'ordre du jour, a été votée sont des plus contestables et portent atteinte à la crédibilité même de l'établissement.
Les… https://t.co/YSCf5eAsfD
Dans un communiqué, des élus de l'Eurométropole issus de différents bords politiques, parmi lesquels Pierre Jakubowicz et Catherine Trautmann, font part de leur "indignation". Ils écrivent : "La Ville de Strasbourg doit retrouver sa juste place pour faire respecter les lignes rouges des conditions démocratiques essentielles au débat contradictoire et au vivre ensemble."
Le président du groupe RN de la région Grand Est, Laurent Jacobelli, dénonce quant à lui "les pressions des militants pro Hamas". Dans un communiqué, il affirme que celles-ci "participent d’un climat de haine à l’égard de nos compatriotes de confession juive, [et] doivent être condamnées avec la plus grande fermeté".
La motion de la discorde
La motion votée en conseil d'administration de Sciences Po avait été soumise par la liste Solidarit'Etudiants, qui dispose de huit des dix sièges des représentants étudiants au conseil d'administration. Certains enseignants ont également soutenu cette motion.
Le directeur de l'IEP, Jean-Philippe Heurtin, a expliqué auprès de France 3 Grand Est qu'il désapprouvait cette motion : "Je ne vais pas le cacher, je ne suis pas ravi de ce vote, car je suis contre toute forme de boycott académique d'une institution présente dans un pays démocratique comme l'est Israël."