Le géant de la location d'appartements de tourisme Airbnb était devant les juges ce vendredi 6 septembre, attaqué par un collectif de 26 hôteliers dont deux Catalans pour "distorsion de concurrence". Les professionnels du tourisme réclament aux dirigeants de la plateforme 9,2 millions d'euros.
"Le but n'est pas de gagner des sous en attaquant Airbnb. Ce n’est pas ça le délire mais il fallait y aller".
Et il y est allé. Brice Sannac, hôtelier dans les Pyrénées-Orientales fait partie des deux Catalans et des 26 hôteliers à travers toute la France à mettre Airbnb devant ses responsabilités. Les professionnels du tourisme dénoncent des problèmes de sécurité et plusieurs manquements notamment en ce qui concerne le paiement de la taxe de séjour.
Ils ont contourné la loi. On a apporté toutes les preuves. Ils ont fraudé, ils ont délibérément détourné de l'impôt, la taxe de séjour, qui devait revenir à la France et pour ça, on espère qu'ils vont être condamnés. On est optimiste.
Brice Sannac, Hôtelier dans les Pyrénées-Orientales et Pdt de l'UMIH 66
Dans un communiqué transmis par le contact presse France, Airbnb déclare, quant à lui, respecter toutes obligations légales.
Cette assignation s’inscrit dans une longue série d’actions infructueuses intentées ces dernières années par des lobbies hôteliers à l’encontre de Français souhaitant louer leur logement sur notre plateforme. Airbnb permet chaque année à des centaines de milliers de familles françaises qui souhaitent visiter le pays de séjourner au sein d’une alternative abordable à l'hôtel.
Airbnb
Après une première amende en 2023, la plateforme était à nouveau lourdement sanctionnée en avril 2024 par le Tribunal judiciaire de La Rochelle pour entorses répétées concernant la collecte de la taxe de séjour sur l'Ile d'Oléron. Airbnb a été condamné à verser la somme de 1.385.000 euros à la Communauté de communes insulaire.
Annonces illicites, des résidences principales louées plus de 120 jours par an, ce qui interdit par la loi, des locations qui serviraient de plante pour des revendeurs de drogue ou des appartements utilisés pour la prostitution... les motifs accablant le leader mondial de la location d'appartements de tourisme sur internet fusent de toutes parts. Le collectif d'hôteliers réclame aujourd'hui 9,2 millions d'euros à Airbnb pour " distorsion de concurrence". L'audience se tenait ce vendredi 6 septembre au tribunal de commerce de Lisieux dans le Calvados.
Brice Sannac est la cinquième génération d'hôteliers de sa famille sur la Côte Vermeille. "Nous, on paye nos taxes de séjour, on est des contribuables responsables. On participe au développement économique et d'aménagement de nos communes. Tous les ans, je paie 30-40.000 euros à mes communes en taxe de séjour". À l’égard du géant américain, il ne décolère pas.
Encore une fois, cet été, on a vu tout le mal que peut faire Airbnb à nos stations. C'est vraiment un cancer pour nos villes touristiques. Et surtout, l'élément qu'ils opposent de dire qu'ils apportent du pouvoir d'achat aux Français, c'est un mensonge sans nom, étant donné qu'ils privent beaucoup de français qui habitent dans des zones touristiques de logements. Donc ils enlèvent du pouvoir d'achat aux habitants des zones touristiques.
Brice Sannac, Hôtelier dans les Pyrénées-Orientales et Pdt de l'UMIH 66
Mais à ce sujet encore, les points de vue divergent car, selon Airbnb "la loi française autorise les Français à louer leur logement en courte durée, et Airbnb se conforme à ses obligations, telles que le partage de données sur l’activité des hôtes avec les autorités, ou la collecte et le reversement de la taxe de séjour. Tandis que ce lobby hôtelier s’évertue à défendre des arguments contraires aux droits français et européen, Airbnb a permis à de nombreuses familles de gagner environ 3 800 euros en moyenne, et aux communes de percevoir 187 millions d'euros de taxe de séjour, sur la seule année 2023."
En parallèle du combat que mènent les professionnels du tourisme à Paris avec le nouveau gouvernement pour reconnaître la concurrence déloyale, c'est donc une nouvelle bataille juridique qui s'annonce à l'encontre du géant américain qui envisage à son tour des poursuites judiciaires s’il s’avère que cette nouvelle action en justice nuit à l’activité d'Airbnb ou à la capacité des hôtes français de louer leur bien.