Dans le sillage du marché florissant des locations saisonnières, principalement via la plateforme Airbnb, les conciergeries jouent un rôle important dans un secteur en pleine expansion. Pour certains, c'est même l'occasion de changer de vie.
Augmenter son salaire et améliorer son confort de vie... Le couple Brahimi a réussi à faire ce dont des milliers de Français rêvent, en se mettant à leur compte. Une démarche audacieuse, pour laquelle il a fallu mettre la main à la pâte. Chaque semaine, depuis deux ans, Enzo Brahimi et son épouse, trentenaires, s'occupent d'une quinzaine d'appartements chacun.
Des biens en location saisonnière Airbnb, dans lesquels ils font principalement le ménage, changent et lavent le linge. "On a l'image du ménage comme un travail dur, que personne ne veut effectuer, assure Enzo Brahimi. Il y a de plus en plus de demandes, mais de moins en moins de personnes sont prêtes à le faire."
En plus du ménage, le couple gère également l'entrée et la sortie de certains voyageurs, et réapprovisionne les placards des produits de première nécessité. Un travail solitaire, d'auto-entrepreneur, qui demande une véritable "organisation et logistique", assure-t-il.
Changer de vie
Pas question de gérer les annonces du site ou du SAV pour le couple Brahimi : ils insistent, ils ne sont pas une conciergerie. Ce sont elles qui font appel à eux, en plus des particuliers, mais de leur côté, ils préfèrent commencer "par le plus dur, par le cœur du métier, sans brûler les étapes".
Si leurs journées débutent à 9h, elles se terminent en moyenne vers 15h, et jamais après 17h. Un rythme de vie drastiquement opposé à celui qu'ils avaient avant. Enzo Brahimi travaillait dans la restauration, et gagnait entre 1 500 et 2 000 euros par mois, pour un volume horaire bien plus conséquent. Aujourd'hui, son salaire et celui de sa femme leur permettent de vivre avec environ 6 000 euros par mois. Avec une "charge mentale améliorée, une meilleure hygiène de vie et plus de temps pour nos trois enfants", souligne-t-il.
Il l'assure, le couple répond à un besoin grandissant des propriétaires. "On n'a même pas besoin de faire de publicité, tant la demande est forte, déclare le père de famille. Actuellement, on ne fait que refuser des clients, puisqu'on a déjà une quarantaine de logements qui font appel à nos services."
Un marché exponentiel
Une forte demande, qui s'illustre par le nombre croissant de logement saisonnier, au détriment des logements classiques. À Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénes), on compte plus de 1 000 offres de locations à courtes durées, selon les chiffres du site AirDNA. Dont presque 400 en Airbnb, selon Véronique de Condé, gérante de la conciergerie 2BLucky.
L'activité de conciergerie connaît tellement de succès, que l'entreprise Airbnb a elle-même racheté une start-up française, Luckey, et développé des partenariats locaux qui offrent des contrats d'exclusivité avec la plateforme. Véronique Condé est l'une de ses partenaires, et gère aujourd'hui seize appartements. Elle propose un service complet, pour 20% de la recette des propriétaires.
Elle évoque la "pression" qu'exerce Airbnb, qui réclame des notes égales ou supérieures à 4,6, sur le site, ce qui la pousse à "proposer la meilleure qualité de service possible." Photos, annonces, prise de contact... Véronique de Condé s'occupe de tout, pour une charge de travail "énorme" et souvent tardive, tout en ayant un statut d'indépendante.
Un danger pour le marché conventionnel
L'été 2023, les tarifs des locations saisonnières, en France, ont grimpé de 4,9%, selon le site PHP Vacances. Ce qui n'empêche pas les locations conventionnelles, elles aussi, de voir leur prix augmenter.
En décembre 2023, une proposition de loi transpartisane avait commencé à être examinée à l'Assemblée nationale. Le texte visait à réguler les meublés touristiques de type Airbnb, accusés de nuire à la location de longue durée.