Dans la principauté d'Andorre, le projet de construction d'un aéroport international est loin de faire l'unanimité. Les défenseurs de l'environnement dénoncent une aberration écologique.
Présenté le 16 mars dernier, par la CCI de la principauté d'Andorre, ce projet de construction d'un aéroport international provoque de vives réactions parmi les défenseurs de l'environnement des deux côtés de la frontière franco-andorrane. "C'est démentiel. Ce projet est une aberation alors que le modèle économique de la montagne est entrain de s'écrouler. On le voit avec cette crise de la covid et le changement climatique." s'étonne Marc Maillet, le président de FRENE 66, la fédération pour les espaces naturels et l'environnement des Pyrénées-Orientales.
Andorre est un paradis fiscal. Alors dépenser 350 millions d'euros pour un état de 75 000 habitants semble suspect.
On ne va pas bétoniser la montagne
Coté andorran, l'association de protection des animaux, des plantes et de l'environnement (APAPMA) ne voit pas la nécessité de construire un aéroport "Il y a déjà ceux de Toulouse et de Barcelone entre 2 et 3 heures de voiture d'ici.. De plus, on a celui de la Seu d'Urgell certes plus petit mais qui accueille des avions à hélices. Cela suffit. On ne va pas bétoniser la montagne et détruire la flore et certaines espèces animales rares comme le grand Tétras. Je ne vois pas où est la priorité dans ce projet" souligne Carles Iriarte le président de APAPMA.
La construction est prévue au Grau Roig tout près du Pas de la Case, à 2.000 mètres d'altitude à seulement trois kilomètres du Parc Naturel Régional des Pyrénées catalanes. "C'est hallucinant. Il faut imaginer l'impact sur les éco-systèmes. Il y a déjà toutes les stations de ski. Alors une piste d'atterrissage, cela achève le patrimoine naturel de ce secteur des Pyrénées" lance David Berrué, ce guide d'escalade a rejoint il y a peu EELV, il est devenu le porte-parole pour la Cergagne et le Conflent.
C'est une folie d'aménagement. Faire venir de riches touristes du Quatar ou de Russie, c'est une fois de plus les encourager à encore plus polluer. Je ne veux pas faire de l'anti-riches primaire mais c'est toujours la même frange de la population qui a la plus forte empreinte carbone.
Un projet "irresponsable" ?
Le secrétaire départemental de EELV 66, Nicolas Bergeron, parle d'irresponsabilité écologique : "Ce n'est pas sérieux de la part d'un Etat face aux enjeux climatiques de la planète. Et on veut continuer de construire des infrastructures aberrantes. Qui peut prédire qu'il n'y aura plus de pandémie dans les années à venir ? Le trafic aérien serait comme maintenant presque paralysé. Et puis en Andorre, il n'y a pas que la clope et le pastis. Il y a un patrimoine naturel et historique qui doit être préserver."
La vice-présidente de la Région Occitanie chargée de la Transition Energétique, Agnès Langevine s'étonne elle aussi d'un tel projet qui n'est pas dans l'air du temps. "Le danger d'un tel aéroport est de drainer un tourisme de masse. Dans ce secteur des Pyrénées, il faut réguler au contraire les flux dans le respect d'un développement durable".
La nature est un atout pour la Principauté. Il faut seulement améliorer l'accés terrestre. Le train est le mode le plus doux le moins polluant et le plus d'avenir. Ce qui limite l'empreinte écologique.
Pour l'heure, les porteurs du projet de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Andorre n'ont pas encore présenté le rapport sur l'étude d'impact environnemental. De leur coté, les opposants ont l'intention de créer un "collectif transfrontalier anti-aéroport andorran" avec l'appui des écologistes de Puigcerda.
Les responsables politiques ont également été interpellés jusqu'au co-Prince d'Andorre, Emmanuel Macron, qui a mis fin en 2018 au projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes.