Jonathan et sa compagne Rachel ont vécu les attentats du 11 septembre 2001 à New-York. Quelques années après ils décident de partir vivre à Trouillas dans les Pyrénées-Orientales et d’y cultiver la vigne. Un changement de vie nécessaire pour se reconstruire.
Le 11 septembre 2001 a brisé des vies. Certains ont vécu ce traumatisme comme un coup de semonce pour changer de vie. C'est le cas d'un couple de vignerons installé à Trouillas dans les Pyrénées-Orientales depuis 15 ans. D'origine britannique et new-zélandaise, Jonathan et sa compagne Rachel vivaient à New-York et travaillaient dans l'informatique à deux pas du World Trade center. Le 11 septembre est pour eux un vieux et douloureux souvenir mais aussi l'événement qui a changé leur vie.
Le jour où tout a changé
Septembre 2021, Jonathan a un œil rivé sur le ciel l'autre sur la mesure du degré de sa récolte. Son quotidien ressemble à celui de tout vigneron en ce mois de septembre. Un quotidien au grand air, seul au milieu de ses vignes que cet ancien informaticien d'une banque new-yorkaise était loin d'imaginer avant le 11 septembre 2001 : « Il y a 20 ans j’étais informaticien et j’imaginais que ça c’était mon avenir. Je voulais continuer, mon travail n’était pas désagréable et ça payait bien. Si le 11 septembre n’était jamais arrivé, je ne sais pas si j’aurais continué ou non. Cet événement a tout changé. J’ai une certaine gratitude aujourd’hui, je ne dis pas c’est à cause de ça mais pour moi c’est grâce à ça que je suis ici à Trouillas dans les vignes avec ma famille. »
Car Jonathan et Rachel ont décidé de changer de vie, fuir les métropoles, et créer un domaine viticole après le traumatisme du 11 septembre qu'ils ont vécu de très près. Jonathan, assiste au premier impact sur le chemin de son bureau à deux pas des tours jumelles : "Nous habitions à 500 mètres du World Trate Center. Mon bureau était en face, donc pour nous les tours jumelles c’était une partie de notre vie. Nous avons mangé dans les tours, nous avons pris des cocktails au 110ème étage. Ce matin-là, j’étais en train d’aller au travail. Je me promenais comme chaque jour dans le parc pour aller au bureau. Et j’ai vu le premier avion qui a touché la première tour juste avant 9 heures du matin. A ce moment-là, j’ai vu la grosse boule de feu et je me suis dit c’est quoi ça, c’est un petit avion ou un avion militaire qui a touché les tours ? Est-ce que c’est possible que les tours tombent ? Au début je me suis dit probablement pas."
Le traumatisme
Mais Jonathan et sa compagne sont loin d’imaginer ce qu’ils se passent sous leurs yeux.
Dans ma tête je me disais que ce n’était pas trop grave encore, je ne pensais pas que les tours allaient tomber. Je me suis dit je vais continuer mon travail. Et à ce moment, l’autre avion est venu de l’autre côté pour attaquer la deuxième tour. Et c’est là que nous avons compris que ce n’était pas un accident mais une attaque.
Avant de poursuivre, " le trauma n’est pas arrivé tout de suite. C’est un peu comme si nous étions dans un film d’action, pour nous ce n’était pas réel. Nous avons vu les choses se passer mais à ce moment-là c’était de savoir comment on pouvait se protéger. Le trauma est arrivé quelques jours après."
Des images gravées à jamais
Quelques photos dans l'album de famille sont là pour rappeler le chaos: les amis injoignables, un appartement à Manhattan inaccessible et un bébé de 10 mois à mettre à l'abri.
Le stress que l’on a enduré au moment du 11 septembre je m’en souviens avec précision et quand je regarde les photos le stress remonte immédiatement.
Des images qu'ils évitent de regarder en boucle à la télé à chaque date anniversaire. Le 11septembre reste profondément inscrit dans leur histoire mais la date est aujourd'hui celle des vendanges plus que celle de la commémoration d'un souvenir douloureux.