Le village de Villefranche de Conflent ne compte plus que 210 habitants contrairement aux 700 il y a quelques années. Des commerces ferment, certains citoyens ont déménagé. Continuer à faire vivre ce village classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, c’est le défi que s’est lancé le maire. Pour attirer de nouveaux investisseurs le premier élu de la commune lance une initiative.
Niché entre Prades et Font Romeu, au cœur des fortifications de Vauban se trouve le village de Villefranche de Conflent. Quelques touristes ont bravé la pluie pour venir découvrir la commune labellisée Plus beau village de France depuis 2003.
Lorsque l’on déambule dans les rues, les vitrines des commerces ou les portes des maisons affichent des pancartes "à vendre". Comme la maison de cette ancienne artisane, Florence Bouvier. La jeune retraitée a choisi de partir il y a deux ans, après avoir eu un coup de cœur pour la cité médiévale avec son conjoint, vingt ans auparavant. Elle a donc saisi l’opportunité de la mairie pour mettre en vente sa maison et son commerce.
On a eu envie de quitter le village pour vivre autre chose. Depuis un an la maison est en vente mais on espère que des investisseurs souhaiteront venir vivre dans ce village. L’initiative du maire est importante pour retrouver une nouvelle génération d’artisans ou habitants qui souhaitent s’investir dans le village.
Florence Bouviercommerçante retraitée
"Ne pas devenir une ville-musée"
Pour lancer cette opération, le maire est parti d’un triste constat : 50% des logements sont vides. Alors, accompagné d’un étudiant en tourisme il prend une initiative : un système d’annonces pour mettre en relations vendeurs et acheteurs à échelle nationale.
Son seul objectif : continuer à faire vivre son village. "J’ai la passion de Villefranche, explique Patrick Lecroq. La population diminue, on a déjà eu près de 700 habitants. On ne veut pas devenir une ville-musée mais bien au contraire, un lieu où il y a du monde et de l’animation. C’est pour cela qu’il faut faire revenir des gens."
Aujourd’hui, il est très facile de publier son annonce de vente à travers des sites spécialisés ou des agences immobilières, mais ce n’est pas suffisant pour l’édile.
"Les agences immobilières font des petites informations bateau. Nous, on a rédigé une plaquette avec tous les points positifs de Villefranche : il fait bon vivre, c'est accueillant, touristique. C'est un endroit qui a du potentiel. Donc on va diffuser les annonces sur le site des plus beaux villages de France, le réseau Vauban ou celui de la mairie par exemple. C’est une expérience novatrice, car on rayonne jusqu’au niveau national."
Douceur de vivre au pied des montagnes
Dans les rues pavées de la ville, se trouve un vendeur de miel. Son échoppe à ses portes grandes ouvertes et accueille avec un grand sourire le groupe de touristes allemands. Ce commerçant fraîchement installé salue l’initiative municipale et vante la qualité de vie dans la commune.
"En tant que professionnel, il y a des touristes toute l’année ce qui est un vrai plus. Personnellement, j’ai été très touché par l’accueil des Villefranchois, confie Laurent Cordebard. Je suis invité à de nombreux événements ce qui aide énormément à l’intégration au sein de la cité. Enfin, vivre intra-muros, dans ces fortifications c’est une vraie expérience de vie !"
Tout à coup, une dame âgée avance d’un pas rapide. Sourire aux lèvres, elle salue le maire. Il s’empresse de la présenter. "C’est Yvonne, la doyenne du village !"
A 96 ans, la retraitée est née, a grandi et souhaite terminer ses jours dans cette commune.
Lorsque je partais… Je m’ennuyais du village ! s'exclame-t-elle. Une partie de mon cœur est ici. Si des gens veulent venir vivre ici, je leur dirais que l’on est très bien. On est pas loin de la montagne, de la mer, dans le village, il y a une bonne ambiance.
Yvonne, 96 ansHabitante de Villefranche-de-Conflent
Vraie mémoire vivante de la cité, elle explique cette baisse démographique par "les nouveaux lotissements à Prades ou encore la fin de la de l’activité économique de la mine."
À la sortie du village, il est impératif d’aller à la rencontre de Joël Mené. Grand sourire, il rit et blague à chaque instant. Le propriétaire du bar-restaurant Le Canigou, est une autre mémoire de la ville.
Sa famille tient le commerce depuis plus de 60 ans et lui depuis près de trente ans. Il n’envisage pas un seul instant quitter ces lieux car "c’est ma zone de confort. Pour la garder j’ai dû me battre. J’emploie cinq personnes. Nous sommes ouverts 365 jours par an, même les jours qui ne sont pas rentables. On est un vrai service public !"
Avec 800 000 visiteurs par an, Villefranche-de-Conflent séduit des touristes toute l’année. Parmi eux, certains choisiront peut-être de poser leurs valises dans ce plus beau village de France.