Anne-Leïla Meistertzheim, chercheuse du Laboratoire d’Océanographie Microbienne de Banyuls-sur-Mer, étudie la biodégradabilité et la toxicité des plastiques en mer et est aussi membre de l'expédition Tara "Mission Microplastiques" qui fait escale ce weekend dans la station balnéaire catalane.
Elle n'a que 39 ans et fait déjà référence dans son domaine de recherche : l'impact des plastiques sur les organismes marins. Anne-Leïla Meistertzheim, docteur en en biologie marine au Laboratoire d'océanographie microbienne (LOMIC) de Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), a décidé de s'embarquer à bord de la goélette de la fondation scientifique Tara pour aller plus loin dans ses découvertes.
Etudier l'impact des plastiques sur la biodiversité marine
Pour cette "Mission Microplastiques", l'équipage de scientifiques ont placé dans l'eau de 10 fleuves d'Europe des nasses en mer, à la sortie de l’estuaire, ainsi qu’en amont et en aval d’une ville importante à forte population, contenant 5 types de plastiques d'origine connue et des moules. Le groupe est parti un mois avant le départ du bateau pour les positionner. Il s'agit maintenant de les récupérer. Anne-Leïla Meistertzheim coordonne cette partie de la mission :
Je serai sur le bateau, pour la récupération des nasses et l'échantillonnage de l'eau. Il s'agit de pouvoir suivre l'évolution de la biodiversité qui se coller aux plastiques, pour pouvoir identifier ces organismes végétaux ou animaux. Les moules, elles, servent de bio-indicateurs de la pollution aux microplastiques.
Jusqu'à 300 microplastiques dans une portion de moule
Car ces coquillages filtrent jusqu'à 25 litres d'eau par jour et des études ont montré, dans le Nord de la France et aux Pays-Bas, qu'on pouvait retrouver jusqu'à 300 microplastiques dans une seule portion de moule. Le rôle potentiellement filtreur des moules, c'est l'un des domaines d'études de la scientifique catalane. A Banyuls-sur-Mer, elle a co-fondé la start-up Plastic at Sea avec Jean-François Ghiglione. Leur société propose notamment aux industriels de tester la toxicité et la biodégradabilité de leurs plastiques.
2050 : autant de plastiques que de poissons
Jean-François Ghiglione, qui est aussi le directeur scientifique de cette "Mission Microplastique" de la fondation Tara, explique que les plastiques charriés par les fleuves sont la cause de la pollution des mers :
L'un des objectifs est de quantifier les plastiques en mer, sous quelles formes ils sont, pour identifier la source de cette pollution et regarder leurs effets sur la biodiversité. Les prédictions pour 2050 sont catastrophiques : on considère qu'on aura, en masse, autant de poissons que de microplastiques !
Science et prise de conscience
Construite pour l'explorateur Jean-Louis Etienne, dernier bateau du navigateur Peter Blake, Tara est une goélette de légende qui fait escale ces jours-ci à Banyuls-sur-Mer. Ce voilier scientifique est destiné à la recherche, mais aussi à nous faire prendre conscience de la pollution, notamment de ces microplastiques que l'on retrouve partout, y compris dans notre propre alimentation.
Aider à trouver des solutions
La fondation Tara aide aussi à la recherche de solutions alternatives, notamment le plastique biodégradable et au changement d'attitude des consommateurs. Elle espère impulser une réelle volonté politique d'agir.
L'engagement de Banyuls
Et dans le cas de Banyuls, ça marche : le laboratoire Arago et l'Université de Perpignan coordonnent la mission scientifique de la Fondation Tara et la commune s'est engagée à dire "stop" à une pollution qui fait un peu plus chaque jour de la Méditerranée la mer la plus polluée du globe.