Depuis le début de l’épidémie, le coronavirus impacte durement la communauté gitane sédentarisée de Perpignan, la plus importante de France. Plusieurs décès se sont produits dans cette communauté. Tous les personnels de santé sont mobilisés.
C’est une course contre la montre. Le médecin généraliste du quartier Saint-Jacques à Perpignan où vivent notamment les gitans, a posté une vidéo sur les réseaux sociaux pour alerter sa patientèle: «le coronavirus est particulièrement implanté dans le quartier, le confinement est absolument nécessaire, absolument nécessaire…». Le Dr François Olivet martèle le message à 4 reprises.
Vidéos et réseaux sociaux passent le message de prévention
Cette vidéo est relayée sur la page Facebook de l’association Le Fil à Métisser qui travaille au sein de la communauté gitane depuis 2012. Cette association qui compte dans ses rangs des psychologues et infirmières, est devenue depuis le début de l’épidémie, une passerelle entre la communauté gitane et les services de soins hospitaliers notamment.
L’hôpital nous a contactés le 18 et le 21 mars et nous avons créé une hotline*. Nous sommes à l’écoute des habitants du quartier pour répondre aux questions sur les gestes barrières et la maladie, explique Marion Hullo, psychologue.
Cette hotline* fonctionne 7 jours sur 7 de 10h à 22h et reçoit une vingtaine d’appels par jour.
La communauté gitane a besoin d'écoute, d'accompagnement et de solidarité.
Besoin d'écoute et d'accompagnement
En plus de la hotline, tous les soirs à 21h30, un groupe de paroles animé par une psychologue de l’association se connecte sur Snapchat et échange avec les gitans, «ils ont besoin d’être écoutés, accompagnés et orientés» ajoute Marion Hullo.
L’équipe de l’association a également posé des affichettes dans différents quartiers de la ville où sont inscrits les adresses et les numéros de téléphone pour s’informer sur la maladie.
Depuis qu’un centre Covid-19 a ouvert au collège Jean Moulin proche du quartier St Jacques, les femmes, les hommes et les enfants vont plus facilement consulter.
Mais le constat est là. Depuis le début de l’épidémie, la communauté compte plusieurs décès et de nombreuses hospitalisations.
Le Dr Hugues Aumaitre, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital, a également enregistré une vidéo avec le Dr François Olivet. Ces médecins expliquent à deux voix, les conditions d’hospitalisation des patients et avec quels médicaments ils sont soignés notamment le Plaquénil.
3 vidéos ont déjà été réalisées et sont diffusées à l’attention de la communauté gitane.
Ce travail d’informations audiovisuelles sur les réseaux sociaux est essentiel pour une communauté dont certains membres ne savent ni lire ni écrire.
Le danger de la stigmatisation
Ramounet Valls l’affirme, les gitans respectent le confinement et les gestes barrières « tout simplement parce qu’ils ont peur ». Pour cet avocat installé à Perpignan et issu de la communauté gitane, "cette épidémie frappe tout le monde, pas que les gitans, je voudrais que l’on arrête de les stigmatiser ".
La contagion de la communauté viendrait, selon lui, du rassemblement évangélique de Mulhouse du 17 au 24 février dernier, où plusieurs pasteurs étaient présents. Ces pasteurs ont par la suite visité les églises évangéliques dont celles de Perpignan.
Les conséquences sont dévastatrices, et je vois dans les commentaires de certains internautes ressurgir ce racisme anti-gitans. Il ne faudrait pas qu’à l’issue de tout cela, on traite les gitans comme des pestiférés. Le coronavirus touche le monde entier et tue des personnes issues de toutes catégories sociales, conclue Ramounet Valls, avocat perpignanais issu de la communauté gitane.
« Le Fil à Métisser » met à disposition le numéro 06 58 88 52 64 pour répondre aux questions de ceux qui le souhaitent sur la prévention de l'épidémie de coronavirus.