Incendie près d'un camping : que faire des roseaux qui avaient favorisé la propagation des flammes, la question divise gérants et écologistes

Lutte contre les incendies ou défense de la biodiversité, le débat est engagé à Canet-en-Roussillon, dix jours après qu'un feu en bordure de l'étang, a ravagé deux hectares de roseaux et provoqué l'évacuation en pleine nuit d'un camping.

La nature reprend déjà ses droits au bord de l'étang de Canet (Pyrénées-Orientales). Une bonne nouvelle qui signifie cependant que dès le printemps prochain, les risques d'incendie seront donc dans ce secteur toujours les mêmes.

Le 19 août dernier, un feu a ravagé deux hectares de roseaux et contraint le camping voisin Le Mar Estang à évacuer en pleine nuit ses 3000 vacanciers.

Bilan humain, onze blessés légers dont deux sapeurs-pompiers. Quant aux dégâts matériels, le Mar Estang déplore la perte d'un mobile-home complètement détruit par les flammes et six autres endommagés, une caravane a également brûlé ainsi que trois véhicules.

Une expérience qui a choqué la direction de l'établissement qui réclame aujourd'hui le droit d'entretenir les abords du camping.

J'ai obtenu la réponse du Conservatoire du Littoral. Il serait d'accord pour que nous collaborions en entretenant annuellement les abords de l'étang. Nous ne toucherions pas la végétation au sol, uniquement retirer la partie sèche de certains secteurs.

Marta Autié, Directrice du camping Le Mar Estang à Canet-en-Roussillon

Le problème, c'est que nous sommes ici dans une zone Natura 2000, un secteur fragile et protégé, précieux pour la biodiversité. Le site abrite de nombreuses espèces d'oiseaux comme le martin-pêcheur, ou l'aigrette garzette, des insectes, des libellules... La polémique est donc déjà lancée.

Pour la Ligue de Protection des Oiseaux des Pyrénées-Orientales, pas question de toucher à la végétation de bord de rive et notamment aux roseaux. Une zone spéciale de conservation qui bénéficie d'une haute protection.

C'est véritablement un patrimoine de faune et de flore. Toucher au roseaux, alors que cet étang subit déjà des tas d'agressions : le sur-tourisme, la pression humaine, le piétinement et également toutes les espèces de plantes invasives. On ne peut pas se permettre de dégarnir la rive de cet étang.

Rossano Pulpito, Président Ligue de Protection des Oiseaux 66

Du côté du camping, la direction insiste que le fait que le cadre naturel de l'établissement fait partie intégrante de son charme et qu'il n'est pas question de créer tout autour une zone tampon de terrains vagues. Ce vendredi, la direction devait rencontrer le maire de Canet-en-Roussillon afin de discuter de la situation.

Écrit en collaboration avec Philippe Georget.