Quelques jours après la mort de l'enseignant Samuel Paty, FO Pénitentiaire et l'UFAP-UNSA ont alerté la direction de l’établissement après qu’un détenu a menacé de décapiter des agents. La présence de détenus condamnés pour terrorisme islamiste les inquiètent également.
Menacés d'être décapités pour avoir refusé de faire passer du tabac : c'est ce qu'ont entendu deux surveillants pénitentiaires de Perpignan.
Quelques jours après l'horrible meurtre de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie décapité à Conflans-Sainte-Honorine en région parisienne par un jeune tchéchéne radicalisé, ces menaces résonnent de manière on ne peut plus sinistre.
Le détenu en cause âgé de 42 ans, a déjà été condamné pour "menaces" et "harcèlement". Au moment où il a proféré ces paroles glaçantes, il purgeait une sanction disciplinaire pour bagarre avec des détenus, refus de se soumettre à une mesure de sécurité et trafic.
Placé en garde à vue, l'homme a comparu dès lundi pour "menaces de mort sur personnel dépositaire de l'autoritaire publique" et a écopé de 8 mois de prison supplémentaires.
Qu'il ait dit ça pour faire peur ou qu'il soit radicalisé, pour nous le résultat est le même : ce sont des propos qui ne doivent pas être tenus ! Il est hors de question que l'on laisse passer ça. C'est à la justice de s'en saisir et après, à notre administration.
Inquiétude pour les mineurs isolés
La présence depuis quelques mois de deux détenus condamnés pour " association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte terroriste" inquiète également les agents. Ils redoutent que leur cohabitation avec quatre jeunes mineurs isolés dans un même quartier disciplinaire ait une influence néfaste.
Les représentants syndicaux réclament la création de quartiers étanches et demandent à leur direction de rester très vigilante sur la manière de gérer les détenus radicalisés, dits terroristes islamistes.
Pression religieuse dans une prison sur-peuplée
Pour Maître Gérald Brivet-Gallaup, avocat au barreau des Pyrénées-Orientales dont plusieurs clients sont incarcérés à Perpignan, la religion prend de plus en plus de place entre les murs de la prison." Il y a de fait une pression qui est organisée par certains détenus. J'ai un exemple en mémoire : celui d'un de mes clients, qui est chrétien en l'occurrence et qui porte une petite croix. Il m'a dit devoir la cacher pour éviter les menaces."
Qu'il y ait une pression de nature religieuse à la prison de Perpignan, cela ne m'étonne pas.
Le syndicat FO pénitentiaire souligne que plus de 300 personnes sont détenues à Perpignan alors que ce centre pénitentiaire ne compte que 122 places officielles. Au moins 76 détenus dorment sur un matelas au sol.
Quant au quartier des mineurs, il héberge régulièrement des jeunes de moins de 18 ans non accompagnés, des détenus fragiles mentalement ou immatures qui pourraient se trouver manipulés, voire enrôlés par des détenus mal intentionnés, dénonce le syndicat.
La construction d'un second centre pénitentiaire est prévue au nord de la ville, à l'horizon 2026.