Quatre-vingts personnes ont bloqué ce vendredi matin le péage du Boulou, dans les Pyrénées-Orientales. Les manifestants dénoncent les actions militaires menées par l'Azerbaïdjan, et soutenues par la Turquie, au Haut-Karabakh, une province principalement peuplée par la communauté arménienne.
"On sera solidaire jusqu'au bout. On fera tout ce qu'il faudra pour l'Arménie." Ce vendredi matin, Mamikon Minassian était présent au péage du Boulou, dans les Pyrénées-Orientales : avec quatre-vingts autres manifestants, il a bloqué la circulation pendant une quarantaine de minutes, entre 7h40 et 8h20. Cette action, menée dans le calme et le dialogue, avait pour objectif de dénoncer le "massacre" de la communauté arménienne dans le Haut-Karabakh.En 1991, cette province, située en Azerbaïdjan mais peuplée essentiellement d'Arméniens, avait auto-proclamé son indépendance, un statut non reconnu par la communauté internationale. Cette situation complexe avait donné lieu à de lourds affrontements entre les deux pays, autrefois englobés dans l'URSS, pendant plus de trois ans. Gelé depuis 1994, le conflit est aujourd'hui de nouveau d'actualité.
500 morts officiellement dénombrés
Après une montée des tensions cet été, le 27 septembre marque le retour des affrontements entre les deux nations : ce jour-là, Stepanakert, la capitale du Haut-Karabakh, est bombardée par les forces armées azerbaïdjanaises. Pour le gouvernement arménien, cette action est une "déclaration de guerre". Mais en ce qui concerne le président de l'Azerbaïdjan, allié avec la Turquie, ces attaques sont une façon de "défendre l'intégrité territoriale".Depuis, les frappes se poursuivent des deux côtés. Un cessez-le-feu a été décrété le 10 octobre dernier, mais a finalement échoué. Selon le dernier bilan officiel connu, 500 morts, militaires et civils, ont jusqu'à maintenant été dénombrés."On n'a pas le droit de mourir dans ces conditions en 2020. Mais personne ne fait rien, personne ne bouge !", déplore Mamikon Minassian, qui réclame aujourd'hui des sanctions internationales, notamment contre la Turquie et son président, Recep Tayyip Erdogan. "Nous demandons aussi de l'aide humanitaire de la part des autorités françaises", ajoute une autre manifestante, Gohar Galutsian.
"On se sent seul"
Selon Courrier International, qui cite plusieurs journaux russes, des centaines de mercenaires étrangers syriens et lybiens auraient pu être dépêchés par la Turquie sur le territoire azerbaïdjanais pour combattre les troupes arméniennes. Des terroristes qui voudraient "se faire de l'argent dans cette guerre au Karabakh", selon Serguéï Narychkine, directeur des renseignements extérieurs russes, interrogé par le journal en ligne Gazeta.ru.Ces rumeurs inquiètent les Arméniens de France. "Il est vraiment temps que la communauté internationale se réveille. On se sent seul, alors que l'on devrait être unis : aujourd'hui, c'est l'Arménie qui protège les portes d'entrée de l'Europe de l'arrivée massive de terroristes", défend Gohar Galutsian.
Pour la jeune militante, ces attaques réveillent des souvenirs douloureux. Elle le garantit : "la communauté arménienne n'acceptera pas un second génocide".