Pyrénées-Orientales : l'octocrylène dans les crèmes solaires est toxique pour la santé et pour les océans

Selon une étude menée par le CNRS, Sorbonne Université et l’équipe scientifique de l’observatoire océanologique Arago de Banyuls-sur-Mer, certaines crèmes de jour et crèmes solaires développent un composé cancérigène en vieillissant. Elles sont donc toxiques pour l'Homme.

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L'étude des scientifiques catalans, du CNRS et de Sorbonne Université vient de faire l'objet d'une publication dans la revue médicale américaine Chemical Research in Toxicology.
Sous le titre "Benzophenone Accumulates over Time from the Degradation of Octocrylene in Commercial Sunscreen Products", elle démontre que les crèmes de jour et les crèmes solaires contenant de l'octocrylène deviennent toxiques pour l'utilisateur si elles sont utilisées au-delà de la durée de péremption. Sans parler de leur nocivité sur le milieu marin.

L'octocrylène devient dangereux en vieillissant

Les chercheurs ont réalisé cette étude sur 9 crèmes vendues couramment en France et 8 aux USA. Ils les ont ensuite fait vieillir prématurément.

Les résultats ont montré qu'au bout d'une année, l'octocrylène, un filtre UV qui protège du soleil et qui est très souvent utilisé dans ces produits cosmétiques, s'est transformé en benzophénone, un perturbateur endocrinien qui peut passer à travers la peau. Même si votre crème est restée à l'abri de la lumière dans un flacon bien fermé.

Selon le chercheur Philippe Lebaron, professeur en microbiologie au CNRS et à l'Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer, cette démonstration scientifique est une première. "C’est important d'alerter à la fois les fabricants de ces molécules et les consommateurs sur le fait que les produits qui contiennent de  l'octocrylène sont potentiellement dangereux".

Il faudrait interdire les produits qui contiennent du benzophénone et de l'octocrylène.

Philippe Lebaron, expert en microbiologie et écologie marine, chercheur à Sorbonne Université à franceinfo.

Le conseil des scientifiques : en attendant l'interdiction de ces produits, il faut respecter la durée d'utilisation après ouverture (un pictogramme avec une durée en mois figure sur le flacon) et ne pas conserver vos crèmes solaires d'une année sur l'autre. Ou utiliser des crèmes sans filtres chimiques.

Des risques d'allergies cutanées et de cancers

En se dégradant au fil des mois, les molécules se transforment par hydrolyse passent de la peau dans le sang et se retrouvent dans les urines. Et la benzophénone est potentiellement cancérigène.

Lorsqu'elle est sur la peau, la benzophénone peut induire des dermatites. Mais ensuite dans le sang, cela peut provoquer des cancers, notamment des cancers du foie. C'est une molécule qui affecte les fonctions thyroïdiennes et qui perturbe le développement des organes reproducteurs.

Didier Stien, docteur en chimie au CNRS et à l'Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer.

L'octocrylène est nocif pour la biodiversité marine

Une étude de 2019, également menée par les équipes de l'Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer, a étudié l'impact des crèmes solaires sur l'environnement.
Les molécules qui posent problème sont celles des produits qui filtrent les UV du soleil. Elles se fixent sur le sable et les coquillages, se diffusent dans l'eau et polluent une chaîne alimentaire dont nous sommes parfois le dernier maillon. Ces molécules sont des perturbateurs endocriniens et on retrouve leurs traces jusque dans les urines ou le lait maternel.

Parmi elles, l'octocrylène et la benzophénone mais aussi l’oxybenzone, qui sert à filtrer les ultraviolets et l’ethylhexyl methoxycinnamate, utilisé pour filtrer les UV-B. Ces substances sont responsables du blanchiment et de la mort des coraux. Elles peuvent aussi perturber la reproduction de nombreuses espèces marines, comme les oursins ou les phoques et auraient un impact neurologique et hormonal sur certains poissons.

On estime que 25.000 tonnes de crème solaire se retrouvent diluées chaque année dans les océans.

Vers une interdiction ?

Les chercheurs invitent donc les fabricants à éliminer l'octocrylène de leurs cosmétiques. Vous pouvez vous aussi les chasser en lisant la composition de vos crèmes et en préférant celles sans produits toxiques avec des filtres minéraux sans nanoparticules.

Plusieurs pays réfléchissent à l'interdiction des crèmes solaires toxiques. D'autres, comme les Îles Palaos et celles d'Hawaï dans le Pacifique, ont déjà passé le cap... avec une amende de 1.000 dollars pour non respect de la règlementation sur l'environnement.

 

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