Pyrénées-Orientales : un petit village médiéval privé d'eau depuis plus de deux semaines

Les habitants de Villefranche-de-Conflent sont toujours privés d'eau potable au robinet. Si la canalisation est réparée, c'est désormais la source qui est à sec.

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Ils sont sans eau potable depuis 17 jours. Pour certains habitants de Villefranche-de-Conflent dans les Pyrénées-Orientales, c'est trop. Et ce, malgré les deux citernes de 10 000 litres installées au centre du village pour ravitailler les habitants. "On est obligés d'aller chercher de l'eau, on ne peut pas se laver, on doit aller dans d'autres villages, il y en a ras-le-bol", peste l'un d'eux. "C'est vrai que pour se laver, on se débrouille. On utilise un peu les bassines, on fait chauffer de l'eau, etc. Mais pour les lessives... Là, je vais chez une amie", explique une autre. 

Il y a 15 jours, la canalisation principale alimentant le village a cédé. L'eau a été rétablie mais quelques jours plus tard, c'est la source elle-même qui a atteint sa cote d'alerte. Une situation difficile à gérer pour la municipalité. "C'est sûr que les gens trouvent ça compliqué. On est habitués à ce service, à tourner le robinet, à ce que ça fonctionne", précise Patrick Lecroq, maire de Villefranche-de-Conflent. "D'un autre côté, on répond très rapidement et au mieux."

La pluviométrie en question

Les conditions météorologiques sont pointées du doigt. La pluviométrie a été quasi nulle ces derniers mois. "On a eu depuis cet été un temps très sec avec très peu de pluie, donc pas beaucoup de pénétration dans les sols. Du coup, les nappes phréatiques ne se remplissent pas", décrypte Gilles Robert, adjoint au maire. "On est normalement en période d'étiage aux alentours de 50 centimètres de hauteur. Là, on est à trois centimètres." 

Pas question de fermer pour les restaurants. Le village est très touristique, ils doivent s'adapter. "On a acheté des petites machines à café domestique parce qu'on a éteint la grosse. On n'a plus de glaçons. On sert des frites dans des assiettes en carton recyclable", retrace Joël Méné, restaurateur. "Je ne fais pas partie de ceux qui vont se révolter parce qu'on a plus d'eau, on doit prendre notre mal en patience", assure-t-il.

Même son de cloche du côté de la boulangerie, reprise il y a moins de deux ans par Hélène et Mathieu Vanhoy. Le maire les a autorisés à utiliser la citerne pour leur commerce. "La base du pain c'est l'eau, donc sans on ne peut pas travailler", explique la gérante. "En pleine période de fêtes de fin d'année, on ne peut pas se permettre de rester fermés." Cela pose aussi des problèmes pour l'hygiène, à la fois pour la boutique, mais aussi à titre personnel, puisqu'ils habitent au-dessus de leur commerce. "C'est le système D ! On va chez des amis, et pour la toilette basique on utilise la bassine, à l'ancienne. C'est paradoxal, alors qu'on vit dans une cité médiévale", s'amuse-t-elle.

Pour Howard et Denise Turner, qui tiennent une chambre d'hôte, cette pénurie d'eau rime malheureusement avec annulation de la part de leurs clients. "Cela affecte nos revenus et il est également difficile de ne pas avoir d'eau pour se laver ou se doucher."

D'ici samedi, une pompe sera installée directement dans la Têt pour réalimenter le réseau en eau non potable, en attendant un raccordement au village de Fuilla, tout près. Une opération qui pourrait prendre plusieurs mois.

Un article écrit avec Nicolas Esturgie et Philippe De Leyritz.

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