Réforme des retraites : l'Espagne citée en modèle avec un âge de départ à 67 ans en 2027 mais qui cumule les déficits

Le projet de loi sur les retraites sera présenté lundi prochain en Conseil des ministres. 68% des Français sont opposés à cette réforme selon les derniers sondages. Le gouvernement prend souvent l'Espagne en exemple. De l'autre côté des Pyrénées, l'âge de départ à la retraite devrait être de 67 ans en 2027 contre 64 ans en France, après la réforme.

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Le financement des retraites est un réel problème pour les pays de l'Union européenne. D'autant que la population vieillit et qu'il y a donc de moins en moins d'actifs pour cotiser et plus de retraités à pensionner. D'où, selon le gouvernement, cette urgence à réformer le système actuel pour essayer d'équilibrer les comptes à l'horizon 2030.

Le calendrier du gouvernement français est très serré. Il veut une entrée en vigueur de la réforme à l'automne, au 1er septembre 2023.

L'exemple de l'Espagne ?

C'est à Figueras, en Catalogne, ville transfrontalière de 47.000 habitants que nous sommes allés à la rencontre des Espagnols. Et les attentes et questions y sont bien souvent les mêmes qu'en France.

"Arrivé à un certain âge, on a besoin de savoir quand on pourra partir en retraite et combien on touchera" explique Marià Lorca, 84 ans, chef d'entreprise à la retraite.

"J'ai élevé six enfants et j'ai aidé mon mari dans l'entreprise. On m'avait dit que j'aurais droit à une retraite mais finalement je n'ai droit à rien" s'étonne Maria del Carme, 73 ans.

Comme en France, l'Espagne réforme son système par répartition pour combler les déficits et répondre à l'évolution de la démographie du pays. Et rien n'est simple.

Les actifs et les jeunes sont inquiets.

"Les travailleurs sont en train de perdre des droits. Est-ce que j'aurai droit à une retraite et de quel montant ? Aujourd'hui, je n'en sais rien", constate Ana Maria, une salariée de 54 ans. Incertitude encore plus grande mais lucidité chez les jeunes. "D'ici à ce que j'ai l'âge de la retraite, je pense que nous serons sur un système privé, il faudra voir cela avec le banquier", explique, lucide, Àlex Lorca, 22 ans, étudiant.

Un âge de départ plus tardif

Outre-Pyrénées, l'âge de départ à la retraite est de 65 ans aujourd'hui. Il sera de 67 ans en 2027, suite à une réforme engagée en 2011 par le gouvernement socialiste Zapatero. Un modèle plusieurs fois cité comme l'exemple à suivre par le président Macron qui sera jeudi à Barcelone pour un sommet Espagne-France.

L'âge légal va être repoussé à 67 ans en 2027. Mais on pourra partir en retraite à 65 ans, si on a cotisé plus de 37,5 ans. Pour quelqu'un qui fait des études et qui commence à travailler à 25 ou 26 ans, cela va être compliqué.

Marc Verdaguer, rédacteur en chef du journal "L'empordà".

En Espagne, donc, pour partir à 65 ans, il faut en 2023 au moins 37 ans et 9 mois cotisés contre 42 et bientôt 43 annuités en France, pour une pension complète. C'est 66 ans pour ceux qui ont cotisé moins de 37,5 ans.

Des cotisations en hausse et des pensions de retraite boostées

Et du côté du montant des retraites, quelles différences ?

Le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez propose d'augmenter les cotisations de 15 à 30% entre 2025 et 2050. Un gros effort pour les actifs.


Dans le même temps, le 27 décembre dernier, le Conseil des ministres votait une revalorisation générale des retraites, avec une hausse importante de 8,5% et jusqu'à 15% dans certains cas. Soit, une augmentation moyenne de 1.500 euros sur l'année.

Mais le système espagnol, également par répartition, se porte-t-il mieux que l'assurance retraite française ? Pas vraiment. Le paiement des retraites va coûter 224 milliards d'euros en 2023 (environ 340 milliards en France) alors que les cotisations ne rapportent que 152 milliards d’euros. Soit 72 milliards de déficit contre seulement deux milliards estimés en France.

Ce lourd déficit sera comblé par le budget annuel de l'Etat, contribuant ainsi à la hausse de la dette publique au-delà de 125% du PIB, c'est 115% en France.

Et cette dette devrait se creuser encore, selon les statistiques. A l'horizon 2050, l'Espagne comptera presque autant de retraités que de salariés. Soit 1 pour 1,1, contre 1 retraité en France pour 1,5 actif.

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