A Saint-André, au pied des Albères, une famille issue de la communauté des gens du voyage avait choisi, il y a 5 ans, de s'installer dans la commune sur un terrain lui appartenant. Aujourd'hui, ils sont menacés d'expulsion, accusés de ne pas respecter les règles d'urbanisme.
"On a l'eau, le courant, deux toilettes, trois douches, tout est conforme. C'est notre terrain, on est chez nous!" Jean-Christophe est plutôt fier d'avoir apporter tout le confort à ce terrain dont la famille est propriétaire.
C'est vrai que c'est un véritable petit paradis à l'ombre des pins, situé à Saint-André... à l'ouest d'Argelès-sur-Mer, sauf que la famille s'attend à être expulsée d'un jour à l'autre.
L'incertitude
Jean-Christophe et Sandra avaient choisi il y a 5 ans de faire ici une pause dans leur vie de gens du voyage pour offrir une scolarité stable à leurs 3 enfants. Propriétaires du terrain, ils réalisent quelques aménagements, installent un mobil-home. Mais le terrain n'est pas constructible. Après 5 ans de procédure, ils sont sommés de quitter les lieux, de gré ou peut-être de force.
Est-ce qu'ils vont venir ? Est-ce qu'il faut enlever des affaires, s'ils viennent tout casser?... on ne sait pas" explique la mère de famille, Sandra. "On est dans l'incertitude et ça nous stresse. Tout ce que j'ai est là. S'ils cassent, on se retrouve à la rue, sans rien. C'est toute ma vie".
Installés sur une terre agricole
Pour le maire de Saint-André, Francis Manent, la famille ne respecte tout simplement pas la loi.
Pas question de laisser s'installer sur la commune une caravane, un chalet ou une construction sommaire sur une terre agricole.
On a rien contre les gens du voyage, se défend le maire. Là, c'est une infraction au code de l'urbanisme. Qui que ce soit, s'il est en infraction, doit être verbalisé.
Proposition de relogement
Un maire inflexible mais qui se dit tout autant soucieux de la loi que de l'aspect humain du dossier.
Dès que ces gens sont arrivés à Saint-André, nous leur avons dit qu'il était interdit de vivre avec des caravanes sur le terrain. Des caravanes qui sont vite devenues des mobilhomes... La commune, nous étions prêts à les héberger. A ce moment-là, il y avait une villa HLM qui venait de se libérer.
Ultime recours
Une proposition de logement refusée par les gens du voyage. Accepter de vivre dans une maison, ce serait renoncer à un certain mode de vie pour Sandra.
Désormais les avocats du couple espèrent une relecture du dossier à la lumière d'un arrêt du Conseil d'Etat. Cet arrêt permettrait aux gens du voyage de vivre sur un terrain leur appartenant.... quel qu'il soit.
Le comité des droits de l'Homme des Nations Unies vient d'être saisi.
Le reportage à Saint-André d'Aude Chéron et Anne-Fleur Lespiaut