La saison démarre enfin pour les professionels de l'hôtellerie de plein air. Dans les Pyrénées-Orientales, à Argelès-sur-Mer, 53 campings ouvrent leurs portes. Dans un premier temps pour les propriétaires de mobil-home. Une ouverture entre espoirs et inquiétudes.
Joëlle Faille s’apprêtait à fêter sa cinquantième saison à la tête du camping le Front de mer à Argelès-sur-Mer. Un anniversaire qui s’annonce bien compliqué. Dans ce camping familial qu’elle gère avec son époux, l’équipe se prépare à la réouverture ce week-end avec le sentiment de sortir d'un cauchemar.
Ce samedi, nous ouvrons pour les propriétaires de mobil-home. Nous en attendons une trentaine. Et le week-end prochain nous accueillerons les premiers locataires », explique la gérante.
Un lancement de la saison en douceur donc et sur lequel planent encore beaucoup d’incertitudes. « C’est difficile pour nous d’avoir des informations claires. On a choisi d’enlever les transats au bord de la piscine, mais est-ce une obligation ? On ne sait pas. Comme enlever les couettes et couvertures des mobil-home en location ? C’est encore un peu flou et cela crée de la tension nerveuse », explique Joëlle Faille.
Aménagements dans les campings
Des aménagements ont été réalisés. Un sens de circulation à la réception, des bornes, de gels hydroalcoolique mises en place un peu partout dans ce camping de 150 mobil-home. « On a mis des panneaux partout pour rappeler les gestes barrières. Les masques seront obligatoires dans les blocs sanitaires. On est prêt ».
Mais elle reconnait que prévoir des animations à l’intérieur du camping reste compliqué. Un contexte qui a des répercussions sur l’emploi saisonnier.
A mon grand désespoir, on ne va pas pouvoir reprendre au complet notre équipe de saisonniers. Il y a eu beaucoup d’annulation ou de reports de séjours à l’année prochaine. J’espère que nous aurons des réservations de dernières minutes ! Je garde l’espoir. Mais la saison sera difficile.
Miser sur la clientèle de proximité
Un espoir que partage le gérant d’un camping voisin, et président de la Confédération d’Occitanie de l’Hôtellerie de plein air, Jean-François Bey. Pour lui le secteur pourra compter sur une clientèle de proximité. « Nous allons perdre une part de la clientèle étrangère c’est sûr. Mais je crois que les gens qui quittaient la région d’ordinaire rechercheront des vacances pas trop loin de chez eux. Ce sera plus rassurant pour certains. Mais il faut absolument que la machine redémarre maintenant », explique-t-il.
Il confirme que les réservations restent encore timides. A ses yeux la relance du secteur ne pourra se faire qu’avec le retour de la confiance.
Il y a des gens qui craignent de s’engager financièrement pour une location de vacances ne sachant pas s’ils vont conserver leur boulot par exemple. La majorité d’entre nous adopte de la souplesse. En assurant le plus possible le remboursement des arrhes en cas d’annulation par exemple.
Côté tarif, pas de baisse ni de hausse constatées. « Si nous avons besoin d’un soutien, c’est celui de l’aide publique. Mais nous n’allons pas répercuter nos manques à gagner sur la clientèle ! Ni brader nos locations. Nous essayerons d’offrir en revanche des petits plus en terme de loisirs ou d’animations. C’est dur. On avait une belle avance cette année avant le 15 mars en terme de réservations ! Notre avenir se joue en juillet et août. Nos entreprises peuvent résister en cas de baisse du chiffre d’affaire entre 20 et 30%. Plus, ce serait vraiment très difficile pour beaucoup d’entre nous », regrette-t-il.
Pour les professionnels de l’hôtellerie de plein air qui gérent à Argelès 53 campings, les prochains week-ends de juin feront office de test pour la suite. Avec peut-être pour certains, la possibilité de prolonger un peu la saison en septembre ou octobre. L’occasion de compenser les pertes des ponts du mois de mai.