Le tourisme de plein air s'apprête à vivre sa pire saison depuis 70 ans. A Argelès-sur-Mer, les 53 campings de la cité balnéaire sont vides et, après l'allocution du président de la République, ils risquent de le rester pour un bon bout de temps.
La capitale historique du camping en Europe s’apprête à vivre sa pire saison depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. En moins d’une semaine et comme tout le secteur, les 53 campings locaux ont enregistré une baisse de 90% des réservations par rapport à la même période l’année dernière.
Pire, près de 86% des réservations déjà effectuées en avril ont été annulées ou décalées à juillet. C’était avant même l’allocution du Président qui repousse encore plus loin l’espoir d’un redémarrage d’une saison touristique. Autant dire que la ville n'accueillera pas, cette année, les quelque 50 000 campeurs qui ont fait la réputation de la cité balnéaire des Pyrénées-Orientales et sa principale économie. Ici, l'hôtellerie de plein air représente un chiffre d'affaire annuel de quelque 70 millions d'Euros !
Si la fin du confinement est prévue à partir du 11 mai, on sait au camping "les Galets" qu'il faudra attendre plus longtemps les premiers touristes et qu'il faudra renforcer les conditions sanitaires.
Il s'agit de s'adapter à tous les scénarios, confirme Manuel Bay, gérant du camping.Nous allons renforcer les procédures d'accueil, mais également le nettoyage des Mobil homes. De même, nous allons ajouter des équipements de protection dans le kit d'accueil que nous remettons à chaque nouvel arrivant.
Ce camping de 6 hectares peut accueillir jusqu'à 1000 personnes et devait ouvrir le 4 avril. Mais aujourd'hui, sur les 25 salariés employés pour la saison, 15 sont en chômage partiel.
Les gérants et propriétaires de camping espèrent malgré tout ouvrir cet été. Les mois de juillet et août représentent 80% du chiffre d'affaire de la profession. Une ouverture à haut risque avec des conditions d'exploitations et de sécurité qui risquent de plomber le résultat financier.
Si les conditions de réouverture sont telles qu'il nous est impossible de les appliquer, ni physiquement, ni matériellement, l'impact économique sera pire que si nous devions rester fermés, s'inquiète Jean-François Bey, président de la confédération de l'hôtellerie de plein air d'Occitanie.
A ces incertitudes s'ajoute une autre inconnue : les touristes seront-ils au rendez-vous ? Pas certain, selon Jean Pinard, le directeur du Comité Régional du Tourisme (CRT) :
Nous risquons de voir les étrangers bouder notre territoire, nous perdons la clientèle des retraités. De plus, on sait bien que cette année, les Français vont favoriser les locations de résidences secondaires, plus sécurisées que le tourisme de plein air.
L'été s'annonce donc difficile même dans le scénario d'une sortie rapide du confinement. Pour répondre à la crise, la région Occitanie lance une campagne de communication massive du secteur touristique (2,5 M€). Objectif, attirer les touristes des régions limitrophes et booster la consommation locale de loisirs.
Enfin, dernier petit espoir pour cet été : voir les touristes qui habituellement s'installent en villégiature en Espagne, pays encore plus touché par le virus, s'arrêter cette année de ce côté de la frontière.