L'Occitanie Tour, consistant à valoriser les nouvelles mobilités en faisant campagne à vélo, est une opération de communication importante de la liste de Carole Delga pour ces élections régionales. Mais l'envers du décor n'est pas si vert. Les bicyclettes voyagent d'une ville à l'autre en camion.
L’"Occitanie Tour" a fière allure. Sur de superbes vélos rouge et jaune flanqués du nom de la présidente de région sortante, Carole Delga, les candidats de la liste l’Occitanie en Commun parcourent 27 villes d’Occitanie afin de valoriser les nouveaux modes de transport. L’opération de communication pourrait s’avérer parfaite mais un élément vient légèrement écorner cette belle image marketée.
Depuis le 12 juin, une photo, largement partagée sur les réseaux sociaux d’Occitanie, offre l’envers du décor de cette balade à vélo de candidats. Sur l’image, un homme aux cheveux longs aide une femme à décharger un vélo cargo, flanqué du nom de Carole Delga, d’un camion de location où sont stockés d’autres cycles.
L'Occitanie Tour finalement pas si écolo ?
Dans un post Facebook, un jeune militant EELV commente le cliché : "peut-être que les pro Delga veulent nous expliquer pourquoi sont-ils VRAIMENT les plus écolos quand ils transportent (en faisant le tour de l’Occitanie) leurs vélos de terrain par camion ? l’Absurdistan n’a pas fini de nous surprendre.".
Contacté, Antoine Vasa nous explique ne pas être l’auteur de cette photo. "Elle a été envoyée dans un groupe Télégram, samedi 12 juin. Elle a été prise à Carcassonne dans l’Aude et a rapidement circulé. Cela montre que l’équipe de Carole Delga ne va pas d’une ville à l’autre à vélo mais transporte ses bicyclettes par camion" assure le jeune homme qui explique être "plus ou moins" engagé pour les Verts dans cette campagne.
Une photo bien prise le 12 juin à Carcassonne
Le bâtiment apparaissant au second plan est en effet le palais de justice de la cité audoise. Il suffit d’aller sur l’outil Google Maps pour le vérifier et constater que l’endroit se situe à proximité du siège du Parti socialiste dans l’Aude, installée au 36 rue Fédou. De plus, la date du 12 juin correspond bien au passage de l’"Occitanie Tour" à Carcassonne comme l’indique ce tweet :
?Étape 22 #Carcassonne
— L’Occitanie en commun (@OccEnCommun) June 12, 2021
De la cité aux belles rues du centre ville, l’#OccitanieTour est à Carcassonne ce matin ! @DidierCodorniou tête de liste #OccitanieenCommun de l’Aude et ses équipes sont au taquet pour ce dernier week-end de campagne ?
Le 20 juin #VotezCarole ! pic.twitter.com/jVM7UT1hDu
Autre élément important. L’homme aux cheveux longs se nomme Jean-Paul Gangneux de l’agence spécialisée dans les opérations de street marketing et de communication, Ca c’est fait. Cette société est en charge de l’organisation de "l’Occitanie Tour".
Contacté, Jean-Paul Gangneux n’a pas voulu répondre à nos questions. L’équipe de campagne de Carole Delga ne s’en cache pourtant pas : la vingtaine de vélos de l’opération voyagent bien d’une ville à l’autre, en camion.
"Comment voulez-vous que nous fassions autrement. Vous voulez que l’on fasse dix mille kilomètres en vélo. C’est une concurrente écologiste qui a voulu faire un petit truc" répond Kamel Chibli, vice-président du Conseil regional Occitanie en charge de l'éducation jeunesse et du sport et directeur de campagne de Carole Delga. "C’est parce que nous sommes les seuls à avoir fait une opération conviviale et joviale valorisant les mobilités que les autres ont décidé d’attaquer. C’est de la politique politicienne."
L’Occitanie Tour fait escale à Foix en Ariège dans cette magnifique cité comtale un moment chaleureux convivial à l’image de @CaroleDelga et de l’@OccEnCommun @F3Occitanie @ladepeche09 @FGuichou pic.twitter.com/aDSoH3R9dZ
— Chibli Kamel (@kamelchibli) June 11, 2021
"Une polémique à deux francs"
Pourtant, Antoine Vasa loue la volonté des socialistes de mettre en avant les déplacements à bicyclette dans la région. "Mais ils auraient pu s’organiser autrement. Il y avait d’autres solutions. Ils auraient pu faire le tour des villes en TER pour faire la promo du train et s'organiser pour trouver des vélos sur place. Là, cela donne véritablement l’impression d’un simple coup de communication." De l’affichage sans véritable conviction écologiste.
Pour se justifier, Kamel Chibli met en avant l’étendue du territoire et la difficulté de circuler, par exemple "entre Figeac (Lot) et Castres (Tarn)". "C’est logique (de prendre un camion pour transporter ces vélos), assène-t-il. L’Occitanie c’est 4500 communes. Ce parcours, c’était d’abord une volonté de valoriser cette mobilité au cœur des villes. C’est le vrai sujet. Mais aussi de valoriser les territoires et les grands sites de la région avec le patrimoine naturel. C’est donc normal de transporter ces vélos. On n’est pas le Tour de France. On pourrait prendre six mois et faire le tour de la région. C’est l’équivalent de trois tours de France. Cette démarche était originale, elle a été appréciée. Nous sommes allés à la rencontre des habitants. Nous avons valorisé dans chaque territoire les gares multimodales, l’utilisation dans une ville. Nous n’avons pas à rougir de ça.".
Mais la tête de liste en Ariège de "l’Occitanie en commun" ne veut pas plus commenter ce qu’il estime être "une polémique à deux francs". A quelques jours du premier tour du scrutin, Kamel Chibli à la tête dans le guidon et espère surtout ne pas avoir un coup de pompe à quelques jours de la ligne d’arrivée...