Pour la première fois depuis la 2ème guerre mondiale, pas de bouclier de Brennus cette année à cause du coronavirus. Retour sur les clubs de la région Occitanie qui ont raflé 58 des 120 victoires. Toulouse, Béziers, Lourdes et Perpignan mais aussi Castres, Narbonne, Carmaux ou Quillan…
Ça n'était jamais arrivé depuis la seconde guerre mondiale. Le célèbre bouclier de Brennus ne sera pas remis cette année en raison de l’épidémie de coronavirus.
Sur les 120 titres de champions de France, les clubs de la région Occitanie en ont raflé presque la moitié, 58 ! Il y a Toulouse, Béziers, Lourdes et Perpignan pour les plus titrés mais aussi Castres, Narbonne, Tarbes, Montauban, Carmaux, Quillan…. Revue de détail subjective et petites histoires des clubs catalans et occitans champions de France.
Perpignan/Tarbes 1914 : la plus dramatique
En ce 3 mai 1914, les rugbymen de Perpignan et de Tarbes ignorent qu’ils vont se retrouver dans les tranchées quelques mois plus tard. Favori, Tarbes mène longtemps au score. Mais les Catalans reviennent dans les dernières minutes. Jeune lycéen de 18 ans, Aimé Giral réussit la transformation de sa vie pour une victoire 8 à 7 de Perpignan. Joie de courte durée. Car aucune équipe ne connut ensuite pareille saignée. Sur les 15 titulaires catalans, 7 périrent au front dont « le nin », le gamin Aimé Giral. Les Bigourdans furent également appelés en nombre sous les drapeaux. Trois d’entre eux ne revinrent jamais à Tarbes.
Quillan/Lézignan 1929 : la plus « nouveaux riches »
A cette époque-là, Quillan est la cité du chapeau en France. Et tout le monde en porte pour la plus grande fortune du chapelier industriel Jean Bourrel. Il déclare : « Je suis certain d’avoir plus de publicité commerciale en montant une équipe pour le titre de champion de France, qu’en placardant des affichettes dans la région ».
En 1927, le chapelier débauche ainsi 7 joueurs, stars de Perpignan et champions de France en 1925. C’est le grand début de l’amateurisme marron avec des enveloppes qui circulent sous le manteau, dans les vestiaires. En parlant de marrons, ils pleuvent aussi sur les pelouses... Le rugby côtoie régulièrement la rubrique des faits divers. Les rivalités locales sont exacerbées. Point d’orgue, cette finale 1929 remportée par Quillan 11 à 8 sur le voisin Lézignan dans une ambiance de corrida.
Lourdes/Toulon 1968 : Un titre miraculeux
A l’image de Reims en football, Lourdes fut la référence des années 50 et 60 tant au niveau du palmarès - huit titres- que de la quintessence du rugby proposé. Le dernier titre des Lourdais fut pourtant remporté à la faveur du règlement….et surtout des évènements. En effet, les troubles de mai 68 ont contraint à reporter la finale du championnat à plusieurs reprises. Jusqu’au 16 juin 1968. C'était la dernière date disponible, le XV de France devant partir quelques jours plus tard en tournée en Nouvelle-Zélande.
Béziers/Agen 1984 : aux penalties !
Aucune équipe dans l’histoire du rugby français et, au-delà dans un sport collectif, n’aura dominé une période comme Béziers. 10 boucliers de Brennus remportés en 14 ans et 12 saisons d’invincibilité à domicile (1969 à 1981) ! Les chiffres donnent le tournis. Le dernier fut décroché au bout du bout de la nuit.
Ce soir-là, au Parc des Princes, Béziers et Agen ne se lâchent pas d’une semelle. A la fin des prolongations, l’égalité est parfaite - 21 points partout - mais surtout le même nombre d’essais, de pénalités et de drops ! Impossible de les départager, comme pour Lourdes et Toulon en 1968 ! L’arbitre Mr Yché prend connaissance sur le terrain d’un tout nouveau règlement : une séance de tirs au but, sur le modèle du football. 5 buteurs sont désignés de chaque côté. A ce jeu, c’est l’international agenais Bernard Viviès qui craque le dernier. Le pilier bitterois Armand Vaquerin peut soulever son 10ème bouclier de champion de France. Record inégalé.
Toulouse/Toulon 1985 : la plus belle
En ce printemps 1985, on ne parle pas encore du grand Stade Toulousain…le dernier titre remonte à 1947 ! Premier coup de maître, une victoire 21 à 0 en quart de finale face à Béziers ! Comme un symbole d’une passation de pouvoir. 15 jours plus tard, la longue disette va prendre fin de la plus belle des manières.