Un autre mouvement social se profile, à partir du samedi 14 décembre 2019, mais cette fois, dans les cabinets médicaux. Les médecins généralistes en effet sont appelés à fermer les samedis matins, pour dénoncer les carences du plan de sauvetage des urgences, qui s'appuie sur la médecine de ville.
C'est un mouvement de colère directement lié à celui des urgences. Le 7 décembre 2019, la Fédération française des Médecins Généralistes - MG France, premier syndicat du secteur, a voté à l'unanimité le lancement d'une opération baptisée "samedis noirs".
A l'origine du mouvement, le plan de sauvetage des urgences présenté par la ministre de la santé Agnès Buzyn, le 9 septembre dernier. Ce plan prévoit, pour désengorger les urgences, la mise en place d'un réseau de soin permanent qui s'appuie sur les cabinets médicaux. Et ce, dès le mois de juin 2020.Mais le compte n'y est pas pour MG France. Pour deux raisons. Les médecins généralistes - c'est une réalité - sont déjà débordés, particulièrement dans les zones rurales où ils ne sont pas assez nombreux. D'autre part, selon eux, il manquerait 200 millions d’euros par an pour mettre en place ce dispositif chez les médecins dits de ville. Le budget n'en prévoit que la moitié. MG France s'interroge : "Sans aménagement des horaires, comment penser que les généralistes pourront dégager le temps nécessaire pour libérer des créneaux dans des emplois du temps chargés? Sans rémunération des effecteurs, comment motiver les professionnels à effectuer ce travail supplémentaire ?".
Pour cette raison, le syndicat réclame la majoration du prix des consultations du week-end dès le samedi matin. Elles ne le sont qu'à partir de 12 heures aujourd'hui.
Il demande également que la régulation (gérée par des médecins généralistes de garde pour aiguiller les patients) commence à 18 heures et non plus à 20 heures, en semaine. Le pic des appels se produit en effet entre 18 et 22 heures.
Les médecins généralistes sont convaincus de leur utilité dans la chaîne globale des urgences : leur rôle est même primordial. "Après 50 ans d'hospitalo-centrisme, on voit qu'il manque de la proximité, de l'humain". Le Dr Théophile Combes, médecin généraliste à Gaillac, dans le Tarn, et délégué régional MF France Occitanie, explique : les généralistes, au plus près de leurs patients, sont les mieux placés pour diriger les patients qui vers les urgences, qui vers les médecins de garde, qui vers des spécialistes. "80% des personnes qui passent par les urgences ne relèvent pas de la médecine d'urgence. Si on réorganise bien ce service, on va gagner des milliers d'euros. Il faut que le gouvernement fasse un choix". Autrement dit, mettre les moyens pour que le nouveau système fonctionne...