Après la perte de deux contrats historiques avec Orange, les 3800 salariés de Scopelec, la plus grande Scop de France basée à Sorrèze dans le Tarn, sont dans la tourmente. Ils sont en grève ce jeudi 3 février. Plus de 1900 emplois sont menacés dont 500 en Occitanie.
Devant l'un de leurs sites à Saint-Orens de Gameville (Haute-Garonne), les salariés de la Scopelec sont inquiets. Ils sont dans la tourmente depuis la perte de deux importants contrats avec Orange qui représentaient 40% de leur chiffre d'affaires. Ils se sont mis en grève ce jeudi partout en France.
Sur les 3800 salariés que compte la première Scop de France, 1900 emplois seraient menacés, dont 500 en Occitanie après cette rupture de contrats. Avec cette grève, ils veulent aussi affirmer leur mécontentement face à leur direction.
Une rupture avec la direction
Les salariés sociétaires veulent en effet reprendre la main sur leur Scop. Un renouvellement de leur direction n'est pas écarté. Chez nos confrères de la Tribune, un des représentants du personnel ne cache pas son inquiétude.
Le climat est morose en interne. Nous ne savons rien et on ne nous dit rien ! Nous voulons savoir ce qui va nous arriver mais personne ne nous parle. Aujourd'hui, il y a un début de rupture entre la base et la direction, nous sommes en train de nous éloigner. Mais Scopelec, ce n'est pas sa direction, ce sont ses salariés sociétaires. Nous pensons que nous ne sommes pas défendus comme nous devrions l'être. Désormais, les salariés sociétaires ont décidé de reprendre la main sur leur Scop.
Frédéric Mazars, salarié sociétaire et délégué syndical FO
Scopelec, une entreprise menacée
Cette Scop, basée à Sorèze dans le Tarn, existe depuis un demi-siècle. Elle est un sous-traitant majeur d’Orange, notamment dans le déploiement de la fibre partout sur le territoire.
Mais il y a quelques semaines, l'opérateur de téléphonie a annoncé qu’il se passerait de ses services dans certains domaines pour privilégier une entreprise au Luxembourg .
Un non-renouvellement d’un marché d’exploitation et de maintenance des réseaux télécoms qui s'évaluerait à une perte de 150 millions d’euros par an pour Scopelec.
Dans un communiqué publié le 21 janvier 2022, les salariés avaient répondu point par point aux critiques émises par Orange.
" La qualité du service ne peut, ainsi selon eux, être remise en cause. " Elle est dans les standards de la profession. Quant au manque de diversification, l'entreprise s'emploie à changer cette réalité."
Les élus locaux se mobilisent
Suite à ce communiqué des salariés, le président du conseil départemental du Tarn Christophe Ramond, a redit sa préoccupation sur l'avenir de Scopelec.
Le 8 décembre 2021, le président du Tarn avait adressé à Jean Castex, une courrier sur le cas de Scopelec. « A ce jour, le Gouvernement n'a apporté aucun élément de réponse ni au président du Département du Tarn, ni aux salariés de cette société tarnaise », regrette Christophe Ramond.
L’Etat, premier actionnaire d’Orange, doit se saisir de ce dossier en urgence. Il doit interroger Orange sur sa décision incompréhensible et injustifiée . Je demande au Président de la République d’exiger d’Orange des engagements clairs pour préserver l’emploi.
Christophe Ramond, président du Conseil départemental du Tarn
Le vendredi 3 décembre, dès l'annonce de Orange de ne pas renouveler ces contrats avec Scopelec, la présidente (PS) de la région Occitanie avait écrit au PDG d'Orange. Elle demandait à Stéphane Richard de réétudier son engagement auprès de l'entreprise tarnaise.
" Je ne peux concevoir que votre entreprise qui se fixe comme objectif "la cohésion sociale et humaine" ainsi qu'une "croissance responsable" traite de cette façon un partenaire historique et ses salariés ", lettre de Carole Delga, présidente de la Région Occitanie au Pdg d'Orange.
Côté emploi, les salariés ne croient pas Orange, qui assure que les postes pourraient être redéployés chez des concurrents. Avec cette grève jeudi, ils souhaitent exprimer leurs inquiétudes sur l'avenir de l'entreprise.