Maison des enfants juifs de Moissac : le témoignage d'un "miraculé"

Alors que Moissac s'apprête ce week-end à faire partager cette partie de son histoire où 500 enfants juifs ont été sauvés pendant la guerre, nous avons retrouvé l'un d'entre-eux : Henri Fajnzang Jouf a 85 ans et s'estime miraculé. Voici son histoire. 

La petite histoire d'Henri a croisé la grande Histoire, de façon dramatique. Les parents d’Henri Jouf sont polonais. Ils vivent en Palestine jusqu’en 1927, date à laquelle ils décident de s’installer en Belgique. Henri nait à Anvers en 1928. Il a 4 frères et sœurs.

Lorsqu’en mai 40, l’Allemagne envahit la Belgique, il fuit avec ses parents en embarquant dans un train de réfugiés. La progression de l’armée allemande étant rapide, le train annule un à un ses arrêts. Il passe la frontière. Et ça n’est qu’à Moissac qu’il s’arrêtera, après un voyage de neuf heures.

Débarquée, la famille d’Henri s’installe dans l’annexe d’une ferme à Lizac, chez les Mésségué . Après une année, Henri et deux de ses frères et sœurs sont confiés à la maison des enfants. Henri a alors 12 ans. C’est de là qu’il tire son surnom : avec ses bonnes joues, on l’appelle le « joufflu », raccourci en «Jouf», nom qu’Henri gardera toute sa vie.

VIDEO : Les souvenirs d'Henri dans la maison des enfants
La maison est rythmée par le quotidien d’une vie scoute. L’organisation des dortoirs, par patrouille, et les plus grands responsables des plus petits. Même Shatta, la directrice n’a que 30 ans lorsqu’elle ouvre la maison. La plupart des enfants vont à l’école communale, avec les Moissagais. Henri, lui, ne parle pas bien le français au début.  Il l’apprendra rapidement.
Tous les vendredis, le shabbat est célébré, les fêtes juives sont également célébrées, malgré les dangers, parfois même dans les rues de Moissac . Comme au printemps 1941 où les enfants traversent la ville en farandole pour la fête de Shavouoth.
«Jouf» garde des souvenirs heureux de son quotidien dans la maison. Et notamment des camps d’été.
En 1943, la guerre rattrape le «havre de paix».  Plusieurs arrestations de juifs ont lieu à Moissac. Fin octobre, la décision est prise : il faut fermer la maison des enfants de Moissac. S’organise alors le « planquing ». Les enfants passent un par un dans le bureau des responsables. Chacun leur tour, ils entendent leur nouvelle histoire. Nouveaux noms, nouveaux papiers, nouvelle vie. C’est sous cette identité qu’ils vont devoir se camoufler jusqu’à la fin de la guerre.
Sur les 500 enfants, tous survivront à la guerre. Pour Henri, un évènement a failli faire tout basculer. Un moment de hasard, dans lequel il a joué sa vie.
Cela se passe une fois qu’il a fui Montréjeaux. Il cherche alors, en vain à retrouver un cousin habitant à Toulouse.
Henri avait 4 frères et sœurs. Ils ont tous survécu à la guerre, chacun avec un parcours différent, relevant quasiment du miracle. Joseph s’est évadé du camp de concentration de Septfonds (Tarn-et-Garonne), après la rafle de Lizac le 6 mars 1942. Il a rejoint la Résistance à Méreuil, près de Marseille. Jules a été déporté à Auschwitz. Il survivra à 3 années passées dans les camps de l’horreur. Suzette et Daniel ont aussi été confiés à la maison des enfants de Moissac en mai 1941, et ont survécu. Leurs parents ont été déportés. Ils sont morts à Auschwitz.

Samedi 27 et dimanche 28 avril, Moissac rend hommage aux Justes qui ont aidé les enfants juifs pendant la guerre et remet dans la lumière cette histoire oubliée. France 3 Midi-Pyrénées sera en direct de Moissac samedi 27 avril à 19h.

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