Des fouilles archéologiques sous la place Nationale de Montauban mettent au jour les origines médiévales de la cité

Les fouilles actuellement réalisées par l'Institut National de recherches archéologiques préventives (Inrap) sous la célèbre place Nationale de Montauban, avant sa rénovation par la ville, multiplient les découvertes qui enrichissent la connaissance du passé médiéval de la cité.

Une Maison consulaire, des caves en briques, du mobilier céramique, un puits sous la fontaine de la célèbre place Nationale : les sept archéologues qui fouillent depuis la mi-février ce coeur de la cité de Montauban ont mis au jour de précieux vestiges qui éclairent un passé médiéval jusqu'à présent plutôt mal connu de la ville.

Après deux incendies majeurs en 1614 et 1649,  cette place avait en fait été reconstruite pour devenir au début du 18 ème siècle la place Royale de briques rouges, à peu près conservée jusqu'à aujourd'hui dans son état de l'époque. 

La Maison consulaire mise au jour par les fouilles "a rythmé la vie des Montalbanais pendant 500 ans"

Mais avant cette reconstruction, la place Nationale fut à l'époque médiévale au coeur  de l'histoire et de la politique de la cité de Montauban. C'est là qu'était installée la Maison consulaire, appelée aussi « Maison commune », dont l'Inrap vient de mettre au jour une partie des fondations. Cet édifice, mentionné dès 1231, accueillait au premier étage les réunions des Consuls qui édictaient les lois, les règlements et la politique de la ville. Tandis que le rez-de-chaussée, ouvert sur la place, abritait une fonction plus économique, avec des poids et mesures qui déterminaient le coût des denrées.

Ce bâtiment démoli au début du 18è siècle a rythmé la vie des Montalbanais pendant 500 ans et aujourd'hui, on n'en a plus aucun souvenir

Laurent Grimbert, responsable de la mission archéologique

Les fouilles ont mis au jour des piliers en brique, des pavages et les fondations d'un escalier à vis. Ces élements permettent de restituer le plan d'"un bâtiment de onze mètres sur sept, ressemblant à une grande halle dont le rez-de-chaussée était percé d'arcades", estime l'INRAP. Selon l'Institut, la Maison consulaire devait mesurer entre 5 et 7 mètres de haut et a été détruite au début du 18ème siècle pour aménager la place Nationale dans son état actuel. 

Les fouilles de l'INRAP montrent aussi une succession stratigraphique de l'occupation de ce coeur de ville.  Avec des niveaux de sols, entre 0,60 et 1,10 m de profondeur, correspondant aux anciens sols de la place, tant médiévaux que modernes. Une datation radiocarbone réalisée sur un élément lié au sol le plus ancien atteste de sa présence "entre le milieu du 12ème et le milieu du 13ème siècle, très proche des origines de la ville fondée au milieu du 12ème siècle", précise encore l'INRAP.

La place Nationale, poumon économique du Montauban médiéval

A la suite de l'annonce par la communauté d'agglomération de Montauban d'un projet de rénovation des dallages de la place, un premier diagnostic archéologique, réalisé en 2018, avait révélé ces niveaux de sols, la présence d'un puits, ainsi que celle de plusieurs caves bâties en brique. Depuis la mi-février, les nouvelles fouilles ont permis d'identifier un total de 6 caves et de trouver du mobilier céramique associé à de très nombreux fragments de cornes de mouton. "C'était probablement l'endroit d'une "grande boucherie" mentionnée par les textes au 16ème siècle", indique Laurent Grimbert. "Ces caves montrent que la place était occupée par des bâtiments temporaires artisanaux et commerciaux. Cela restitue plutôt une place dans un imaginaire du Moyen-Age, encombrée,vivante, avec des gens qui circulent et des bâtiments qui prennent de la place. Alors qu'aujourd'hui, c'est une place circulante, avec des cafetiers et des magasins autour. Mais il faut imaginer de l'époque médiévale à l'époque moderne une place beaucoup moins ouverte et occupée par des tas d'étals et d'échoppes". 

Les fouilles devaient s'achever ce vendredi. Mais l'archéologue et ses collègues vont poursuivre leurs recherches deux semaines de plus dans le puits découvert sous la fontaine de la place. "Il a probablement été abandonné et comblé dans le courant des 18 ème et 19e siècles, avant sa transformation en fontaine", avance Laurent Grimbert. L'INRAP a donc dépêché sur place sa cellule spécialisée d’intervention sur les structures archéologiques profondes. "On ne connaît pas la profondeur du puits, précise l'archéologue, Là, on va atteindre 7 mètres. Mais on ne sait pas si on arrivera à 10 ou peut-être à 20 mètres. Il nous faut aller jusqu'au fond pour trouver les niveaux d'utilisation et déterminer si cet ouvrage est médiéval ou pas. Tous les puits servent de dépotoirs domestiques. Ce sont ces déchets qui permettent de dater les niveaux d'utilisation".

Verre, céramique, monnaies et fragments d'objets de la vie quotidienne, qui parsèment le chantier, livreront plus tard des renseignements sur leurs différentes époques. "Pour l'instant, on fouille un peu dans le désordre en fonction du chantier. Ensuite, dans une phase d'études, nous organiserons nos données et nos conclusions et daterons les objets", prévoit Laurent Grimbert. L'archéologue donnera une conférence au mois de mai à Montauban pour présenter le résultat des fouilles et des premières études.

Après les fouilles, la rénovation de la place Nationale

Les fouilles archéologiques terminées, un nouveau chantier débutera sur la place Nationale de Montauban. Celui de sa réhabilitation. Les vestiges seront recouverts par un nouveau dallage et un miroir d’eau, parsemés de quelques panneaux explicatifs du riche passé médiéval du site.

 

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