REPLAY. Municipales à Montauban : revoir le débat du second tour entre Brigitte Barèges et Arnaud Hillion

Replay. Après la non-qualification du RN et le retrait du candidat LREM, la maire LR sortante de Montauban (82) Brigitte Barèges se retrouve face au candidat socialiste Arnaud Hillion, arrivé en 2ème position au premier tour. Leur débat sur France 3 Occitanie est à revoir ici.

C'est donc un duel "classique", la droite face à la gauche, qui attend les électeurs montalbanais, le 28 juin prochain. A l'image d'un "monde bipolaire ancien", comme l'a qualifié l'ex-candidat Pierre Mardegan, centriste soutenu par la République en marche, arrivé 3ème au premier tour avec à peine plus de 10 % des voix, et qui a finalement jetté l'éponge et annoncé son retrait, le 29 mai dernier.

Les candidats en débat sur France 3 Occitanie

Les deux candidats en lice pour ce second tour des élections municipales à Montauban étaient invités à débattre sur notre antenne ce lundi 22 juin, à 18 heures.

Durant quarante minutes, ils ont abordé plusieurs thématiques comme la crise sanitaire, l’hôpital, les déplacements mais les échanges ont été tendus, constitués d’affirmations, d’accusations puis de dénégations, peu propices à l’évocation des programmes respectifs.

Interrogés sur le déroulement de la crise sanitaire, les deux candidats à la mairie de Montauban ont d’emblée donné le ton : Arnaud Hillion ayant indiqué que nous sortions d’une crise terrible et qu’il n’avait jamais minimisé la gravité de cette pandémie, discrète allusion aux déclarations de la maire sortante au soir du premier tour qui avait notamment affirmé que le Covid-19 ne tuait pas, Brigitte Barèges a contre-attaqué par un cinglant « Vous vous êtes confiné tout le temps, je ne sais pas où vous étiez, peut-être à Aix-en-Provence ? ».
Réponse d’Arnaud Hillion, se disant toujours surpris du « culot » de son adversaire : « C’est grotesque, ces accusations ! »

Brigitte Barèges, interrogée par Patrick Noviello sur ses propos lors du 1er tour, a par ailleurs répondu que 98,8 % des malades du covid-19 en avaient guéri.

Sur le rôle du maire et la question de savoir s’il doit être élargi, au regard de la crise du coronavirus, Brigitte Barèges a longuement insisté sur les failles de l’Etat qui a menti, selon elle : « Tout a été minimisé par l’Etat qui aura des comptes à rendre », a-t-elle notamment affirmé. Pour la maire actuelle de Montauban, la collectivité a montré qu’elle pouvait prendre davantage de responsabilités mais pour son adversaire, il s’agit d’abord d’assumer les responsabilités actuelles : «Il faut voir l’état de nos écoles, des voiries. Remettons-les en état. Il faut écouter nos concitoyens, plutôt que de taper à côté ».

Sur la question du l’hôpital et de la nécessaire rénovation du centre hospitalier de Montauban, les deux candidats seraient plutôt d’accord. Brigitte Barèges demande que les maires aient davantage « la main » qu’actuellement sur les décisions mais accusée par Arnaud Hillion d’avoir vendu à un promoteur la friche de l’Arsenal voisin, elle réplique « Vous ne connaissez pas vos dossiers ! » Le ton monte et la thématique se conclut par un « Je ne suis pas là pour répondre à vos questions, Madame Barèges. On n’est pas à Questions pour un champion, il n’y a pas de buzzer ! »

Concernant l’économie et les inévitables difficultés qui vont surgir au sortir de la crise sanitaire, là non plus, les deux adversaires ne sont pas d’accord. Pour Arnaud Hillion, c’est un nouveau cycle économique qui arrive, et la ville doit travailler étroitement avec les autres collectivités, comme le département et la région, ce que n’a pas été capable de faire Brigitte Barèges, selon lui. « Vous êtes là depuis 19 ans, sortez des contentieux ! Apprenez à travailler avec les autres ! » La maire sortante a contre-attaqué avec les atouts économiques et géographiques de Montauban, reprochant à Arnaud Hillion de dénigrer en permanence sa ville : « Est-ce que vous avez vraiment envie de la diriger ? », a-t-elle ironisé.

Sur la question des déplacements et d’une ville plus verte, le candidat de la gauche et de l’écologie reproche à son adversaire d’avoir repeint opportunément son programme en vert et de privilégier la construction de parkings souterrains onéreux quand ceux qui existent déjà ne sont remplis qu’à 60 %. Brigitte Barèges défend son bilan et les classements qui font de Montauban une ville où il fait bon vivre.

Invités à conclure, après 35 minutes de débat, Arnaud Hillion et Brigitte Barèges ont opposé la « gestion autoritaire et cassante » de l’une à la « révolution et aventure » de l’autre, la « démocratie participative » d’une nouvelle liste à «l'expérience » de celle qui brigue un 4ème mandat.

Revoir le débat :

Duel droite/Gauche

Avec 46,28 % des voix au premier tour, la maire LR sortante Brigitte Barèges a une avance confortable. Celle qui brigue ici son 4ème mandat et défend son bilan, a jadis fait basculer la ville de Montauban à droite, après 36 ans de gouvernance à gauche. C'était en 2001.

Depuis, si Brigitte Barèges avait eu du souci à se faire, c'était plutôt du côté du RN (Rassemblement National, ex-Front National). Le parti d'extrême-droite, en effet, s'est fortement implanté dans le département au fil des élections. Mais cette fois, le candidat RN, Thierry Viallon, n'est pas parvenu à qualifier sa liste, restée sous la barre des 10 % au premier tour (avec précisément 9,23 % des suffrages). Contrairement aux élections municipales de 2001 et 2014 où le FN participait à une triangulaire. 

Le RN en recul

Pour ce second tour, qui intervient dans un contexte très particulier de crise sanitaire, Brigitte Barèges compte sur le rapatriement sur son nom de tout l'électorat de droite. Y compris celui du RN donc. Alors que son adversaire, lui, espère plutôt un sursaut des électeurs qui ne se sont pas déplacés aux urnes au 1er tour, en raison du coronavirus. Pour Arnaud Hillion, il s'agit de 10 000 voix en moins par rapport aux élections municipales de 2014. Enorme abstention en effet puisque la participation, le 15 mars, a été de 41,27 %, contre 67,45 % lors du premier tour de 2014. Une chute vertigineuse...

Pas de consignes de vote de l'ex-candidat centriste

Alors, le second tour des élections municipales pourrait-il voir Montauban rebasculer à gauche ? Le candidat socialiste, Arnaud Hillion, avait déjà bien rassemblé sur sa liste de gauche, écologique et citoyenne. Il ne dispose pas d'un important report de voix, la candidate divers gauche Julie Bougel n'ayant recueilli que 2,69 % des voix, devant le candidat de Lutte Ouvrière Richard Blanco (1,63 % des voix).

L'ex-candidat centriste Pierre Mardegan n'a pas donné de consignes de vote après son retrait, son électorat va donc vraisemblablement se disperser, mais dans quelles proportions ?

Il y a effectivement cette inconnue : rassurés par l'évolution de la crise sanitaire en France, les électeurs montalbanais vont-ils retrouver le chemin des bureaux de vote ? Nul ne peut le garantir.

Le poids de la crise sanitaire

Reste que, en l'absence de "vraie" campagne, les deux candidats restants ne peuvent faire abstraction de cette immense crise et des conséquences économiques et sociales qu'elle engendre. Elle conforte en tout cas le projet du candidat de la gauche et modifie celui de la candidate de la droite.

Tandis qu'Arnaud Hillion continue de prôner les circuits courts, un service public fort, l'importance des structures de santé, la mobilité douce et la gratuité des transports pour les plus démunis, Brigitte Barèges annonce un plan de soutien à l'économie locale, à hauteur d'1 million d'euros.

Montauban est la 2ème ville de l'ancienne région Midi-Pyrénées, avec 60 810 habitants (au 1er janvier 2017). Proche de Toulouse, et profitant de son rayonnement économique, la ville d'Ingres a gagné 3 923 habitants en cinq ans. Les principaux secteurs économiques sont l’agroalimentaire, l’électronique et la sous-traitance aéronautique mais la question de l'emploi y reste centrale, le taux de chômage à Montauban étant de 12 %, soit plus de deux points au-dessus de la moyenne nationale.