Mardi 18 mai, un ex-éducateur sportif est jugé à Montauban (Tarn-et-Garonne) pour agressions sexuelles sur onze jeune filles de moins de 15 ans, entre 2012 et 2018. Parmi-elles, Maud. Quatre ans après les faits, la jeune femme reste traumatisée par les gestes déplacés de son entraîneur. Témoignage
Quatre ans après les faits, Maud reste encore traumatisée. À l'âge de 13 ans, cette passionnée de gymnastique a subi des gestes déplacés de la part d'un de ses entraîneurs à Montauban (Tarn-et-Garonne). Elle se considère comme victime d'un prédateur sexuel et a décidé en 2019 de porter plainte pour agression sexuelle.
Tarn et Garonne : un éducateur sportif sera jugé le 18 mai pour agressions sexuelles sur onze petites filles https://t.co/7N7hoLpNNh pic.twitter.com/CLiSXeFYRl
— France 3 Occitanie (@F3Occitanie) April 30, 2021
Maud n'est pas la seule à avoir souffert de ces agissements. De 2016 à 2018, cet éducateur sportif donnait aussi des cours de gym dans cette salle des fêtes de Montesquieu (Tarn-et-Garonne) à de petites filles âgées de 5 à 12 ans. Au total, onze jeunes filles ont porté plainte. Au total, 500 images pédopornographiques ont été saisies sur le disque dur de cet ex-éducateur sportif. Après avoir un temps nié, aujourd'hui l'homme reconnaît son penchant pédophile. À la veille du procès, leurs mamans attendent beaucoup de la justice. Maud, elle espère qu'il ne sera plus en mesure de tels agissements.
France 3 Occitanie : Comment se passaient les entraînements avec ce monsieur ?
Maud : C’était un entraînement normal mais au fur et à mesure je me suis rendu compte qu’il avait deux comportements différents entre ma copine et moi et le reste de l’équipe. Lorsque nous montions à la barre, ma copine et moi, au lieu de nous prendre par les cuisses, notre entraîneur nous prenait par l’aine. C’était tout le temps comme cela. Il nous attirait avec des Kinder Bueno.
France 3 Occitanie : C’est-à-dire ?
Maud : Il nous disait : "faites 10 tractions enroulées et si vous y arrivez, vous aurez un Kinder Bueno". En sachant que pas grand monde y arrivait. Lorsque les autres n’y arrivaient pas, il leur disaient "vous descendez et vous regarder les autres passer". Tandis que moi, lorsque je passais, il venait m’aider, me touchait la poitrine, les fesses…
France 3 Occitanie : À quel moment t’es tu rendu compte qu’il y a avait un problème ?
Maud : Tout cela me mettait très mal à l’aise mais je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. Il a fallu attendre le milieu de l’année pour que je comprenne qu’il y avait une différence entre les autres filles et moi. Le mercredi, il m’entrainait, mais le mardi et le jeudi, c’était une femme. C’est là que j’ai vu la différence.
France 3 Occitanie : Tu en as parlé ?
Maud : J’en ai parlé à cette entraîneuse qui m’a dit que c’était normal. Que c’était pour nous préparer. J’avais treize ans et j’étais entre le « c’est normal » et le « ce n'est pas normal ». Je voyais que cela n’allait pas, mais cette femme d’une cinquantaine d’années me disait qu’il n’y avait pas de problème. Donc, au final, je me suis rangée à son avis.
France 3 Occitanie : Comment est le regard des autres ?
Maud : C’est compliqué. Au départ, j’ai beaucoup souffert du regard des autres. Lorsque cette histoire est sortie en décembre 2019, ma cousine était là lorsque j’ai avoué à ma mère. Et le soir, j’ai eu besoin d’en parler. Je n'avais jamais rien dit. Le soir, j’ai écrit un message et je l’ai envoyé à ma cousine. De là, elle m’a répondu « n’abuse pas, tu ne t’es pas faite violer. Tu as fait ta première fois avec ton copain, cela ne t’a donc pas marqué plus que ça". Donc cela a été difficile. Désormais, c’est soit vous me croyez, soit vous ne me croyez pas. Ce n’est pas grave. Cela ne changera pas ma vie dans tous les cas.
France 3 Occitanie : Quelles conséquences cela a eu sur ta vie ?
Maud : Cela a eu énormément de répercussions sur ma vie. Désormais, j’ai peur des humains. Dès qu’il y a du monde, je ne me sens pas bien. Quelqu’un que je ne vais pas connaître qui va venir me parler, je vais m’enfuir en courant. Une simple tape sur l’épaule, cela me met très mal à l’aise. Actuellement, j’ai un copain et avec lui aussi, c’est très compliqué. Il y a des matins où il va pouvoir venir me faire un câlin, sans problèmes. Mais le lendemain matin, il ne va pas pouvoir me toucher du reste de la journée.
France 3 Occitanie : Pour toi est-ce un viol ou une agression sexuelle ?
Maud : Pour moi, c’est un viol. Il y a eu viol de mon intimité. Là, il n’y a pas eu consentement. Je ne lui ai pas demandé de me toucher l’aine, les fesses.
France 3 Occitanie : Qu’attends-tu de ce procès ?
Maud : J’aimerais vraiment qu’il soit désigné coupable de ce qu’il a fait, car pour le moment, il est dehors. Il vit sa vie. Il travaille. Il peut aller voir sa famille. Moi, je souhaiterais qu’il ait de la prison ferme, car s'il ne prend que du sursis, il pourra continuer à approcher des jeunes filles. Je veux qu’il aille en prison pour qu’il comprenne ce qu’il a pu nous faire vivre.
Ce mercredi 19 mai 2021 à l'audience au tribunal de Montauban, le vice-procureur a requis trois ans de prison ferme avec mandat de dépôt et interdiction d'exercer avec les enfants, contre l'éducateur sportif.