Environ 150 élus et citoyens se sont rendus dans le Tarn-et-Garonne ce samedi 24 juin pour un rassemblement en soutien au maire de Montjoi Christian Eurgal. Ce dernier est victime de violences et de cyberharcèlement suite à un conflit de voisinage entre ses administrés.
“C’est juste pour une histoire de chemin rural il y a 3 ans. Et ça peut arriver à tout le monde”, au micro, le maire de Montjoi, très ému témoigne. Face à lui, environ 150 personnes, élus et citoyens. Ils ont fait le chemin depuis le Tarn-et-Garonne et les départements voisins pour témoigner leur soutien à Christian Eurgal.
3 ans de violences pour un conflit de voisinage
Il y a 3 ans, le maire de Montjoi crée une déviation pour interdire l’accès à un chemin communal qui traverse une propriété privée. Mais un agriculteur refuse d’emprunter cette déviation et le conflit s’enlise, au point que ce dernier est condamné à une peine de 5 000 euros d’amende avec sursis pour séquestration du maire.
Après cette condamnation, l’agriculteur aurait contacté Papacito, un youtubeur toulousain d’extrême droite. Une première vidéo est diffusée pour l’accuser d’avoir favorisé un résident anglais plutôt que l’agriculteur, entraînant de nombreuses menaces contre l’équipe municipale.
Le 11 mai dernier, une nouvelle vidéo est diffusée par ce même youtubeur. Christian Eurgal y est comparé à une fouine, chassée, capturée avant d’être violée et laissée pour morte. Depuis, les menaces pleuvent. “J’ai reçu en une seule journée plus de 1200 e-mails de haine”, témoigne Christian Eurgal. “Maintenant, je vis autrement. Je fais attention à tout, même aux personnes que je croise dans mon village, ça parait aberrant. Ca m’a rendu très méfiant, ma vie a complètement changé.”
L’élu est placé sous protection judiciaire car la violence est encore montée d’un cran au début du mois : le domicile du britannique impliqué dans ce conflit de voisinage a été aspergé de peinture rouge. “Toute la façade en continu est vraiment imprégnée de rouge, et ce qui est particulier c’est qu’ils ont terminé par du noir”, décrit le maire de Montjoi. “Le rouge pour moi ça représente le sang et le noir, c’est la fin, ça veut bien dire ce que ça veut dire, c’est la mort pour moi.”
Hausse continue de la violence envers les élus
Le cas du maire de Montjoi n’est pourtant pas une exception. Agressions verbales ou physiques, cyber-harcèlement… la violence contre les élus augmente sans cesse. 32% de hausse des faits caractérisés entre 2021 et 2022. “C’est honteux, c’est dramatique d’en arriver là”, déplore l’une des maires présente lors du rassemblement. “Lorsqu’on est élu, on se donne pour nos concitoyens, nos riverains et c’est dommage d'être remercié comme ça. C’est très triste d’en arriver là.”
Ce mercredi 21 juin, à Toulouse, le maire Jean-Luc Moudenc et certains de ses adjoints ont reçu des jets d’ordure. La maire de quartier, Nina Ochoa, a dû être conduite aux urgences pour une luxation de l’épaule.
L’Etat prend de nouvelles mesures
En mai dernier, le gouvernement a annoncé un plan pour lutter contre les violences faites aux élus. Nomination d’interlocuteurs privilégiés dans les gendarmeries et commissariats, renforcement du dispositif “alarme élu” qui permet notamment de juger les appels des maires au 17 prioritaires, ou encore durcissement des sanctions pénales... Les mesures sont nombreuses mais ne convainquent pas. “Une loi oui, mais il faut aussi que les gens comprennent que les élus sont avant tout au service de la population, sont un maillon entre l’Etat et la population et il faut aussi qu’il y ait du respect”, insiste Jean-Philippe Bésiers, le maire SE de Castelsarrasin, lui-même agressé il y a deux semaines. “Je demande à l’Etat d’avoir une loi dure et que la justice fasse vraiment son travail pour que ces personnes soient punies.”
A Montjoi, le maire n’a pas l’intention de démissionner malgré les menaces. Sur sa commune d'à peine 160 habitants, l’Etat va déployer 5 caméras de vidéosurveillance.