Autoroute A69 : maintien de l'ordre et entraves à la liberté de la presse au menu de la visite du rapporteur de l'ONU

Le rapporteur de l'ONU sur les défenseurs de l'environnement est allé à la rencontre, jeudi 22 février 2024, des opposants au chantier de l'A69 afin de constater par lui-même les méthodes des forces de l'ordre employées dans le Tarn. Une visite au cours de laquelle la presse a été à nouveau entravée dans son travail.

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Casque sur la tête, debout dans une nacelle, Michel Forst dialogue avec un "écureuil" installé depuis plusieurs jours dans un arbre. Le rapporteur de l'ONU sur les défenseurs de l'environnement est là, comme il le dit, pour "voir par lui-même" la réalité de cette occupation par les opposants à la construction de l’autoroute A69.

Depuis plusieurs jours, ces derniers dénoncent l’attitude des forces de l’ordre à leur encontre. C'est d’ailleurs grâce à sa présence que de l'eau et des médicaments ont pu être finalement transmis aux militants perchés dans les arbres. La veille, le chef de chantier de NGE a, selon les opposants, crevé trois bidons d'eau que les gendarmes avaient accepté de transmettre.

Lire aussi : Suite à des alertes concernant les méthodes de maintien de l’ordre, le rapporteur de l'ONU se rend sur le chantier polémique de l'A69

Une nouvelle évacuation musclée d'un écureuil a eu lieu en présence du rapporteur. En plus de cette opération, de nombreuses photos et vidéos des "exactions" pour empêcher les militants perchés de dormir ou d'être ravitaillés lui ont déjà été envoyées, ce qu'il avait commenté sur X le 16 février dernier :

Les opposants craignent que le rapporteur de l'ONU ne puisse pas les voir de ses propres yeux. "Les exactions, les harcèlements et les mises en danger se sont arrêtés juste avant son arrivée, mentionne une militante qui dort sur place dans sa voiture. La nuit dernière, on nous a laissés dormir, on ne nous a pas harcelés avec des bruits de ferraille, des sifflets et des cris d'animaux et des stroboscopes dans la figure. Je suppose que tout va être fait pour qu'il ne puisse pas constater ! " 

La presse tenue à l'écart

Difficile, voir impossible pour la presse, de couvrir les événements de ces derniers jours sur le site. Les forces de l'ordre tiennent les médias à distance réglementaire.

" Pour nous, journalistes, ce n'est pas possible de passer ? " interroge la journaliste de France 3 Occitanie qui souhaite accéder au site et suivre Michel Forst. "Non, il faut faire le tour, le gros tour", rétorque un gendarme. " Reculez, vous reculez, vous filmez depuis là-bas, c'est pareil", lance un autre militaire quand l'équipe souhaite s'approcher, finalement autorisée à échanger rapidement avec le rapporteur avant qu'il ne parte à la rencontre des "écureuils". " Je vais recueillir leur témoignage, si vous voulez bien me laisser travailler. J'ai besoin d'espace et de calme car c'est confidentiel," prie Michel Forst, à l'attention des forces de l'ordre, également interpellé sur les conditions de travail de la presse.

Entrave à la circulation, à la prise de vue, chantages

La veille, mercredi 21 février 2024, une équipe de France 3 Occitanie était déjà venue sur place. Un écologue d’Atosca les accompagnait afin de réaliser un reportage sur l’avancée du chantier de l’A69. À leur arrivée, les gendarmes leur demandent d’aller se garer le plus loin possible en photographiant au passage leurs cartes de presse.

Alors que le concessionnaire nous avait donné l’autorisation d'aller sur son terrain, qu’un salarié était présent pour nous accompagner, les gendarmes nous ont empêchés d’entrer pour pouvoir faire des images de la coupe des arbres qui se déroulaient de l’autre côté de la route

 Un journaliste caméraman de France 3 Occitanie

Quelques instants plus tard, alors que l'équipe filme la coupe de branches, les forces de l'ordre déplacent deux fourgons pour obstruer les angles de vue des caméras, depuis le seul point de vue pour la presse et les militants. Pendant que l'équipe télé travaille tant bien que mal, une gendarme filme les reporters avec son téléphone, sans aucune explication.

Des conditions de travail inacceptables pour David Bobin, rédacteur en chef adjoint de la locale de France 3 Tarn : "Depuis plus d'un an, les journalistes de France 3 subissent des intimidations de la part de la gendarmerie sur tous les sujets afférant à l'A69.

Depuis 15 jours, ces pressions sont continues et s'accentuent avec une entrave à la circulation, des chantages divers et variés. La préfecture du Tarn alertée à plusieurs reprises n'a pas résolu le problème de manière durable, il faut quotidiennement quémander des autorisations pour exercer notre métier.

David Bobin, journaliste France 3 Tarn

Des méthodes similaires chez certains zadistes

Des méthodes qui semble déteindre également sur une partie des opposants à l'A69. Michel Forst se rend sur la Zad  là où la caméra de France 3 Occitanie n'a pas pu le suivre. La presse n'est pas la bienvenue. Une situation, là aussi, qui à tendance à se reproduire.

durée de la vidéo : 00h01mn37s
Le rapporteur de l'ONU sur les défenseurs de l'environnement est allé à la rencontre, jeudi 22 février 2024, des opposants au chantier de l'A69 afin de constater par lui-même les méthodes des forces de l'ordre employées dans le Tarn. Une visite au cours de laquelle la presse a été à nouveau entravée dans son travail. ©Marion Meyer - Sarah Karama - FTV

"Il y a 15 jours, lors du début de l'intervention des forces de l'ordre sur place, notre équipe a été poursuivie par des membres de la Zad",  rapporte David Bobin. Des journalistes d'autres médias ont également été malemenés. "Depuis le début, la zone est interdite aux caméras et aux médias, rajoute le rédacteur en chef adjoint de France 3 Occitanie. Nous avons tenté de discuter à plusieurs reprises avec eux. Sans succès. Ils voulaient complètement maîtriser ce que l'on devait filmer. La liberté de la presse n'est pas garantie." Des pratiques déjà rencontrées, il y a 9 ans, dans le nord du Tarn sur la Zad de Sivens.

Un sujet peut-être abordé par Michel Forst lors de sa rencontre avec le préfet du Tarn ce vendredi 23 février. Les conclusions du rapporteur de l’ONU sont donc très attendues par les opposants et seront scrutées par les journalistes qui ne demandent qu'à être au plus près de l'information.

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