Entre Tarn et Aveyron, le projet de candidature du viaduc ferroviaire du Viaur au patrimoine mondial de l’Unesco

C’est une dentelle de fer accrochée à 116 mètres de hauteur. Véritable œuvre d’art, le viaduc ferroviaire du Viaur qui relie le Tarn à l’Aveyron se fond dans le paysage du Ségala. Conçu par Paul Bodin à la fin du 19ème siècle, il pourrait bientôt être inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.

C’est un trait d’union entre le Tarn et l’Aveyron, un ouvrage exceptionnel qui enjambe à 116 mètres de hauteur la vallée du Viaur. Long de 460 mètres, le viaduc ferroviaire est un géant d’acier de 3734 tonnes qui appartient aujourd’hui à la SNCF. Conçu à la fin du 19ème siècle par l'Albigeois Paul Bodin, ingénieur de la société de construction des Batignolles, son architecture est unique. Une structure dite à "arcs équilibrés" ou "à poutres balancées". Une technique révolutionnaire, unique au monde à l’époque.

Un ouvrage à arcs équilibrés, une prouesse architecturale

Il faut descendre dans ses appuis pour mieux comprendre cette prouesse architecturale de la fin du 19ème siècle. Sous ses jupes, le viaduc est un enchevêtrement d’acier dont les pièces ont été assemblées avec un million de rivets. L’ingénieur albigeois Paul Bodin remporta le chantier face à Gustave Eiffel, un projet retenu pour son audace technologique des arcs équilibrés et leur clé articulée, et son esthétique.

"La particularité, c’est que le viaduc est supporté par quatre pieds. C’est une architecture exceptionnelle constituée de deux arches articulées appuyées sur ces piliers de chaque côté et en son milieu par une clé qui est un gros cylindre", explique Jean Sorel, membre de l’association pour la valorisation du viaduc du Viaur.

Ce géant d’acier a été bâti à l’intérieur d’un échafaudage en bois suspendu. Sa construction a débuté côté Tarn sur la commune de Tanus, puis l’échafaudage a été démonté et remonté côté Aveyron sur la commune de Tauriac-de-Naucelle. Les travaux ont duré 7 ans, mobilisant 200 ouvriers spécialisés sur ce chantier. L’ouvrage d’art a été inauguré en 1902 où pour la première fois la bête noire siffla au-dessus du Viaur.

"On est sur le principe des arcs équilibrés, quand on voit la finesse du viaduc en son milieu par rapport aux autres viaducs, on a une finesse que l’on ne retrouve pas ailleurs et jamais retrouvée depuis", précise Jean Soler.

Un viaduc ferroviaire pour désenclaver le territoire

Au 19ème siècle, le chemin de fer arrivait de Toulouse jusqu’à Carmaux mais l’accès à Rodez était difficile car la vallée du Viaur représentait un obstacle de taille. L’ouverture de la ligne en 1902 fût une véritable révolution agricole pour la région pauvre du Ségala. Les échanges de marchandises, l'affluence touristique ont permis au territoire de se désenclaver et de se développer.

"Le Ségala tarnais et aveyronais était un pays très pauvre, cela a permis de faire venir de la chaux de Carmaux, le chaulage fait disparaître les champs de seigle et cela a permis de développer l’agriculture, toute une économie", explique Rolande Azam, élue au patrimoine et au tourisme à la mairie de Tanus dans le Tarn.

Le Viaduc du Viaur, candidat à l’Unesco

Toujours en activité, le viaduc ferroviaire du Viaur s’inscrit aujourd’hui dans le territoire comme un héritage, l’histoire d’un patrimoine que les élus et les associations veulent faire connaître. Cet ouvrage remarquable est malheureusement resté trop longtemps dans l’oubli, à tel point que les communautés de communes du secteur souhaitent son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Une candidature commune avec cinq autres ponts européens. Un label qui pourrait relancer l’économie touristique, explique Didier Somen, président des communautés de communes du Carmausin Ségala.

"Pour la région c’est un phare fort, une vraie reconnaissance et un focus sur ce territoire en termes de développement économique et touristique. L’idée de cette inscription, c’est aussi de développer des infrastructures, l’accueil, la possibilité d’hébergement, un travail de longue haleine. C’est un projet d’importance, il faut du temps et de la patience que l’on portera le plus loin possible".

Il y a plus d’un siècle, l’ouverture de la ligne a permis au territoire de s’émanciper. Le voyage n’est pas terminé, l’inscription à l’Unesco de ce magnifique ouvrage est pour les habitants de la vallée, la promesse d’un avenir meilleur.

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