Les sages-femmes usagères de la maison de naissance "Doumaïa" à Castres se mobilisent. Le gouvernement s’était engagé à créer 12 maisons de naissance d’ici 2022, aucune n’a vu le jour. Elles lancent un appel urgent à signatures afin de relancer les maires, députés et sénateurs d’Occitanie.
Les sages-femmes usagères de la maison de naissance "Doumaïa" à Castres se mobilisent et lancent un appel urgent à signatures auprès du grand public. Une recherche de soutiens pour interpeller les maires, députés et sénateurs d’Occitanie sur la situation de ces structures. Elles demandent un engagement politique fort dans l’accompagnement des nouveaux projets et la facilitation du contact avec les maternités partenaires.
En 2020, le gouvernement s’était engagé à créer 12 maisons de naissances d’ici fin 2022, aucune n’a vu le jour.
"Cette situation est alarmante et risque de freiner le développement des maisons de naissance en France, alors que de plus en plus de femmes demandent ce type de prise en charge. Selon un sondage IPSOS en 2020, une femme sur cinq souhaitait accoucher en maison de naissance".
Le député Renaissance du Tarn, Jean Terlier, avait déjà alerté la ministre de la solidarité et de la santé en mai 2019 sur la fin prochaine de l’expérimentation des maisons de naissance autorisée par la loi du 6 décembre 2013. Il y a trois ans, le député s’était aussi mobilisé pour assurer la pérennité de la maison de naissance Doumaïa à Castres. "Il faut désormais pérenniser ce dispositif et pouvoir l'étendre sur le territoire" avait-il déclaré.
Aujourd’hui sa position reste la même. "J'ai toujours soutenu la maison de naissance Doumaïa et le maintien des maisons de naissance et je continuerai à le faire", réaffirme le député Renaissance du Tarn.
Une maison de naissance pour un accouchement " naturel"
La maison de naissance est un espace d’accueil pour un accouchement physiologique. C’est un lieu de soin rattaché à une maternité, qui permet à une femme enceinte d’être suivie tout au long de sa grossesse, et même après par une même sage-femme. C’est elle qui prendra en charge l’accouchement dans ces maisons dédiées, un accouchement sans anesthésie péridurale et où la prise en charge de la douleur se fait sans recours aux médicaments. Seules sont admises les femmes qui ne présentent aucune pathologie particulière.
En Occitanie, l’association maison de naissance Doumaïa à Castres fait partie des huit structures pilotes qui avaient été autorisées en 2017 à fonctionner de manière expérimentale pendant 5 ans. Selon la sénatrice Muguette Dini qui avait proposé ce projet de loi, 60 000 femmes pourraient être intéressées en France par ces maisons de naissance.
La maison de naissance Doumaïa a été construite au sein du centre hospitalier de Castres-Mazamet, le CHIC. La structure est gérée par sept sages-femmes selon un protocole établi entre l’hôpital et l’agence régionale de santé(ARS) qui financent ce projet.
La maison de naissance se situe à proximité du service des urgences maternité du CHIC afin de palier tous les problèmes, pour une urgence médicale ou tout simplement parce que lors du travail, la personne ne souhaite plus accoucher au sein de la structure.
Un modèle en danger ?
Autorisées à titre expérimental en 2015, huit structures de ce type sont actuellement implantées dans six régions françaises.
Le texte adopté par l’Assemblée prévoyait en deux ans la création de douze nouvelles structures pour accompagner l’accouchement "naturel". Et la loi du 6 décembre 2023 autorise l’expérimentation des maisons de naissance.
Mais les sages-femmes libérales sont inquiètes et le font savoir au grand public. Elles ont déjà publié une tribune dans le journal Le Monde, le 13 février dernier, afin d’interpeller le gouvernement qui selon elles "doit relancer le développement des maisons de naissance".
"Alors que le gouvernement s’était engagé en 2020 à créer 12 nouvelles maisons de naissance d’ici fin 2022, aucune n’a vu le jour du fait de leur pérennisation. Par ailleurs, les maisons existantes continuent de rencontrer des difficultés dans leur fonctionnement, et leur financement n’est pas pérennisé".
Face à l’inertie des autorités, les sages-femmes usagères de la maison de naissance Doumaïa à Castres lancent un appel urgent et demandent au grand public de se mobiliser. Une manière d’alerter les élus d’Occitanie sur "une situation alarmante" qui pourrait freiner selon elles le développement de ces structures.
La France très en retard
"Ces établissements offrent un accompagnement global de la grossesse et de la naissance, à la fois sûr, bénéfique pour la santé des femmes et des enfants, et même moins coûteux pour les finances publiques. Les pouvoirs publics doivent faciliter le développement de ce modèle", alertaient les sages-femmes dans la tribune publiée dans le journal Le Monde.
Ces structures garantissent la sécurité et le bien-être des femmes et des enfants. En Europe, la France est très en retard pour proposer ce type d'accompagnement, alors que la demande d'une prise en charge pour un accouchement physiologique est en forte augmentation.
