Publié ce 7 novembre, le rapport du Secours Catholique est une photographie de l'état de la pauvreté en France en 2019. Cette année de plus en plus d'étrangers ont sollicité l'aide de l'association.
Chaque année le Secours Catholique établit son rapport sur le profil général des personnes rencontrées en 2018.
Pour ses statistiques 2019, l'association enrichit son rapport du thème des migrations, avec notamment la place des personnes migrantes en France.
La délégation Ariège-Garonne du Secours Catholique apporte son aide aux plus démunis.
30% d'entre eux sont des personnes migrantes sans statut. Souvent déboutées de leur demande d'asile, elles se retrouvent sans droit, sans moyen et à la rue. A Toulouse les personnes dans cette situation seraient plus de 4 000.
Aucune chance pour cette population de s'intégrer dans de bonnes conditions.
Autre point rapporté cette année par l'association locale, la paupérisation des jeunes retraités en milieu rural. Ils ne sont pas propriétaires de leur logement, ils ont peu ou pas cotisé et le jour de la retraite, une fois le loyer payé, ils ont peu de moyens pour survivre.
1,3 millions de personnes accueillies
L'année dernière les 66 000 bénévoles du Secours Catholique ont rencontré 716 500 adultes et 631 000 enfants, au total 1 347 500 personnes réparties dans les 3 500 équipes de l'association en France.Qui sont-elles ?
Les personnes accueillies représentent 56,4 % de femmes, deux tiers ont entre 20 et 50 ans et quatre femmes sur cinq vivent en famille avec enfants.Mais les hommes seuls, sont également en situation de grande fragilité : 47 % sont Français et 40 % sont étrangers.
43,6 % des personnes sont de nationalité étrangère, issus de l'Union Européenne (UE) ou hors UE.
Toujours selon le rapport, les enfants représentent 46% des personnes rencontrées, la moitié vit au sein d'une famille monoparentale.
De plus en plus de personnes ayant un niveau d’études supérieur ont besoin de soutien indique le rapport.
En 2018, 45% des personnes accueillies ont fait des études secondaires, 16,6 % d’entre elles ont un niveau baccalauréat.
Les facteurs aggravant la pauvreté
Le rapport du Secours Catholique révèle une augmentation générale de l'extrême pauvreté.
En 2018, la part des ménages sous le seuil de pauvreté a augmenté de 1,3 point par rapport à l'année précédente.
Une hausse qui tient à la part des ménages sans statut légal stable et à la dégradation de la situation des ménages de nationalité étrangère.
Leurs ressources sont inexistantes ou se limitent à la faible allocation aux demandeurs d’asile (Ada) soit un revenu médian de 210€.
Pour les ménages de nationalité française accueillis par l’association, le revenu médian a augmenté depuis 2010, il atteignait 712€ en 2018.
Le rapport précise que 70% des étrangers arrivés en France depuis plus de 10 ans vivent toujours sous le seuil de pauvreté extrême, alors que ce chiffre s'élève à 57% pour les Français.
Ces disparités s’expliquent en grande partie par un accès difficile au marché du travail pour les étrangers et à un niveau de prestations sociales globalement plus faible.
Trois étrangers sur quatre accueillis depuis moins de 2 ans n'ont pas de statut légal stable, ce qui accentue la grande précarité de cette population.
Le logement est comme l’emploi, indique le rapport, il est l’un des piliers indispensables pour sortir de la précarité.
Les difficultés liées au logement ont des conséquences directes sur la vie sociale et familiale des personnes accompagnées, notamment sur la scolarité, l’emploi et la santé.
Après l'annonce gouvernementale de quotas d'immigration, le Secours Catholique s’inquiète du durcissement de la politique d’accueil des étrangers, plus nombreux chaque année à le solliciter.
L'appel à la solidarité
Pour Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique, la mise au ban d’une partie de la population est génératrice de pauvretés mais aussi de méfiance et de divisions à venir.En conclusion de son rapport, l’association invite chacun « à changer de regard et à se libérer des préjugés et des attitudes discriminatoires envers les personnes migrantes.
Elle appelle les pouvoirs publics à porter un discours positif, encourageant les échanges, les rencontres et la coexistence harmonieuse des cultures et religions diverses, plutôt que le repli sur une soi-disant identité en péril ».
Elles attendent des gouvernements qu’ils encouragent les actes de solidarité plutôt que de les dissuader, voire de les criminaliser.
Le reportage à Toulouse de Karine Pellat et Ophélie Perroux :