La police parisienne expose ses archives de la rafle du Vel d'Hiv

Pour la première fois, la police parisienne ouvre au grand public ses archives de la rafle du Vel d'Hiv dans une exposition qui se tiendra à la mairie du IIIe arrondissement du 16 juillet au 15 septembre prochains.

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Listes de juifs arrêtés, comptabilité de leurs biens saisis, notes des RG sur l'état d'esprit de la population...  La préfecture de police de Paris expose ses archives de la rafle du Vel d'Hiv en juillet 1942. Des documents uniques sur cette tragédie.
 
 
Il y a 70 ans, le 13 juillet 1942, la préfecture de police, sur ordre des nazis, mobilise des milliers de policiers dans Paris et en banlieue pour "l'arrestation
et le rassemblement d'un certain nombre de juifs étrangers" au Vélodrome d'Hiver.
Le 16 juillet 1942, l'état-major de la préfecture signale que "l'opération contre les juifs", commencée à 04H00 du matin, est "ralentie par beaucoup de cas spéciaux : beaucoup d'hommes ont quitté leur domicile hier ; des femmes restent avec un tout jeune enfant ou avec plusieurs ; d'autres refusent d'ouvrir, il faut faire appel à un serrurier (...) l'opération est lente".
Le 17 uillet 1942 à 22H15, un cri d'alarme transparaît à travers la froideur administrative d'une note policière : "Mme Gautier, infirmière de service au Vélodrome d'Hiver, téléphone sur le conseil du secrétariat du préfet de la Seine pour demander à la préfecture de police de mettre à sa disposition des couvertures, bassines et cuvettes dont les internés ont le plus grand besoin". Selon les historiens, les conditions de vie étaient épouvantables au Vel d'Hiv.
Le 21 juillet 1942, encore une note qui détaille le bilan des "opérations de ramassage des juifs" : "Hommes 3.118, femmes 5.919, enfants 4.115, soit au total 13.152 arrestations".
Enfin, le 22 juillet 1942 au matin, un sec télégramme signé "Lambeau" informe : "08H40 - Opérations terminées définitivement au Vel d'Hiv à 08H30 - Vel d'Hiv évacué en totalité". "La base tiquait"

Les Allemands espéraient arrêter 27.427 juifs à Paris et en petite couronne. Au total 13152 personnes furent déportées. 
Moins d'une centaine de ces raflés reviendront d'Auschwitz. Aucun enfant.
 
"Les notes des Renseignements généraux (RG) de l'époque montrent que la rafle a été très mal perçue par la population" témoigne le commissaire de l'exposition, Olivier Accarie Pierson.  "C'était la première fois que tout le monde était arrêté, femmes, enfants et vieillards inclus. Du coup de nombreux policiers avaient fait fuiter l'information la veille de la rafle. Les Allemands étaient furieux", selon Olivier Accarie Pierson.

Outre les rafles, les archives qu'il a longuement parcourues - celles du IIIe arrondissement uniquement, les autres étant passées au pilon à la Libération - racontent la vie sous l'Occupation : "On voit que les gens volent des couvertures, de la nourriture, des tickets de rationnement, du charbon...", détaille M. Trémil, frère du commissaire de l'exposition qui a échappé à la rafle. "La France était exsangue, pillée par les Allemands (...) A Paris, les gens crevaient de faim. C'était l'obsession permanente : trouver à manger", narre le commissaire Françoise Gicquel, responsable du département patrimonial à la préfecture de police.
"Je pensais que les RG allaient caresser le pouvoir dans le sens du poil, mais pas du tout !", s'étonne-t-il. "La hiérarchie collaborait, mais la base tiquait", résume le commissaire Gicquel.


Un peu d'Histoire
Il y a 70 ans, les 16 et 17 juillet 1942, 13.152 Juifs étrangers réfugiés en France étaient arrêtés à Paris par la police française, dont 8.160 enfermés au Vélodrome d'hiver, près de la Seine (XVe), lors de la plus grande rafle de Juifs en France pendant l'Occupation.
Selon Serge Klarfeld, président de l'Association des fils et filles de déportés juifs de France, 1.129 hommes, 2.916 femmes et 4.115 enfants furent entassées au Vel d'Hiv pendant quatre jours.
La quasi totalité des 13.152 des Juifs raflés à Paris furent déportés. Parmi ceux du "Vel d'Hiv", moins d'une centaine - aucun enfant - survécurent, souligne Serge Klarsfeld.
Ils furent ensuite emmenés dans les camps de Beaune-la-Rolande et Pithiviers (Loiret), quelque 3.000 enfants en bas âge étant brutalement séparés de leurs parents déportés les premiers. Les enfants furent ensuite déportés entre le 17 et 31 août à Auschwitz, a
précisé Serge Klarsfeld.
 
 
 
 
Autre exposition à Paris
"C'étaient des enfants": une exposition gratuite sur la déportation et le sauvetage des enfants juifs à Paris, riche de témoignages et de documents inédits, ouvrira ses portes mardi à l'Hôtel de Ville, jusqu'au 27 octobre.
Organisée à l'occasion du 70e anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv, cette exposition est le fruit d'un travail d'une quinzaine d'années mené par la collectivité parisienne et d'une récolte minutieuse d'informations, notamment dans les écoles, collèges et lycées
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