La CGT Santé a demandé jeudi l'annulation d'un accord que vient de passer l'AP-HP (hôpitaux parisiens) pour développer l'accueil de patients aisés venant du Moyen-Orient et augmenter ainsi ses recettes.
Le syndicat, dans un communiqué, rappelle que l'AP-HP (Assistance publique Hôpitaux de Paris) "est un service public dont la mission est de traiter l'ensemble des patients accueillis sur un pied d'égalité". Si ce principe d'égalité n'est pas respecté, le syndicat menace les hôpitaux de Paris de poursuites.
"Il est clair qu'on se donne toutes les possibilités d'actions contre cette mesure y compris judiciaires", a déclaré à l'AFP Christian Prudhomme de l'union syndicale CGT de l'AP-HP. "Si on nous refuse une place pour un patient français aux urgences alors qu'il y a des lits réservés pour les VIP, on portera plainte et on aura quelques arguments", a-t-il ajouté, en faisant référence à la jurisprudence en la matière.
La direction de l'AP-HP a reconnu avoir signé il y a un mois un accord avec Globemed, un partenaire de l'assureur Axa basé au Liban, pour organiser la venue de patients du Moyen-Orient qui seraient accueillis et traités à des tarifs plus élevés qu'actuellement. Limitée dans un premier temps au Moyen-Orient, la coopération pourrait ensuite être élargie à l'Asie, à la Russie et aux anciennes républiques soviétiques, avait indiqué le week-end dernier le Journal du Dimanche (JDD) qui avait révélé l'information, alors que l'AP-HP n'avait pas communiqué sur cet accord.
La proportion de patients étrangers soignés à Paris ne dépassera pas 1% du total des malades, avait indiqué la direction de l'AP-HP le week-end dernier.
"Nous sommes pour l'accueil de patients étrangers mais dans le cadre d'accords de pays à pays" a indiqué M. Prudhomme, médecin urgentiste à Bobigny (Seine-Saint-Denis), précisant que les tarifs fixés pourraient varier en fonction des pays.
A l'heure actuelle l'accueil de patients étrangers, quel que soit leur statut et leurs moyens financiers, se fait plutôt au coup par coup. Les patients les plus
aisés, et eux seuls, sont pris en charge par des médecins de renom dans le cadre de leur activité privée au sein de l'hôpital public. Une activité très controversée car elle donne lieu à l'application d'honoraires jugés excessifs.
L'Allemagne notamment a déjà mis en place des filières VIP dans certains de ses hôpitaux.