Installé en bordure d'un parc d'activités, à l'entrée de cette petite ville du Val-de-Marne, le campement occupe un terrain de plus d'un hectare appartenant à l'Etat et destiné au prolongement d'une route nationale.
Environ 800 Roms installés illégalement sur un terrain à l'entrée de Sucy-en-Brie attendent leur expulsion prévue à partir du 15 septembre, mais l'évacuation de cette "petite ville" qui vit "en autarcie complète" selon la mairie, promet d'être compliquée.
Composé de petites habitations faites de bric et de broc et collées les unes aux autres, il est organisé comme un village avec des ruelles en terre battue jonchées de détritus et débris hétéroclites: carcasse de voiture ou objets calcinés. Pour un responsable policier, le campement est devenu une "petite ville" dont l'évacuation, autorisée par le tribunal de Créteil à partir du 15 septembre, promet d'être un défi pour les pouvoirs publics.
Protégé par un talus qui longe la route de Bonneuil, le terrain, occupé depuis novembre 2011, a d'abord accueilli quelque 80 Roms avant que des vagues successives de nouveaux arrivants, pour certains expulsés de camps en Essonne, Seine-Saint-Denis ou Seine-et-Marne, ne viennent grossir le nombre des occupants.
"Ils sont arrivés de partout", souligne Aline Poupel, membre du collectif Romeurope 94. "La situation est compliquée. Jusqu'en avril, nous y sommes allés régulièrement mais le travail n'est plus possible car il y a trop de monde", ajoute la militante. Un camp "ingérable" Le campement compterait désormais environ 800 personnes, selon plusieurs sources, ce qui en ferait l'un des tout premiers campements d'Ile-de-France. "Le problème, c'est le nombre", se désole la maire (UMP) de Sucy, Marie-Carole Ciuntu, qui s'alarme d'un campement "en autarcie complète".
"C'est la particularité du camp. Il n'y a aucun contact, aucune demande de PMI (Protection maternelle et infantile), de CCAS (Centre communal d'action sociale), de scolarisation. On n'y rentre pas comme ça, personne n'est le bienvenu, indique l'élue. Il a un fonctionnement que certains n'hésitent pas à qualifier de mafieux".
Quelques repères pour mieux comprendre la situation des Roms en Ile de France
- Les Roms originaires de Bulgarie ou de Roumanie, sont ressortissants européens depuis le 1er janvier 207. Ils peuvent donc circuler librement en Europe et venir en France en obtenant un visa de trois mois. En revanche s’ils ont la liberté de circuler, l’accès à l’emploi est plus limité. En effet des mesures transitoires (comme la limitation de l’émigration de travail à certains métiers, le paiement d’une taxe par les employeurs .. .) ont été prises par plusieurs pays dont la France pour éviter l’afflux de main d’œuvre bon marché en provenance de la Bulgarie et la Roumanie. Ces mesures ont fait l’objet d’un assouplissement suite à la réunion interministérielle sur les Roms qui s’est tenue le 22 août dernier.
- Depuis 2000 les mairies ont l’obligation de posséder des aires d’accueil pour les gens du voyage, mais ces terrains sont interdits aux étrangers dont aux Roms. Car ces derniers ne sont pas des gens de voyage. Donc ne pouvant pas s’installer sur ces aires d’accueil, ils investissent les abords de Paris et vivent dans des bidonvilles.