Le 22 et 23 septembre, le FN a tenu ses universités d'été à la Baule. Objectif: les municipales de 2014. Quelles sont les ambitions du parti de Marine Le Pen en Ile de France, une région qui ne lui est guère favorable ?
L'Ile de France reste le maillon faible du Front national. Marine Le Pen y a fait son plus mauvais score dans l'hexagone lors de l'élection présidentielle: 12,28%. "La sociologie des grandes villes ne nous est plus favorable comme dans les années 80. A l'époque, nous étions faibles dans les zones rurales et dans les lointaines périphéries urbaines. Aujourd'hui, c'est l'inverse", explique Nicolas Bay, membre de la direction nationale et élu de Normandie mais qui fut en 2004, tête de liste du MNR de Bruno Mégret en Ile de France.
Professionnalisation
Constat confirmé par les spécialistes de la carte électorale et son score en Seine et Marne. Presque 20%, au-dessus de sa moyenne nationale. Mais lors des législatives du mois de juin, le FN n'a pas réussi à inquiéter Jean-François Copé ou NKM, dans ce type de territoire. Preuve que l'implantation locale compte aussi.
C'est pourquoi, le Front national devrait présenter des listes aux municipales de 2014 dans toutes les villes de plus de 100.000 habitants. Sans espoir démesuré de résultats. "C'est aussi une question de crédibilité de notre organisation humaine. Au niveau local, les gens doivent nous voir sur le terrain", explique Nicolas Bay. En conséquence, un grand plan de formation, va être mis en place auprès des militants et des futurs candidats. Le message est clair: il faut se professionaliser. Il s'agit d'éviter de reproduire ce qui s'est passé lors des cantonales de 2011. Certains candidats, dits fantômes, refusaient d'apparaître sur des affiches. D'autres comme Venussia Myrtil, jeune métisse venue du NPA, candidate dans les Yvelines ont disparu depuis des écrans radars.
Parrallèlement, une reprise en main des fédérations départementales a été entamée par Steeve Briois, le bras droit de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont. Dans son collimateur, celles de l'Ile de France, qu'il considère comme peu dynamiques. Ce qui vaut quelques tensions et échanges de mails avec les responsables franciliens. "On est bien conscient qu'on peut s'améliorer mais il y a une façon de faire. Les méthodes de Briois et ses mots sont parfois un peu brutaux", confie l'un d'entre eux.
Le cas de Paris
Au Front national, on a observé avec attention le sondage du JDD de début septembre sur les municipales à Paris. La liste FN est créditée de 9% des intentions de vote, un niveau bien supérieur à ses scores dans la capitale. En 2008, son score maximum était de 4,8 % dans le XVII ème. "C'est réconfortant mais ça ne m'étonne pas", témoigne Marie-Christine Arnautu, ancienne tête de liste FN aux élections régionales de 2010. "Depuis les printemps, les adhérents reviennent aux réunions et veulent s'investir. Il y a un accueil qu'on n'espérait même pas il y a quatre ou cinq ans", poursuit-elle. La fédération FN de Paris a une histoire particulière. Elle était dirigée par Martial Bild, qui a rompu avec Marine Le Pen et le FN en 2009.
Elle était un peu à l'abandon, mais le sondage du JDD aiguisent les appétits. Paris retrouve un intêret, sinon électoral, du moins médiatique. Un bureau national au mois d'octobre devrait poser les jalons d'une candidature.
"On a une idée pour notre tête de liste", glisse Marine Le Pen à un journaliste du JDD. "Ce sera un membre du bureau politique connu de tous les Français", ajoute un responsable, toujours selon le journal. Bref ce pourrait être "un FN pur jus", comme le souhaite un responsable francilien mais au profil de "sciences-po rassemblement bleu marine", tel que le définit Louis Aliot. Capable de séduire les deux électorats du FN dans la capitale: les arrondissements de droite traditionnelle du 16 ème et 17 ème, et ceux très populaires du XVIII ème, XIX ème et XX ème.