Le député UMP de Paris, Pierre Lellouche, propose de réformer le mode de scrutin des élections municipales dans la capitale. Il veut supprimer l'échelon de l'arrondissement. Explications et interview.
Mercredi 17 octobre, chez nos confrères de France Bleu 107.1, le député de Paris UMP, Pierre Lellouche a annoncé qu'il souhaitait déposer une proposition de loi afin de changer le mode de scrutin des municipales dans la capitale. Il veut que Paris obéisse aux mêmes règles que les autres communes. C'est à dire que les partis présentent une liste sur l'ensemble de la ville et non dans chaque arrondissement comme c'est le cas actuellement. Pour lui, il s'agirait d'une avancée démocratique qui renforcerait le lien entre les citoyens et le maire de Paris. Pour France3 Ile de France, il développe son idée.
1) Quel est le sens de votre proposition de loi ?
Pierre Lellouche: Il faut sortir d'un archaïsme baroque qui interdit au maire de Paris d'être élu directement par la population. Passer comme c'est le cas aujourd'hui par l'échelon intermédiaire des arrondissements me semble dépassé. Les habitants de la capitale doivent avoir le droit d'élire directement, le ou la personne qu'ils souhaitent avoir à la tête de leur ville, comme à New York ou à Londres. En 2014, un maire élu de plein droit par les parisiens me semble cohérent pour un mode de gouvernement moderne.
2) N' y a-t-il pas une arrière pensée politique dans votre proposition. Seul un changement de scrutin pourrait permettre à la droite de reprendre Paris?
Ce n'est pas politicien. Ce serait juste fair play et équitable. Le mode de scrutin actuel rend de facto impossible l'alternance à Paris. Car dans les arrondissements se sont crées des bastions et des clientèles locales. Si Madame Hidalgo devait se présenter à une élection directe, comme je l'imagine, ce serait beaucoup plus ouvert. On jugerait équipe contre équipe, personnalité contre personnalité. La démocratie y serait gagnante.
3) Cela veut-il dire que vous supprimez les mairies d'arrondissement ?
Les mairies d'arrondissement sont d'abord des structures administratives pour l'obtention des passeports ou des fiches d'état-civil. Mais elles n'ont pas d'impact sur la politique municipale. Tout est géré par la mairie centrale dans les bâtiments de l'Hotel de ville.
On pourrait avoir 20 personnes, élues ou fonctionnaires, qui seraient nommées à la tête des arrondissements (un peu comme des préfets ndlr) pour gérer l'administratif et le quotidien. Les débats politiques pourraient se faire dans le cadre de conseils de quartier rénovés ou par le biais de consultations régulières de la population sous forme de micro-référendum sur les questions de l'arrondissement.
Quel est le mode de scrutin en vigueur à Paris ?
Le système électoral de Paris est régi par la loi PLM de 1982.
L'échelon territorial n'est pas la commune mais l'arrondissement. Les élections municipales se déclinent au pluriel dans la capitale, car en fait il s'agit de vingt élections concomitantes dans chacun des arrondissements.
Les partis présentent des listes dans chaque arrondissement (on n'est pas obligé de présenter des listes dans tous les arrondissements). Et en fonction du score dans l'arrondissement, les listes se répartissent le nombre de conseillers de Paris. Ceux-çi au nombre de 163, élisent ensuite lors de la première réunion du conseil municipal le maire de Paris.
Le nombre d'habitants de l'arrondissement détermine le nombre de conseillers de Paris. Ainsi le 2 ème arrdt envoie seulement 3 conseillers de Paris à l'Hôtel de Ville, alors que le 15 ème, le plus peuplé de la capitale, en fournit 17.
Cette règle mathématique explique qu'en 2001, alors que la droite était majoritaire en voix dans la capitale, c'est la gauche qui avait emporté la mairie de Paris parce qu'elle avait fait de bons scores dans les arrondissements les plus peuplés.
Aujourd'hui la répartition est la suivante.
La gauche détient 12 arrondissements: 2e, 3e, 4e, 9e, 10e, 11e, 12e, 13e, 14e, 18e, 19e, 20e
La droite détient huit arrondissements: 1 er, 5e, 6e, 7e, 8e, 15e, 16e, 17e
