Jeudi 25 octobre, Jean-François Copé et François Fillon s'affronteront sur France 2. Un même duel fratricide avait opposé Roger Karoutchi et Valérie Pecresse sur France3 Ile de France au moment des régionales. Comment l'ont-ils vécu ?
C'est un paradoxe. Jean-François Copé et François Fillon vont débattre l'un contre l'autre devant plusieurs millions de téléspectateurs, alors que ce sont uniquement les militants UMP (une infime partie de l'audience possible) qui vont voter. A contrario, aucun débat physique n'est organisé devant les adhérents du parti, et les deux candidats à la présidence font campagne par meetings interposés.
La situation est donc relativement inédite. La primaire du PS pour la présidentielle était elle ouverte à tous. Un débat télévisé avait donc un sens. Inédite. Pas tout à fait. En 2009, un débat avait opposé sur France 3 Ile de France, Valérie Pécresse et Roger Karoutchi alors adversaires lors d'une primaire auprès des militants pour désigner la tête de liste aux régionales en Ile de France.
Peut-on comparer les deux débats ? Et comment se prépare-t-on à cette confrontation inhabituelle ?
Pour des raisons de disponibilité de studio, l'émission était enregistrée le samedi à 8h30 dans les conditions du direct (pas de remontage ou de postprod) pour une diffusion le même jour à 11h30. Il fallait donc se lever tôt. Valérie Pécresse est arrivée fatiguée, le visage marqué par la semaine de négociations avec les chercheurs et les syndicats étudiants sur la réforme des universités. Elle est donc restée plus de temps au maquillage, ce qui a fini par agacer un peu Roger Karoutchi qui y voyait une différence de traitement. Il est néanmoins habituel que le maquillage prenne plus de temps pour les femmes que pour les hommes.
Ce fut le seul moment de petite tension. Car, pour le reste les candidats et leurs staffs se saluèrent poliment mais restèrent à l'écart des uns des autres, ne jouant pas la franche camaraderie, signe que ce débat avait un enjeu. "Même si seulement les militants votaient, on était conscient que c'était aussi les futurs électeurs d'Ile de France qui nous regardaient. L'élection régionale avait lieu juste un an après. Là aujourd'hui,c'est différent. On est quand même très loin de l'élection présidentielle de 2017", commente Roger Karoutchi, qui soutient Jean-François Copé.
Tutoiement de rigueur ?
Lors du débat sur France 3 Ile de France, Valérie Pécresse et Roger Karoutchi s'appellent par leurs prénoms et se tutoient. "Je n'avais pas réflechi à cela. On se tutoie dans la vie de tous les jours. Ca s'est fait naturellement", explique Roger Karoutchi. François Fillon et Jean-François se tutoient également dans la vraie vie. Pareil à la télé ? "S'ils se vouvoient, ça fera sans doute plaisir à l'opinion qui est habitué à ce code à la télévision pour les émissions politiques. Mais ça étonnera nos militants. Le tutoiement fait partie de la convivialité de nos débats internes. A la télévision, c'est vrai, ça oblige à lisser", juge le sénateur des Hauts de Seine
Comment se démarquer ?
"Le premier qui déclenche les hostilités perd des points", prévoit Roger Karoutchi. Va-t- on assister alors une lénifiante juxtaposition de phrases aimablement dites. Pour le "Des paroles et des actes" de jeudi, le dispositif est assez cadré. Copé et Fillon passent successivement devant les intervieweurs. Et il y aura une demi-heure de confrontation mais à l'américaine, chacun devant un pupitre et parlant tour à tour. "Ils ne sont pas censés s'interpeller et se répondre. C'est possible néanmoins qu'il y ait des allers-retours entre les deux", prévient Roger Karoutchi.
"Lors de notre débat avec Valérie Pécresse, c'était différent. C'était une vraie confrontation directe, face à face. Et le débat portait sur le fond et notre vision de la région Ile de France. C'était un vrai débat d'idée", poursuit-il, suggérant donc qu'il ne faut pas attendre des choses extraordinaires du débat de jeudi.
Par certains côtés, la campagne de la primaire UMP pour les régionales de 2010, ressemble à celle pour la présidence de l'UMP. Ils ne sont que deux. L'un représente la légitimité du parti, l'autre une forme de stature plus nationale ? "Si on veut", répond Roger Karoutchi. "Mais c'est fois-çi, c'est un vote papier et pas un vote électronique comme pour moi", glisse-t-il en riant.
Un sourire un peu triste. Pour la primaire de 2009, le soir de la défaite, il était persuadé que le scrutin n'avait pas tout à fait été régulier. On lui avait demandé alors de mettre un mouchoir sur ses états d'âme.