D'ici la fin du siècle, il fera de 2 à 4 degrés de plus en région parisienne, il faut ausi s'attendre à 12 fois plus de jours de canicule dans la capitale, selon une vaste étude de Météo France publiée jeudi.
Lancé en 2008, le "projet Epicea" a été mené conjointement par Météo France et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) pour évaluer les effets du changement climatique et réfléchir à des stratégies d'adaptation dans Paris et ses trois départements limitrophes. Parmi les principaux enseignements des projections réalisées sur la base de deux scénarios du Groupe d'experts sur l'évolution du climat (Giec) :D’ici à la fin du siècle il fera à Paris et dans la petite couronne de 2 à 4 degrés de plus en moyenne.
La tendance est à des hivers plus doux.
Dans les zones vertes (près des bois, grands parcs...), on devrait passer de plus de cinq jours froids (température inférieure à -5°) en moyenne par an à environ une journée d'ici la fin du siècle. En conséquence, on s'attend à une baisse de 30% des besoins en chauffage.
Mais c'est en été que l'évolution de la température est la plus importante (+3,5° et +5° pour les minimales et maximales). "Et contrairement aux résultats attendus", ce n'est pas dans les zones les plus urbanisées qu'il fera plus chaud mais dans les zones végétalisées, en raison d'une baisse des précipitations et d'un assèchement des sols.
Les records devraient être battus dans les zones périurbaines qui cumuleront sécheresse des sols et effets de l'urbanisation.
"Très nette" hausse des canicules
Actuellement, le nombre de "jours chauds" (supérieur à 25°) est de 28 par an en zone urbaine, et 23 dans les zones plus vertes. Ils devraient respectivement passer à 50 et 44, selon le scénario le plus optimiste. La tendance est la même pour les canicules qui seront "en très nette" augmentation, selon le rapport.
Il y a actuellement un jour d'alerte par an toutes zones confondues. "En climat futur, on passe à 12 jours dans les zones urbaines, 9 dans les zones périurbaines et 5 dans les zones rurales", selon le scénario le plus optimiste. Respectivement 20, 16 et 11 pour le plus pessimiste.
Autre enseignement de l'étude : l'existence "d'îlots de chaleur urbains" (ICU) dans le centre de Paris lors de la canicule de l'été 2003, c'est-à-dire "un dôme d'air chaud au-dessus de la ville", explique à L'AFP Julien Desplat, responsable étude et climatologie à la direction Ile-de-france de Météo France.
Des modélisations, prenant en compte l'encaissement des quartiers, la végétation ou encore les propriétés des matériaux, révèlent une différence de 4 à 7 degrés en fin de nuit entre les arrondissements du centre (2è, 3è, 8è, 9è, 10è, et 11è) et les zones alentours moins urbanisées.
La mise en évidence de ces ICU "permet d'élaborer à terme des pistes d'adaptation", explique M. Desplat.
Epicea a testé quatre scénarios pour atténuer les prochaines canicules dans Paris intra muros
recouvrir façades et toitures avec des matériaux très réfléchissants, recouvrir d'herbe les terres nues et la moitié des chaussées de largeur supérieure à 15 mètres, humidifier l'ensemble des chaussées et enfin, la combinaison des trois.
Ce dernier scénario "permet de réduire l'intensité de l'ICU de 1 à 2° en moyenne sur l'ensemble de la canicule, avec des baisses maximales pouvant atteindre 6°", indique le rapport.
>> Un reportage de Norbert Cohen et Emmanuelle Hunzinger