Une policière et son amant, un dealer présumé de Seine-Saint-Denis impliqué dans une affaire de stupéfiants, dorment désormais derrière les barreaux, trahis par leur train de vie sans rapport avec leurs revenus.
Affectée au service de nuit de la Direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP) en Seine-Saint-Denis, cette brigadière d'une trentaine d'années a été mise en examen le 19 octobre au Havre et écrouée à Rouen, selon une source proche de l'enquête.
L'incroyable histoire, révélée par le quotidien Paris-Normandie, commence en juin 2011 par l'interpellation, lors d'un contrôle inopiné, d'un homme qui transporte de la résine de cannabis dans sa voiture.
Elle se poursuit un an plus tard avec le démantèlement d'un réseau opérant entre l'Ile de France et la Normandie qui s'approvisionnait à Paris et transférait la résine au Havre dans des véhicules encadrés de voitures ouvreuses et suiveuses,connus sous le nom de go-fast.
En remontant la branche francilienne du réseau, les enquêteurs identifient enfin à Paris un dealer présumé vivant du RSA qui est mis sur écoute
et apparaît comme étant le petit ami de la policière, selon une source policière.
La policière suspecte est appréhendée ainsi qu'une de ses collègues qui sera rapidement mise hors de cause : elle avait confié son mot de passe à la brigadière, qui s'en servait pour consulter le fichier Stic (Système de traitement des infractions stockées) et celui des cartes grises.
Les enquêteurs soupçonnent la brigadière d'avoir consulté ces fichiers, sans en avoir le droit, pour renseigner son petit ami. En garde à vue, elle garde toutefois le silence.
Lors des perquisitions seront toutefois retrouvés des photos de voyage du couple, des factures de cadeau et divers éléments montrant un train de vie sans rapport avec le salaire de la policière et le RSA de son petit ami. Ce train de vie avait commencé à étonner ses collègues.
A l'issue de quatre jours de garde à vue, la policière a été mise en examen par le juge d'instruction du Havre chargé de cette affaire puis placée en détention au quartier des femmes de la maison d'arrêt de Rouen.
Au total, cinq personnes toutes interpellées le 15 octobre lors d'une opération coordonnée à leurs domiciles ont été mises en examen dans le cadre de cette affaire dont quatre ont été écrouées.
Dans une affaire complètement distincte, cette fonctionnaire a déjà eu maille à partir avec l'IGS, la "police des polices", dans le cadre d'une enquête disciplinaire, selon une source policière confirmant une information d'Europe 1. Elle a été suspendue plusieurs mois pour avoir sorti son arme de service dans la file d'attente d'un commerce, lassée d'attendre à la caisse.
La policière avait sorti son arme dans un magasin
"Les clients ne bougeaient plus, ils étaient choqués" : Mohamed Bellaïd, qui se présente comme le gérant d'une supérette de Pierrefite (Seine-Saint-Denis) n'a pas oublié le jour où la policière, amante d'un dealer présumé, a sorti son arme de service dans son magasin.
Ce jour de septembre 2011, M. Bellaïd raconte être à sa caisse, devant une dizaine de clients, quand il est appelé à quitter son poste un instant.
"J'ai quitté ma caisse en m'excusant. Quand je suis revenu, une dame dans la file a commencé à s'énerver, à faire des gestes. Elle était vraiment agressive. Je lui ai dit : Vous devriez vous calmer, sinon j'appelle la police. Elle a sorti son arme de son sac à main en disant: Je suis
de la police. Les clients ne bougeaient plus, ils étaient choqués, comme moi",poursuit-il.
La jeune femme tient la crosse de son arme de service, le canon pointé vers le bas, et les cartouches dans une main. "Tous les clients ont vu l'arme. La policière était vraiment hystérique", assure M. Bellaïd, qui lui demande de présenter sa carte.
Face à son refus, il tente de joindre la préfecture de police de Paris, qui le renvoie sur le commissariat de Stains.
"Quand j'ai raccroché, il y avait du monde, les clients étaient stupéfaits. J'ai calmé le jeu. Elle est arrivée à proximité de la caisse avec sa fille dans le chariot. Je n'ai plus rien dit. Elle ne me parlait plus. Ensuite, on l'a suivi dehors pour prendre le numéro de sa plaque d'immatriculation", témoigne-t-il.
Le lendemain du dépôt de sa plainte au commissariat, M. Bellaïd dit avoir reçu la visite du "commandant de police de Stains". L'enquête, depuis, a été confiée à l'Inspection générale des services (IGS), la police des polices, qui a suspendu la jeune femme plusieurs mois, selon une source policière.