Les municipales à Paris sont dans un an et demi mais Brigitte Kuster et Bernard Debré s'affrontent déjà pour savoir qui conduira la liste UMP dans le XVII ème.
Deux légitimités face à face. D'un côté, Bernard Debré député d'une partie de l'arrondissement. De l'autre, Brigitte Kuster maire du 17 ème depuis 2008.
Le célèbre urologue est le premier à déclencher les hostilités. Dans une interview au JDD, il se déclare prêt à conduire la liste UMP dans le XVII ème aux prochaines municipales. Y compris en liste autonome face à Brigitte Kuster, ajoute-t-il le lendemain sur BFM-TV. C'est cette dernière interview qui suscite une réaction immédiate de Brigitte Kuster, par un communiqué lundi en fin d'après-midi. "Bernard Debré commet une grave faute politique", juge la maire du XVII ème.
Cette rivalité n'est pas nouvelle. Les deux élus s'étaient déjà affrontés aux dernières législatives dans la 4 eme circonscription, nouvellement redécoupée. Elle se situe à cheval entre le XVI ème (dont Bernard Debré était l'élu) et le XVII ème (Françoise de Panafieu ne se représentait pas). Député sortant, Bernard Debré avait eu l'investiture de l'UMP, Brigitte Kuster s'était présentée en dissidente. Au premier tour, il avait devancé largement sa concurrente y compris dans la partie du XVII ème (36 contre 28%). Un score que chacun avait trouvé encourageant pour la suite.
Chaque candidat fait jouer ses soutiens pour monter au créneau. Ainsi Pierre-Yves Bournazel soutien de Brigitte Kuster. "Bernard Debré ouvre un front de division dans un arrondissement fragile. C'est inadmissible. On n'a pas besoin de personnalités qui se servent de leur aura médiatique pour taper sur des élus de proximité", explique l'élu du XVIII ème.
De son côté, Bernard Debré peut compter sur le soutien de conseillers municipaux de l'arrondissement. Depuis 2008, ils contestent régulièrement l'autorité de Brigitte Kuster. "Bernard Debré a toute la légitimité pour conduire une liste puisqu'il est le seul parlementaire de l'arrondissement", commente Catherine Dumas, élue du XVII ème et ancienne sénatrice. "Mais je ne vois pas comment on peut faire autrement que de présenter une liste unique", s'empresse-t-elle d'ajouter.
En 2008, l'UMP n'avait gagné le 17 ème qu'avec 2500 voix d'avance sur la gauche. Et si elle veut reconquérir la mairie de Paris, il lui faut reprendre des arrondissements mais aussi ne pas en perdre.
En attendant de trancher ces dissenssions internes qui ne sont pas nouvelles, chacun va attendre l'issue du vote pour la présidence de l'UMP. Brigitte Kuster soutient Jean-François Copé. Elle était même mardi matin en une de la homepage du site internet du candidat. Bernard Debré lui soutient François Fillon.
Le futur président de l'UMP devra régler les querelles parisiennes. Mais celles-çi ne sont pas la meilleure des publicités pour faire venir un candidat de l'extérieur.
Jean-François Legaret, président du groupe UMP au Conseil de Paris avait proposé des primaires pour désigner les candidats UMP dans chaque arrondissement. Cet avis n'avait pas rencontré un franc succès. "Trop lourd à mettre en place", pour un élu parisien. "Ce serait dangereux. Il vaut mieux l'éviter", témoigne un autre.
Le duel Kuster/Debré peut relancer cette option. "S'il faut passer par des primaires pour régler ce genre de cas, faisons le, mais ce n'est pas la solution", déclare,sceptique, Pierre Lellouche. Afin d'éviter les baronnies locales, le député UMP de Paris propose carrément un changement de scrutin.
Reste que ce duel ramène la droite parisienne à ses éternelles divisions. "Tout cela est triste voilà. Je me mets à la place de l'électeur de base à Paris qui n'est pas franchement convaincu par Delanoë et qui aimerait entendre quelquechose qui ressemble à une alternance possible. Ce n'est pas comme cela qu'on s'y prend", conclut Pierre Lellouche.