Un témoin-clé dans l'affaire de Villiers-le-Bel (95), qui avait accusé plusieurs émeutiers présumés d'avoir tiré sur des policiers en 2007, assure avoir été victime d'une violente agression.
Christopher Bénard, qui avait accepté de témoigner à visage découvert lors du procès d'assises en juin 2010, a assuré avoir été agressé lundi 19 novembre, vers 13H00 à Montesson (Yvelines) par deux personnes armées d'un marteau et d'une serpette, qui lui ont reproché d'être une "sale balance".
"J'étais en scooter, en pleine campagne. Une grosse cylindrée s'est mise à me suivre, puis m'a barré la route", a raconté le jeune homme de 24 ans, qui a déposé plainte mardi 20 novembre au commissariat de Houilles (Yvelines), en produisant un certificat médical.
"J'ai enlevé mon casque. Deux hommes casqués sont alors descendus de la moto. L'un m'a mis un coup de marteau à l'omoplate, et l'autre un coup de serpette à l'arcade sourcilière. Ils m'ont traité de +sale balance!+", a ajouté M. Bénard, qui dit avoir "failli perdre un oeil".
M. Bénard, qui a bénéficié d'une incapacité totale de travail (ITT) de deux jours, dit n'avoir aucune idée sur l'identité de ses agresseurs mais pense "que ça a un lien avec l'affaire de Villiers-le-Bel".
Fin novembre 2007, cette commune avait connu deux soirs d'émeutes après la mort de deux adolescents dans la collision entre leur moto et une voiture de police. Une centaine de policiers, visés par des tirs d'armes à feu, avaient été blessés et plusieurs commerces vandalisés.
Pendant l'enquête, Christopher Bénard avait affirmé avoir entendu les aveux de deux des accusés, alors qu'il se trouvait au dépôt de la Cour d'appel de Versailles en mars 2008. L'un d'eux aurait ainsi affirmé: "J'ai tiré mais ils ont pas de preuves et je vais bientôt sortir".
Lors du procès en appel, en octobre 2011, M. Bénard était toutefois revenu sur ses déclarations, assurant avoir été "manipulé" par les policiers. Le jeune homme a publié en juin un livre intitulé "Révélations sur les émeutes de Villiers-le-Bel". "Depuis cette date, j'ai reçu des menaces par téléphone",
a assuré M. Bénard, qui avait déjà reçu des menaces de mort suite à ses déclarations de 2008.
Selon son avocate, Me Alexandra Hawrylyszyn, ces différentes plaintes ont toutefois été classées sans suite.