Les syndicats du commerce parisien ont assigné en justice le groupe Sephora (LVMH) pour dénoncer l'ouverture nocturne de son magasin des Champs-Elysées. Une décision en référé est attendue jeudi devant le TGI de Paris.
Le Clic-P (intersyndicale du commerce de Paris CGT, CFDT, FO, CFTC, SUD et CGC), reproche à l'enseigne d'ouvrir au-delà de 21H00 son magasin situé sur la célèbre avenue parisienne. Or la loi stipule que le recours au travail de nuit (après 21H00 et jusqu'à 6H00) est en principe exceptionnel et doit être justifié par la nécessité d'assurer la continuité de l'activité économique ou des services d'utilité sociale.
Sephora a répliqué en publiant une pleine page dans la presse, titrée "l'emploi menacé aux Champs-Elysées". Dans ce texte écrit en blanc sur fond noir, le distributeur, qui emploie 4.500 personnes en France, indique que "son plus grand magasin au monde (...) est aujourd'hui menacé d'obligation de fermeture dès 21 heures à la suite d'une action en justice d'une intersyndicale du commerce à Paris, qui a choisi d'agir contre le travail de nuit pour des raisons uniquement idéologiques".
Il indique que l'obligation de fermer à 21H00 "menacerait plus de 45 emplois", faisant valoir que le magasin réalise plus de 20% de son chiffre d'affaires en soirée.
Eric Scherrer, responsable CFTC pour l'intersyndicale, a jugé "le procédé de Sephora profondément scandaleux", estimant qu'ils "utilisent le fait d'être une entreprise riche (...) pour se payer des pages de pub et essayer de faire pression sur la justice". "Le chantage à l'emploi, il y en a vraiment ras-le-bol", a-t-il ajouté. A contrario, une source proche du dossier a argué que "dans cette procédure, les syndicats maison ne se sont pas manifestés, il s'agit d'une plainte extérieure".
"Le magasin des Champs-Elysées emploie près de 200 personnes et fonctionne très bien comme ça depuis 1996. Les salariés touchent 25% de plus pour le travail en soirée et personne ne s'est jamais plaint en 16 ans", a-t-elle dit à l'AFP. Insistant sur le caractère "exceptionnel" de cette ouverture nocturne, cette source a souligné que "c'est le seul des 300 magasins Sephora en France à être ouvert le soir (...) parce qu'il s'agit des Champs-Elysées, la plus grande artère touristique de Paris".
Concernant le travail nocturne, l'intersyndicale du commerce a également engagé des actions contre d'autres enseignes comme Abercrombie ou Uniqlo (Fast Retailing) et obtenu gain de cause par le passé face à Monoprix, le BHV ou les Galeries Lafayette.
M. Scherrer insiste sur le fait que lorsque les entreprises sont condamnées, elles le sont "parce qu'elles sont hors la loi".
Selon la Dares (ministère du Travail), 15,2% des salariés, soit 3,5 millions de personnes, travaillaient la nuit en 2009, habituellement ou occasionnellement. Le travail de nuit peut avoir des répercussions néfastes sur la santé. Une étude publiée en juin, a notamment montré qu'il entraîne chez les femmes un risque accru d'environ 30% de cancer du sein.
Le Clic-P est également à l'origine de plusieurs condamnations liées à l'ouverture du dimanche dans la capitale, notamment dans les supérettes.