Elevage de chevaux : la modernisation des techniques a bouleversé le paysage

Nicolas Millet nous emmène découvrir l'élevage de chevaux en France.
La filière équine s’est modernisée et professionnalisée. Il reste peu de place pour les petits éleveurs tels que l’on pouvait encore les croiser voici une vingtaine d’années.

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L’élevage des chevaux est en relation étroite avec l’activité humaine et ses besoins au fil du temps. De la guerre au sport, de la promenade au travail ou au transport... On ne peut parler aujourd’hui de l’élevage en France sans faire un peu d’histoire.
Le paysage général de l’élevage a été bouleversé depuis quelques années. Les Haras Nationaux qui exerçaient leur tutelle sur l’élevage privé depuis le XVIIème siècle subissent le désengagement de l’état sur cette activité. Ils conservent le Studbook (le grand livre des origines) créé à la fin du XIXème siècle mais n’exerce plus de contrôle en direct sur l’élevage. Ils ne garantissent plus le maintien des races, ne sont plus les garants uniques des standards. Les 21 Haras nationaux sont vendus ou en passe de l’être. L’institution est fusionnée avec l’Ecole Nationale d’Equitation au sein de l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation. Pompadour reste dans le giron parce que ce haut lieu abrite l’administration. Seul Saumur avec son Cadre Noir représentant le prestige de l’école française de dressage dont l’origine remonte à Louis XIV et à son grand Ecuyer François Robichon de la Guérinière résiste à cette révolution.



L'élevage fait partie du monde agricole

Domestiqué, le cheval représente une aide depuis toujours. Très tôt il est un vecteur politique. Un des atouts de richesse. Un signe de prestige.
Pendant longtemps la noblesse et le clergé sont les seuls à pouvoir posséder ces sujets que l’on ne nomme déjà pas « animal » par respect. Cette déférence est encore en vigueur aujourd’hui. L’on dit « jambes » et non « pattes ». Et « bouche » et non « gueule ».
Pour l’organisation de l’élevage dans sa forme moderne il faut attendre la fin du XIX è avec l’établissement du Stubook. A partir de là des races sont stabilisées avec leurs standards.
La motorisation vient modifier considérablement le nombre et les activités dédiées aux chevaux. Le sport l’emporte petit à petit dans le courant du XXè, modifiant les objectifs des éleveurs et les qualités recherchées chez les chevaux qu’ils font naître. Tout au plus subsiste-t-il encore une filière viande de cheval, en décroissance, mais qui connaît depuis quelques jours un regain d’intérêt avec le fameux scandale des « plats de lasagnes surgelés».
Depuis plus de 7 ans, l’élevage des chevaux dépend du domaine agricole. Des règles strictes encadrent l’identification, le choix des techniques de reproduction, le suivi des naissances et la vente. « On a gagné en souplesse ce que l’on a perdu en valeurs » souligne Nicolas Millet.
Certaines races tendent à disparaître. D’autres naissent ou renaissent comme l’Henson, dans le parc du Marquenterre (Baie de Somme).
425 000 chevaux étaient recensés en 2011 toutes races confondues, chevaux de trait compris. (source Agreste)

A chacun sa spécialité, à chacun son cheval


Hier, héritage du domaine militaire, trois disciplines majeures (Dressage, Concours hippique, concours complet) régnaient sur les 6 spécialités que comptait l’équitation (attelage, voltige, polo). Aujourd’hui on compte 30 disciplines et déclinaisons. Ex : la monte western, mais aussi, l’équitation de travail, l’équitation Camargue, l’équitation Portuguaise… A chaque fois, il s’agit d’autant de races avec ces singularités recherchées, ses élevages. Chacun dans son créneau.
Les chevaux eux-mêmes se sont transformés dans les disciplines traditionnelles. En concours complet, on est loin des chevaux lourds rencontrés hier sur les parcours de cross. Ils sont plus petits, ont gagné en souplesse. Ils ont pris du sang, sont plus rapides en même temps que les épreuves sont devenues plus techniques avec plus de combinaisons à sauter et moins d’obstacles gigantesques. Dans le même temps, les chevaux de Sauts d’obstacles, ont pris du cadre. Ils sont plus grands, plus forts. Sans perdre en agilité ni en vivacité. Un Jappeloup de Luze, dernier cheval français à remporter une médaille d’or,  aurait bien du mal à gagner les Jeux Olympiques avec son 1,58m sous la toise. « A l’époque, il était juste… plus petit ».
Professionnalisation, concentration. On ne s’instaure éleveur que rarement dorénavant. Ce métier est encadré, avec des formations diplômantes. « On essaye de limiter le hasard ». Et les usages ont évolué. Les chevaux sont jugés de plus en plus sur leurs qualités techniques et sportives, en situation, et non plus dans des concours où l’on estimait leurs qualités en fonction de leurs modèles et leurs allures. Chaque race est améliorée. Les chevaux en compétition sont devenus des athlètes de bon voire de haut niveau. « Tout est envisagé, préparé. Il est recommandé par exemple de faire suivre à la mère un régime alimentaire deux ans avant la sailie. Rien que la saillie elle-même. Le plus souvent elle est par insémination. L’introduction des paillettes, c’est un geste technique, vétérinaire. »
Autant de temps. Autant de techniques. Autant de coûts.
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