La primaire UMP pour la mairie de Paris vire à la catastrophe. Un cataclysme prévisible et annoncé. Mais, l'UMP avait-elle vraiment le choix ? Décryptage
Leçon n°1 : ne pas avoir de raison valable d'organiser une primaire"Une primaire ça fait moderne". Pas plus de conviction que cela dans la bouche de ce responsable UMP parisien. C'est dans l'air du temps depuis plusieurs mois quand Nathalie Kosciusko-Morizet arrive à Paris en janvier. Elle y est favorable à cette idée de primaire pour la présidentielle. Pour Paris, elle y voit un avantage: couper court aux critiques sur son parachutage. Allons y donc.
Pourtant à l'époque, l'arrivée de NKM est plutôt bien jugée. Il y a quelques poches de résistance, mais la crainte de beaucoup c'est que la député de Longjumeau se présente dans leurs arrondissements. Un syndrome Nimby qu'il aurait été facile de guérir par des promesses d'investiture.
Mais attention à ne pas reproduire le combat fratricide Copé/Fillon. Donnons donc les parrainages à un maximum de personnes. Six au total. Ils se neutraliseront et aucun n'émergera comme challenger.
Seulement voilà l'occasion est trop belle, pour les 4 inconnus (plus Dati comme incongruité) de se payer une campagne de notoriété et d'y prendre goût jusqu'à croire en leurs chances.
Leçon n°2: se fixer un maximum de contraintes
Comment ne pas reproduire le chaos du vote de la présidence UMP ? Celui -ci a été un vote physique et une catastrophe. Organisons donc un vote électronique car il faut tourner la page. Mais, il faut qu'il soit sécurisé. Il faudra donc se signaler pour s'inscrire et payer les 3 euros. Par paiement électronique et carte bleue. Le 3 ème âge va adorer.
Oui mais quand ? De son côté, le PS évoque une primaire pour le mois de juin. A l'époque, Jean-Marie Le Guen menace de se présenter face à Anne Hidalgo. Surtout ne pas prendre de retard pour préparer les municipales. Allez choisissons la fin du printemps. Le lendemain de l'annonce de la date
officielle du vote, Jean-Marie Le Guen annonce son ralliement à Anne Hidalgo. Il n'y aura pas de primaire à gauche. Pas de bol. Ironique et un brin cruel le Jean-Marie
Leçon n°3 : changer les règles en cours de jeu
Vote début juin, signifie campagne en avril et mai. Une période très connue pour la mobilisation électorale. Les ponts et les vacances sont favorables à une réflexion politique à un an du scrutin. C'est donc le flop annoncé. Personne ne s'inscrit. Les Parisiens ne s'intéressent pas cette élection malgré les excellents débats organisés sur les chaînes de télévision.
Et dire qu'à l'origine, les inscriptions devaient s'arrêter le 8 mai. Afin que Docapost puisse faire le travail de vérification nécessaire. Aussitôt, Bournazel, Legaret, Dati et Margain avaient demandé par communiqué un report de cette date de clôture à fin mai. De façon raisonnable.
Mais les parisiens, voire les militants ne se mobilisent toujours pas. Le politique impose de pouvoir s'inscrire pendant les journées de vote. Contre l'avis de Docapost. Et contre l'avis de certains candidats (Bournazel, Legaret, Margain). Le pire c'est que selon l'aveu de certains, ils n'espéraient même pas un rush des inscriptions pendant le vote. Juste quelques centaines de voix supplémentaires. Mais bon, il fallait franchir la barre symbolique des 20.000 électeurs.
Le jeu en valait-il la chandelle. Evidemment non, quand on voit le pataquès d'aujourd'hui.
Leçon n°4: avoir une cible bien visible
NKM est ultra-favorite. Un double désavantage. Ses partisans pensent qu'elle sera élue sans problèmes et ne se mobilisent pas. Et ses adversaires s'en donnent à coeur joie pour la critiquer et concentrer ses attaques sur sa préraphaélite personne.
Frontalement pour Bournazel, en creux pour les autres: parachutages, connaissances de dossiers parisiens, ambitions présidentielles. Et surtout sur son entourage, les barons de la fédé UMP de Paris considérés comme les mauvais génies de la candidate.
Et la première à tirer est Rachida Dati qui en abandonnant la primaire met en cause un scrutin déjà joué et un système médiatique et politique favorable.
Candidate du système. Ce n'est plus un panneau de signalisation, c'est une affiche 4 par 3 comme étiquette. Et à Paris comme dans le reste de la France, on préfère Poulidor à Anquetil, même si c'est Jeannie Longo.
Leçon n°5: mettre au coeur du débat un sujet qui n'a rien à voir
Pour ou contre le mariage gay. Tel serait donc l'enjeu de la primaire. En même comme ils ont peu ou prou, les mêmes idées et le même programme, il faut bien trouver un terrain de différenciation.
Et celui-çi leur est imposé plus que choisi. Certains membres de la manif pour tous en font un critère de choix et appellent à faire battre NKM. Legaret s'engouffre dans la brèche. Il sera le héraut des anti.
J'avais rencontré Franck Margain en tout début de campagne. Je lui avais demandé s'il comptait faire du mariage pour tous un thème de campagne. Il m'avait répondu que non, "qu'il était pour parler de Paris", estimant que c'était sans doute discrimant pour lui de n'apparaître que sous l'angle de membre du parti de Christine Boutin.
On a vu la suite.
Sinon à Lyon ce week-end, il y a aussi une primaire. Et ça a l'air de plutôt bien se passer.
