Une centaine de militants de l'association de lutte contre le sida Aides ont manifesté vendredi devant la préfecture de Bobigny (Seine-Saint-Denis)
pour demander à François Hollande d'abolir une loi de la précédente majorité, qu'ils jugent restrictive pour les étrangers malades.
Scandant "malades en danger, malades expulsés", les manifestants ont déployé des bannières sous les yeux de dizaines d'étrangers venus en préfecture pour demander ou renouveler leurs titres de séjour.
"On manifeste pour dire à François Hollande de tenir ses engagements de campagne (...) et de revenir sur la loi Besson de 2011", a déclaré à l'AFPTV Bruno Spire, président d'Aides.
La France délivre chaque année environ 6.000 premières cartes de séjour à des étrangers malades qui ne peuvent être soignés chez eux et renouvelle les cartes de 20.000 autres, selon des chiffres officiels.
Mais les associations d'aide aux migrants malades contestent une réforme du 16 juin 2011, qualifiée d'"hypocrite" par François Hollande pendant la campagne. Avant juin 2011, il fallait que le traitement d'un étranger soit "disponible" dans son pays pour pouvoir l'y renvoyer. Depuis, il suffit que ce traitement "existe". Dans le rassemblement, vendredi, Nicole Tsague, une Camerounaise porteuse du virus VIH, souligne la différence entre ces deux termes: "On dit qu'il y a le traitement au Cameroun mais je connais des personnes qui n'arrivent pas à se soigner", en raison de coûts prohibitifs ou de difficultés d'accès dans certaines zones.
D'après Aides, la loi de 2011 a rendu possible l'expulsion d'étrangers atteints de maladies graves. L'Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE) faisaient état en mars de sept étrangers atteints d'hépatite C, du sida ou de diabète expulsés depuis l'été. Aides évoque trois séropositifs actuellement menacés d'expulsion car leur demande de titre de séjour a été refusée.
Un rapport de l'inspection générale de l'administration a toutefois jugé à la fin mars que les effets de la réforme avaient été limités par "une interprétation bienveillante de ses conditions par les autorités de santé publique".