Quand des jeunes exigent le retrait de Charlie Hebdo d'une vitrine d'un libraire

Un libraire d'Argenteuil a porté plainte jeudi, disant avoir été menacé par des jeunes qui lui reprochaient d'avoir mis en vitrine des numéros de Charlie Hebdo sur l'Islam.

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 Le libraire, installé dans la cité du Val-d'Argent, dit avoir été menacé de représailles par des jeunes se réclamant de l'islam, mercredi vers 16H00, alors qu'il se trouvait dans sa boutique.
"Les jeunes lui ont demandé de retirer le numéro de son kiosque, ce qu'il a refusé", a indiqué cette source. "Ils l'ont intimidé en frappant sur la vitrine du magasin, mais il n'y a pas eu de coups".
Le commerçant a alors contacté la police, qui l'a escorté jusqu'au commissariat de la ville, où il a porté plainte. Des patrouilles de police ont été mises en place pour surveiller le magasin.


" Sale pute, on va te faire la peau " 

Selon le libraire, les menaces ont commencé à cause de la couverture d'un numéro hors-série de l'hebdomadaire intitulé "la vie de Mahomet", placé en vitrine."Une demi-dizaine de jeunes se sont regroupés devant le magasin, ils ont dit qu'ils allaient me casser la vitrine", a expliqué le commerçant. Par précaution, ce dernier a d'abord retiré le numéro de sa vitrine, avant de se raviser. Sur cette Une, consacrée à la fusillade survenue lors de manifestations favorables à l'ex-président égyptien Mohamed Morsi, et sortie le premier jour du ramadan, l'hebdomadaire titre "le Coran, c'est de la merde", ajoutant, dans un cadre jaune : "ça n'arrête pas les balles".
"L'un des jeunes a alors arraché Charlie de la vitrine, l'a déchiré sur le trottoir. Il est revenu avec deux-trois copains et m'a dit " sale pute, on va te faire la peau", a raconté le commerçant, installé dans le quartier du Val-d'Argent depuis 2005.


" Je fais mon métier, et je n'ai pas l'intention d'en changer " 

"Je ne cherche à offenser personne, je me suis retrouvé confronté à l'obscurantisme et à la voyoucratie", a assuré le libraire, qui dit placer régulièrement Charlie Hebdo en vitrine, au même titre que d'autres journaux.
"Je fais mon métier et je n'ai pas l'intention d'en changer", a ajouté ce libraire, qui dit avoir reçu le soutien du directeur de Charlie Hebdo, Charb.
L'hebdomadaire avait fait l'objet d'un incendie volontaire en novembre 2011, après la publication des caricatures de Mahomet dans un numéro rebaptisé "Charia Hebdo".
Cette affaire intervient dans un contexte de tensions religieuses à Argenteuil, ville de 105.000 habitants située à une dizaine de kilomètres de Paris, près d'un mois après les agressions, en pleine rue, de deux jeunes femmes portant le voile.
Un appel à témoin a été diffusé en début de semaine par la Sûreté départementale du Val-d'Oise, en charge de l'enquête sur les agressions, pour retrouver les agresseurs des deux jeunes femmes. Les enquêteurs recherchent des hommes de type européen, âgés de 20 à 30 ans, et mesurant environ 1,80 m.




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