Comment passer sous la barre des 2.000 morts sur les routes d'ici 2020 ? En ciblant l'alcool et les obstacles au bord des voies, mais surtout en réduisant la vitesse de 90 à 80 km/h.
Alors qu'un rapport préconise d'abaisser de 90 à 80 km/h, l'association 40 millions d'automobilistes lance une pétition en ligne en arguant que les vitesses actuelles ne représentent pas un danger mortel. L'association a par ailleurs adressé dimanche une lettre ouverte au ministre de l'Intérieur Manuel Valls.
Ce rapport -confidentiel- a été commandé en février par le député socialiste du Bas-Rhin Armand Jung, président du Conseil national de la sécurité routière (CNSR), instance chargée de faire des recommandations en matière de sécurité routière. Voici quelques extraits dévoilés par l'AFP.
Réduire la vitesse, mesure "la plus efficace"
Quinze chercheurs et professionnels du secteur, réunis en "Comité des experts du CNSR", ont rendu leur copie le 30 septembre. Selon eux, la réduction de la vitesse maximale autorisée à 80 km/h sur "les routes bidirectionnelles" nationales, départementales et communales où elle est limitée à 90 km/h constitue la mesure "la plus efficace pour réduire la mortalité".
Elle permettrait de sauver 450 vies chaque année si elle s'appliquait sur l'ensemble du réseau concerné, et au moins 200 vies si elle n'était mise en place que dans les zones les plus dangereuses, est-il précisé dans le rapport.
"Un redéploiement et une intensification des contrôles de vitesse" devraient être mis en place sur ces infrastructures, préconisent les experts. Selon leurs estimations, environ un millier de personnes meurent chaque année sur les routes actuellement limitées à 90 km/h, hors agglomération.
"S'il y a une seule mesure à prendre pour gagner des centaines et des milliers de vies, c'est celle-là", a déclaré à l'AFP Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière. "Nous espérons qu'en Assemblée plénière" le 29 novembre le ministre de l'Intérieur Manuel Valls "favorisera cette décision." "Le vrai courage, ce serait une baisse de 10 km/h sur l'ensemble du réseau", a-t-elle ajouté.
"Je reste convaincu que c'est en baissant davantage la vitesse sur les routes, et notamment les routes secondaires, que nous aurons une baisse de la mortalité", avait déclaré M. Valls, lors de la dernière séance plénière du CNSR, en juin. "Si demain, il faut des mesures dans ce sens, je n'hésiterai pas à les prendre".
Ethylotests anti-démarrage
Les experts du CNSR proposent également d'éliminer les obstacles au bord des routes (arbres, murs, poteaux ou fossés), impliqués dans 1.370 décès en 2012, ou au moins de les isoler, par exemple via des glissières de protection. Une telle mesure, si elle était mise en oeuvre en priorité sur les routes secondaires supportant le plus gros trafic, permettrait selon eux de sauver "entre 120 et 270 vies". Ils recommandent pour la financer d'utiliser les recettes du CSA.
Il suggèrent par ailleurs de lutter contre l'alcool au volant, notamment en réfléchissant à la mise en place d'éthylotests anti-démarrage (EAD) dans certains cas. Les EAD pourraient ainsi être proposés aux jeunes conducteurs, contre une réduction de leur prime d'assurance, mais aussi comme alternative aux sanctions pénales traditionnelles chez les personnes contrôlées avec plus 0,8 g/l et chez les multi-récidivistes. "Toutes les mesures qui vont concerner l'EAD sont de bonnes mesures", selon Mme Perrichon.
En 2012, 839 accidents mortels se sont produits alors qu'au moins un des conducteurs présentait un taux d'alcool supérieur au taux légal, rappellent les experts.
La réunion plénière se tiendra le 29 novembre
Ces propositions doivent donner une orientation aux 51 membres du CNSR avant leur prochaine séance plénière le 29 novembre. Mais d'autres thèmes, comme les troubles de l'attention, les boîtes noires ou la baisse du seuil réglementaire de l'alcoolémie devraient aussi être évoqués à cette occasion.